L'Illustration, No. 0051, 17 Février 1844

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L'Illustration, No. 0051, 17 Février 1844 N 51. Vol. II.--SAMEDI 17 FVRIER 1844. Bureaux, rue de Seine,...
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L'Illustration, No. 0051, 17 Février 1844

N 51. Vol. II.--SAMEDI 17 FVRIER 1844. Bureaux, rue de Seine, 33. Ab. pour Paris.--3 mois. 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr, 75. Ab. pour les Dp.--3 mois, 9 fr.--6 mois. 17 fr.--Un an, 32 fr. pour l'tranger. -- 10 -- 20 -- 40 Sommaire. Bernadotte, 1764-1844. Notice biographique. Portraits de Bernadotte et du prince Oscar.--Histoire de la Semaine.--Courrier de Paris. Costumes, types et scnes de carnaval, sept dessins par Gavarni.--Fragments d'un voyage en Afrique. (Suite.)--Chronique musicale.--Thtre de la Porte-Saint-Martin. Les Mystres de Paris. Portrait de M. Eugne Sue; costumes de Fleur-de-Marie, de Rodolphe, de Rigolette, du Matre-d'cole, du Chourineur et de Ferrand Frdric Lematre; la rue des pres; la Maison Pipelet; le Pont d'Azatres; la Patte-d'Oie.--Acadmie des Sciences. Compte rendu des second et troisime trimestre de 1843. (Fin.)--Don Graviel l'alfrez. Fantaisie maritime par M. G. de la Landelle. Une Gravure.--De la Chasse et du Braconnage. Cinq Gravures.--Annonces.--Modes. Costumes de Cour.--Caricature. La Fabrique Cornet.--Correspondance.--checs. Solution du problme N 7.--Trois Rbus. Bernadotte, 1764-1844. NOTICE BIOGRAPHIQUE. Bernadotte (Charles-Jean), aujourd'hui roi de Sude et de Norwge sous le nom de Charles XIV, naquit Pau dans le Barn, le 26 janvier 1764, d'une famille honorable de la bourgeoisie de cette ville. Son pre exerait la profession d'avocat. A peine g du dix-sept ans, se sentant peu de got pour le barreau, bless d'ailleurs des prfrences marques que ses parents tmoignaient son frre an, il s'engagea volontairement en qualit de soldat dans le rgiment Royal-Marine, et il se rendit l'instant mme Marseille, o il s'embarqua pour la Corse. Bernadotte, roi de Sude et de Norwge. Quand la Rvolution franaise clata, Bernadotte n'tait encore que sergent-major. Le 7 fvrier 1790, il obtint le grade d'adjudant. Son rgiment se trouvait alors Marseille, o le contre-coup des grands vnements de Paris commenait se faire sentir. Un jour le peuple se rvolta au nom de la libert; le colonel de Royal-Marine veut rprimer l'insurrection par la force. Repouss avec perte, il va payer de sa vie son imprudente audace, quand deux jeunes gens, s'lanant devant lui, lui font un rempart de leur corps et calment la foule exaspre. Ces deux jeunes gens taient Bernadotte et Barbaroux. Ils s'embrassrent avec effusion sur le perron mme de l'Htel-de-Ville, en se jurant une amiti ternelle; mais ils ne devaient plus se revoir. Bernadotte, comme Barbaroux, avait embrass avec ardeur la cause de la Rvolution. En 1792, il tait colonel; il servit l'arme du Rhin sous le gnral Custine et sous Klber, et il s'y fit remarquer par sa faconde, sa bravoure et ses talents militaires. D'abord il refusa l'avancement qu'on lui offrit, mais, aprs la bataille de Fleurus (26 mai 1792), au gain de laquelle il avait puissamment contribu, Klber le fora d'accepter sur le champ de bataille le grade de gnral de brigade. Nomm peu de temps aprs gnral de division, il prit une part active et importante aux campagnes de 1795, 1796 et 1797, sur les bords du Rhin. Ses soldats paraissaient-ils hsiter, il les lectrisait tout la fois par sa parole et par ses actions. Un jour il jeta ses paulettes dans les rangs ennemis: Allons les reprendre! s'cria-t-il: et tous ceux qui l'avaient vu ou qui l'avaient entendu s'lancrent sur ses pas la victoire. Il se distingua surtout au passage du Rhin Neuwied (18 avril 1797). A la fin de cette campagne, le Directoire lui crivait: La Rpublique est accoutume voir triompher ceux de ses dfenseurs qui vous obissent. Peu de temps aprs la bataille de Neuwied, Bernadotte fut charg de conduire l'arme d'Italie 20,000 hommes de l'arme de Sambre et Meuse; c'tait la premire fois qu'il se trouvait face face avec Bonaparte. Ds qu'ils s'aperurent, ils prouvrent l'un pour l'autre une secrte antipathie. Je viens de voir, dit Bernadotte en rentrant son quartier gnral, un homme de vingt-six vingt-sept ans qui veut avoir l'air d'en avoir cinquante, et cela ne me prsage rien de bon pour la Rpublique. A en croire certains biographes, Bonaparte dit de lui que c'tait une tte franaise sur le cur d'un humain. Les messieurs de l'arme d'Allemagne ne fraternisrent pas d'abord avec les sans-culottes de l'arme d'Italie; mais quand il s'agit de battre l'ennemi, toutes ces haines, toutes ces rivalits disparurent dans des sentiments communs, l'amour de la gloire et la haine de l'tranger. Pendant la mmorable campagne qui amena la paix de Campo-Formio, Bernadotte se signala surtout au passage du Tagliamento et la prise de la forteresse de Gradisca. Charg de prsenter au Directoire les drapeaux pris sur l'ennemi, il arriva Paris quelques jours avant le coup d'tat du 18 fructidor. Il tait porteur d'une lettre du gnral en chef de l'arme d'Italie; cette lettre se terminait ainsi: Vous voyez dans le gnral Bernadotte un des amis les plus solides de la Rpublique, incapable par principes comme par caractre de capituler avec les ennemis de la libert, pas plus qu'avec l'honneur. Seul de tous les gnraux des armes rpublicaines prsents Paris, Bernadotte avait refus de jouer un rle dans la rvolution du 18 fructidor. Laissant faire Augereau, il alla rejoindre Bonaparte en Italie; A peine arrivait-il l'anne, Bonaparte la quittait. Instruit des dispositions malveillantes du Directoire son gard, le gnral en chef venait de signer le trait de pais de Campo-Formio, et il retournait Paris. Leur inimiti mutuelle n'avait fait que s'accrotre. En partant de Milan, Bonaparte, non content d'enlever Bernadotte la moiti des troupes qu'il commandait, lui enjoignit de rentrer en France avec le reste. Mais le Directoire, heureux de cette rivalit naissante, s'empressa de nommer le gnral disgraci commandant en chef de l'arme d'Italie la place de Berthier, qui exerait cette fonction par intrim. Il se rendait il son poste quand, son grand tonnement, il reut un nouvel arrt qui le nommait ambassadeur Vienne. Bernadotte n'tait alors rien moins que diplomate. Ds qu'il fut install Vienne, il se dclara l'ennemi du ministre Thugut, et il engagea avec lui une lutte dans laquelle il eut le dessous. Il avait choisi, pour arborer les couleurs nationales, le jour o les Viennois clbraient l'armement des volontaires qui s'taient levs contre la France. Ameute par Thugut, la populace abattit et dchira le drapeau tricolore; l'ambassadeur exigea vainement une rparation. Le Directoire le dsavoua et le rappela Paris. On a dit, mais nous ne pouvons rien affirmer, que Bonaparte l'avait fait nommer ambassadeur Vienne dans le but de l'loigner de l'Italie et dans l'esprance qu'il romprait forcment, par quelque dmarche imprudente, une paix trop longue pour l'ambition du futur empereur des Franais. Oscar, prince royal de Sude. Tandis que l'expdition d'gypte se prparait, Bernadotte, de retour Paris, y pousa la belle-sur de Joseph, mademoiselle Dsire Clary, fille d'un ngociant de Marseille. Singulire destine que celle de cette jeune fille, ne pour tre impratrice ou reine! Quelques annes auparavant, Bonaparte, alors gnral d'artillerie en demi-solde, et sans emploi, l'avait demande son pre. Bien que sa passion ft partage, il essuya un refus, Il y a bien assez d'un Bonaparte dans la famille, lui rpondit M. Clary. Peut-tre si, lorsqu'elle pousa le gnral Bernadotte, mademoiselle Clary et su qu'elle devait tre un jour reine de Sude et de Norwge, eut-elle hsit contracter cette union; car, si nous en croyons certaines indiscrtions, elle aimerait mieux tre simple bourgeoise Paris que la femme ou la mre d'un roi Stockholm. La paix de Campo-Formio ne pouvait tre qu'une trve de courte dure; la guerre ne tarda pas se rallumer. Aprs l'assassinat des ministres franais Rastadt, Bernadotte fut nomm, par le Directoire commandant en chef du corps d'observation qui s'tendait de Bale Dusseldorf. Aucun engagement srieux n'eut lieu cette poque sur cette longue ligne, o ses talents devenaient par consquent inutiles. Aussi, quand la rvolution du 30 prairial an VII (18 juin 1799) eut remplac les directeurs Treilhard, Larveillre-Lpaux et Merlin, par Gohier, Roger-Ducos et Moulins, le nouveau Directoire le nomma ministre de la guerre. Malheureusement il n'exera pas longtemps ces fonctions, dont il s'tait acquitt avec autant de bonheur que de zle. Au bout de deux mois et demi, une intrigue le renversa. Sieys, qui n'aimait plus les rpublicains et qui ne pouvait lui faire adopter ses projets de constitution, l'amena, dans une conversation, exprimer le dsir de reprendre du service actif, ds que sa mission rorganisatrice serait remplie. Le lendemain mme, l'arrt suivant, pris en secret par trois directeurs, fut remis Bernadotte: La dmission donne par le citoyen gnral Bernadotte de ses fonctions de ministre de la guerre est accepte.--Je reois l'instant, citoyens directeurs, rpondit Bernadotte, votre arrt d'hier, par lequel vous acceptez, une dmission que je n'ai pas donne... Et il terminait sa lettre en demandant son traitement de rforme: J'en ai, disait-il, autant besoin que de repos. Un mois aprs la dmission de Bernadotte, la rvolution du 18 brumaire tait accomplie. Un moment, Bernadotte avait manifest l'intention de dfendre la constitution de l'an III; mais pendant qu'il haranguait quelques rpublicains, Bonaparte agissait et se nommait premier consul. D'abord Bernadotte accepta la place de conseiller d'tat, et se chargea de pacifier l'Ouest, et d'empcher les Anglais de dbarquer Quiberon; mais il n'tait pas franchement ralli au nouveau pouvoir. Des documents importants que j'ai eus sous les yeux, dit l'homme de rien1, et qui seront un jour publis dans un beau livre, me permettent d'affirmer positivement que non-seulement Bernadotte a conspir pour le renversement du premier consul, mais encore qu'il s'est efforc plusieurs reprises et vainement de pousser une rsolution Moreau, toujours indcis, toujours faible, toujours mcontent, et par consquent toujours compromis. Une fouis mme, un bal chez Moreau, la suite d'une longue conversation inutile, il s'cria; Vous n'osez prendre la cause de la libert, eh bien! Bonaparte se jouera de la libert et de vous; elle prira malgr nos efforts, et vous serez envelopp dans sa ruine sans avoir combattu. Bernadotte tait bon prophte; quelques mois aprs, Moreau partait pour l'exil; Bernadotte se tirait d'affaires, il devenait marchal, prince sudois, et, onze ans plus tard, tous deux se retrouvaient, sous la mme bannire, aux confrences de Trachenberg. Note 1: (retour) Galerie des Contemporains illustres, par un Homme de Rien, Tome III. Napolon empereur avait pardonn Bernadotte ses conspirations contre le premier consul. En 1804, il le nomma marchal de l'Empire; mais, dsirant l'loigner de la France, il lui confia, en remplacement du marchal Mortier, le commandement en chef de l'arme de Hanovre. La vie militaire de Bernadotte, sous l'Empire, est si connue, et cette notice doit se renfermer dans des bornes tellement troites, que nous nous contenterons de rappeler quelques dates. S'tant runi, en 1805, aux Bavarois contre l'Autriche, Bernadotte fut cr prince de Ponte-Corvo aprs la bataille d'Austerlitz, dans laquelle il avait eu le bonheur d'enfoncer le centre de l'arme ennemie. Le 9 octobre de la mme anne, il dfit, Schleitz, un corps de 10,000 Prussiens; le lendemain, il triomphait avec Lannes au combat de Saafeld, o prit le prince Louis de Prusse.--La Biographie des Contemporains l'accuse d'avoir lchement abandonne Davoust, pendant que Napolon battait Hohenlohe Ina. Il rpara, ajoute l'auteur de l'article, sa honteuse conduite Hall, dont il s'empara. Parvenu ensuite jusqu' Lubeck, il prit cette ville d'assaut, importante victoire suivie de la capitulation de Magdebourg. De Lubeck il se dirigea vers la Vistule, pntra en Pologne, sauva, prs de Thorn, par une combinaison hardie, le quartier gnral de l'Empereur et la division du marchal Ney, remporta une nouvelle victoire Braumberg, et reut une blessure grave la tte en repoussant deux colonnes russes Spandau. A la paix de Tilsitt, Napolon confia au prince de Ponte-Corvo le gouvernement des villes hansatiques. Cette poque de sa vie, a dit un de ses biographes, est la plus honorable, celle, dont l'clat s'effacera jamais: une sage administration propre rparer les maux de la guerre, sa modration, son humanit sa justice, l'intgrit la plus pure, inspirrent aux peuples qui taient sous son commandement, et surtout aus habitants de Hambourg, la plus haute estime pour le gnral franais, et lui valurent bientt la confiance la plus illimite et le prix le plus flatteur dont les hommes puissent honorer leurs semblables. Bernadotte se disposait envahir la Sude pour rduire la raison le fou couronn qui, seul, au milieu de le paix gnrale, voulait soutenir la guerre contre la France, lorsque les Sudois dposrent enfin Gustave IV, et lurent sa place son oncle le duc de Sudermame, sons le nom de Charles XIII (10 mai 1809) A cette nouvelle, le prince de Ponte-Corvo suspendit les hostilits; Napolon le blma, mais la Sude garda un profond souvenir de sa modration. Sa conduite antrieure envers un corps dtach de l'arme sudoise, fait prisonnier le 6 novembre 1806, avait dj depuis longtemps rendu son nom populaire dans ce pays, dont il devait bientt devenir le souverain. Le 17 mai 1809, Bernadotte battait les Autrichiens au pont de Linz; le 6 juillet, il commandait l'aile gauche de l'arme franaise la bataille de Wagram. A en croire ses pangyristes, sa conduite fut irrprochable; selon Napolon, il fit lit que des fautes. Incomptents pour nous prononcer sur une pareille question, nous n'osons ni le condamner ni l'absoudre; mais nous le blmerons de s'tre permis, aprs la victoire, contre tous les usages reus, d'adresser une proclamation particulire au corps d'arme qu'il commandait, et d'avoir, en outre, dans cette inconvenante proclamation, altr l'vidence des faits par ces paroles: Vos colonnes vivantes sont restes immobiles comme l'airain; car les troupes saxonnes s'taient laiss enfoncer sous ses ordres. A dater de ce moment, l'inimiti secrte qui avait loign Napolon de Bernadotte clata ouvertement. Le prince de Ponte-Corvo revint Paris, et le conseil du gouvernement l'envoya Anvers pour contenir et repousser les Anglais dbarqus Walcheren; mais Napolon lui retira bientt ce nouveau commandement, et l'exila dans sa principaut. Malgr cet ordre, Bernadotte vivait Paris au milieu de sa famille, lorsque deux officiers sudois vinrent lui annoncer que la nation sudoise, par la voix de ses reprsentants, runis en dite solennelle Orebro, le 18 aot 1810, l'appelait la succession du roi rgnant Charles XIII. Le prince de Ponte-Corvo s'empressa d'accepter avec joie et avec reconnaissance la couronne qu'on lui offrait, et qui lui tait d'autant plus prcieuse qu'il ne la devait qu' ses talents et ses vertus. Seulement, avant de prendre un parti dcisif, il voulut obtenir l'autorisation de l'Empereur. lu du peuple, lui rpondit Napolon, je ne puis m'opposer au choix des autres peuples. Malgr cette rponse, l'Empereur retardait l'envoi des lettres d'mancipation. Une dernire entrevue eut lieu entre les deux ennemis.--La discussion fut orageuse. Eh bien! allez donc, s'cria enfin Napolon; que nos destines s'accomplissent! En indemnit de la principaut de Ponte-Corvo et de ses dotations en Pologne, Bernadotte reut la promesse du paiement de trois millions du francs; mais il ne toucha rellement que le tiers de cette somme. Leurs destines s'accomplirent en effet. Napolon mourut Sainte-Hlne, et l'Empereur exil dictait ses Mmoires son fidle ami le comte de Las Cases, il s'exprimait en ces termes en parlant du roi de Sude: Bernadotte a t le serpent nourri dans notre sein. A peine il nous avait quitts, qu'il tait dans le systme de nos ennemis, et que nous avions le surveiller et le craindre. Plus lard, il a t une des grandes causes actives de nos malheurs, celui qui a donn nos ennemis la clef de notre politique, la tactique de nos armes; celui qui leur a montr le chemin du sol sacr. Vainement dirait-il pour excuse qu'en acceptant le trne de Sude, il n'a plus d tre que Sudois; excuse banale, bonne tout au plus pour le vulgaire des ambitieux. Pour prendre femme on ne renonce pas sa mre, encore moins est-on tenu lui percer le sein et lui dchirer les entrailles. On dit qu'il s'en est repenti plus lard, c'est--dire quand il n'tait plus temps et que le mal tait accompli. Le fait est qu'en se retrouvant au milieu de nous il s'est aperu que l'opinion en faisait justice; il s'est senti frapp de mort. Alors ses yeux se sont dessills; car on ne sait pas, dans son aveuglement, quels rves n'auront pas pu le porter sa prsomption et sa vanit... Et un Franais a eu en ses mains les destines du monde! s'il avait eu le jugement et l'me la hauteur de sa situation, s'il et t bon Sudois, ainsi qu'il l'a prtendu, il pouvait rtablir le lustre et la puissance de sa nouvelle patrie, reprendre la Finlande, tre sur Saint-Ptersbourg avant que j'eusse atteint Moscou. Mais il a cd des ressentiments personnels, une sotte vanit, de toutes petites passions; la tte lui a tourn, A lui ancien jacobin, de se voir recherch, encens par les lgitimes, de se trouver face face, en confrence politique et d'amiti avec un empereur de toutes les Russies, qui ne lui pargnait aucune cajolerie. On assure qu'il lui fut encore insinu alors qu'il pouvait prtendre une de ses surs en divorant d'avec sa femme; et d'un autre ct, un prince franais lui crivait qu'il se plaisait remarquer que le Barn tait le berceau de leurs deux maisons! Bernadotte! sa maison!... Dans son enivrement, il sacrifie sa nouvelle patrie et l'ancienne, sa propre gloire, sa vritable puissance, la cause des peuples, le sort du monde. C'est une faute qu'il paiera chrement. A peine il avait russi dans ce qu'on attendait de lui, qu'il a pu commencer le sentir. Il s'est mme repenti, dit-on, mais il n'a pas encore expi. Il est dsormais le seul parvenu occupant un trne. Le scandale ne doit pas rester impuni, il serait d'un exemple trop dangereux. A ces terribles accusations, qu'ont rpondu les pangyristes de Bernadotte? Que Napolon s'tait montr injuste et dur envers la Sude, et que le prince royal avait d venger les injures de sa nouvelle patrie. Mais les mauvais procds de M. Alquier, l'ambassadeur de France, les exigences blmables de Napolon, et l'imprudente occupation de la Pomranie par les troupes franaises, ne nous semblent pas, quant nous, des justifications suffisantes. En homme politique et en saine morale, Bernadotte fut coupable. Dans l'intrt bien entendu de la Sude, il ne devait pas s'allier avec la Russie; celui de son honneur exigeait qu'il ne portt jamais les armes contre cette France sur laquelle il crivit ou il dbita toujours de si belles phrases. Et qu'on ne l'oublie pas, ce fui lui, l'ex-gnral rpublicain, qui, ligu avec les allis, nous empcha de prendre Berlin, qui nous fit perdre la bataille de Leipzig, et qui se montra, aux confrences de Trachenberg, l'ennemi le plus dangereux de la France, Il avait poursuivi jusqu'au Rhin ses anciens compagnons d'armes... Un moment il s'arrta sur les bords de ce fleuve, o il retrouvait de si glorieux souvenirs. Enfin il le franchit, et, en 1814, aprs l'abdication de Napolon, il vint Paris avec les souverains allis. L'accueil qu'il y reut le dtermina regagner promptement sa nouvelle patrie. Ses futurs sujets l'accueillirent avec les plus vifs transports de joie, et le portrent en triomphe son palais.--De ces deux rceptions si diffrentes, laquelle fut-il le plus sensible? Soyons juste envers Bernadotte. La dtermination dont nous venons de rsumer les consquences cota cher au cur de Charles-Jean, dit l'ancien instituteur du prince Oscar dans l'Abrg de l'histoire de Sude qu'il vient de publier; nous en avons t tmoin et nous ne pouvons le taire; quels vifs regrets il prouva en prenant les armes contre son ancienne pairie! Que de combats se livrrent dans son me entre ses premires affections et ses devoirs rcents! on le sait, et l'histoire doit le dire, ces combats agissant sur son physique, lui causrent une maladie dangereuse; pendant laquelle on l'entendit implorer la mort et refuser les remdes qui lui taient prsents! Que de mnagements, que de prires mme n'employa-t-il pas pour prvenir cette lutte terrible! Une dtermination honorable est-elle donc si pnible prendre? Lorsque le prince royal apprit la nouvelle du dbarquement de Napolon Cannes, il dit son fils, en prsence de son instituteur: Vois, Oscar, ce que c'est que la gloire militaire! aussi, depuis Csar, c'est le plus grand homme qui ait paru sur la terre!... Du reste, pendant les Cent-Jours, Bernadotte, occup runir solidement la Norwge la Sude, jusqu'alors spares, refusa de se mler en rien des affaires intrieures de la France. Faire la guerre une nation contre laquelle nous n'avons maintenant aucuns griefs, crivait, au reprsentant de la Sude au congrs de Vienne, le comte de Lowenhelm, ne serait-ce pas s'interdire les avantages d'un systme que nous prescrivent la fois notre position gographique, nos relations commerciales et notre organisation politique? Il ne s'agit que de replacer les choses dans leur tat primitif, en partant du trait de Paris, qui a termin la guerre entre la France et la Sude, et mis fin la coalition. Le 5 fvrier 1818 mourut le roi Charles XIII, et Bernadotte fut proclam sans opposition roi de Sude et de Norwge, sous le nom de Charles XIV Jean. Il signa devant le conseil d'tat l'acte d'assurance et de garantie exig par la constitution; puis il se fit couronner roi le 11 mai Stockholm et le 7 septembre Drontheim. Au sacre clbr Stockholm, dit M. Lemoine, on eut lieu de remarquer une particularit ingnieuse et touchante. A chacun des degrs qui conduisaient un trne fort lev o le nouveau souverain devait recevoir l'hommage et le serment des tats et des fonctionnaires publics, on lisait sur des cussons les noms de ses principales victoires, et ces noms semblaient indiquer que c'taient l les titres de sa grandeur et comme les degrs qui l'avaient conduit au trne. Malgr l'origine populaire de son autorit, tous les souverains de droit divin s'empressrent de lui adresser leurs compliments de flicitations sur son avnement au trne. Le rgne de Charles XIV, a dit un de ses biographes, comptera dans les annales de la Sude parmi les plus heureux: sauf des difficults toujours renaissantes avec les Norwgiens, peuple rude, ombrageux, pourvu d'une constitution distincte de celle de la Sude, et dont l'assemble nationale (Storthing) se met souvent en opposition avec les ides et les plans de Charles XIV, nul orage n'est venu troubler les jours du Barnais-Sudois, qui est peut-tre en ce moment le plus populaire des rois de l'Europe, dont il est le doyen d'ge. Sur ce trne, gagn au grand jeu des destines, il a dvelopp des qualits qu'on n'et pas attendues d'un soldat. La Sude a vu sous ses auspices l'agriculture, mise en oubli, natre, prosprer et fleurir, le commerce tir d'une langueur mortelle, le crdit public restaur, l'industrie expirante rendue la vie et encourage; de nombreux travaux d'utilit publique ont t excuts sur plusieurs points du royaume; une large route, creuse travers les Alpes scandinaves, est venue lier physiquement la Sude et la Norwge; et l'immense canal de Gothie, qui unit la mer Baltique la mer du Nord, gigantesque entreprise aujourd'hui accomplie, restera comme un monument imprissable des grandes penses de Charles XIV. Malheureusement, sous le point de vue intellectuel et politique, le progrs est moindre... Ajoutons toutefois que Charles XIV, bien qu'imbu au fond en matire de gouvernement des principes de l'cole impriale, n'est pas l'homme le moins libral de son royaume. Il lui est arriv quelquefois de prendre lui-mme l'initiative d'innovations gnreuses. A ses gots de harangueur, qui datent de l'an II, Charles XIV joint aussi, depuis qu'il est roi, un got assez prononc pour la petite guerre de journaux; ne pouvant plus se servir de son pe, il se bat avec sa plume contre les journalistes de l'opposition... L'opposition, fort nombreuse d'ailleurs, est devenue plus vive d'anne en anne. On reproche surtout Bernadotte d'aimer passionnment le pouvoir absolu, et de se conformer avec une stricte exactitude aux plus absurdes coutumes de l'tiquette. L'hritier prsomptif, le prince Oscar, est, selon l'usage, le chef de l'opposition. On raconte ce sujet une curieuse anecdote: il y a deux annes, Charles XIV, trouvant que son fils jouait trop bien son rle, et n'osant pas l'en blmer ouvertement, recommanda tous les ministres du royaume de prcher sur le commandement de Dieu relatif au respect que les enfants doivent leurs parents. Bernadotte et mademoiselle Dsire Clary n'ont eu qu'un fils, Joseph-Franois Oscar, actuellement prince royal et duc de Sudermame. Il est n Paris, le 1 juillet 1799; il a reu une ducation soigne et parat donc d'videntes qualits; il s'est surtout occup de la rforme pnitentiaire, et il a mme publi un ouvrage remarquable qui a t traduit en franais sous ce litre: Des Peines et des Prisons. Mari le 19 juillet 1823 la fille ane d'Eugne de Beauharnais, il en a eu cinq enfants, quatre princes et une princesse, dont l'an, le duc de Seame, est n le 3 mai 1826. Benjamin Constant avait trac le portrait suivant de Bernadotte: Quelque chose de chevaleresque dans la figure, de noble dans les manires, de trs-fin dans l'esprit, de dclamatoire dans la conversation, en font un homme remarquable, courageux dans les combats, hardi dans les propos, timide dans les actions qui ne sont pas militaires, irrsolu dans ses projets.... Charles XIV a t frapp, le 20 janvier dernier, d'une attaque d'apoplexie; il entrait ce jour-l dans sa quatre-vingtime anne. Les dernires nouvelles de Stockholm annoncent que les mdecins conservent peu d'espoir de le sauver. Histoire de la Semaine. Les sances publiques de la Chambre des Dputs; ont t remplies cette semaine par la discussion fort laborieuse du projet de loi sur la chasse. La plaie du braconnage, ses fcheux effets pour l'agriculture, ses dangers pour la socit tout entire, qu'effraient et qu'affligent trop souvent les crimes nombreux que commettent contre les personnes les hommes qui se livrent habituellement cette nature de dlits, ont t bien haut et plusieurs reprises signals par les conseils gnraux. En prsence de rclamations aussi instantes et aussi fondes, une loi et une pnalit nouvelle sont devenues indispensables. La projet nouveau a-t-il t assez tudi? Ne s'y est-on pas trop peu occup du braconnage, et trop proccup du droit de proprit, qui n'tait nullement menac et ne rclamait peut-tre pas de garanties nouvelles? C'est ce que la Chambre des Dputs a paru croire, en coutant avec faveur dans la discussion gnrale des critiques prononces par des orateurs du centre comme des extrmits, et en ne passant la discussion des articles que pour admettre des amendements qui modifient essentiellement le projet primitif. Si cette discussion aboutit en dfinitive, ce dont nous doutons, un projet nouveau lui aura donc t en quelque sorte substitu l'autre. Il renfermera des dispositions meilleures sans doute, mais bien probablement il manquera d'ensemble et sera une preuve nouvelle qu'il ne faut pas laisser la Chambre le soin d'improviser une loi. La proposition sur les incompatibilits a t dpose samedi dernier par M. de Rmusat. Lundi les bureaux se sont runis pour prononcer sur la question de savoir si la lecture publique en serait ou non autorise. Trois bureaux ayant vot pour qu'il en ft donn connaissance la Chambre, la lecture, aux termes du rglement, en a t faite mardi par l'honorable dput de la Haute Garonne, et, sur sa demande, la discussion pour la prise en considration a t fixe au mercredi 21. Les statisticiens de la Chambre calculent que dans le vote des bureaux 175 voix se sont montres favorables la proposition et que 200 lui ont t contraires. Nous ne savons si le dbat public modifiera ces chiffres, qui n'ont donn au ministre qu'une majorit plus faible encore que dans le vote sur l'ensemble de l'adresse; mais ce qui parat bien probable c'est que la discussion sera vive et la lutte chaudement engage. Ce qui s'est pass dans les bureaux ne le fait que trop pressentir. Si l'on doit dplorer l'tat d'animation auquel, dans cette circonstance, sont ar ......Buy Now (To Read More)

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