L'Illustration, No. 3670, 28 Juin 1913

L'Illustration, No. 3670, 28 Juin 1913

L'Illustration, No. 3670, 28 Juin 1913Ce numro contient: 1 Une double page hors texte en couleurs; 2...
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L'Illustration, No. 3670, 28 Juin 1913

Ce numro contient: 1 Une double page hors texte en couleurs; 2 LA PETITE ILLUSTRATION, Srie-Roman n 7: Un roman de thtre, de M. Michel Provins; 3 Un Supplment conomique et financier de deux pages. M. Pichon. Prince de Galles. M. Poincar.LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE EN ANGLETERRE M. Raymond Poincar, reu au dbarcadre de Portsmouth par le prince de Galles, passe en revue la garde d'honneur. COURRIER DE PARIS RETOUR Revenir. La plus mlancolique des douceurs s'allonge et s'tire en ce mot, et l'acte dtermin qu'il exprime est plein d'une joie alanguie. On revient,... voil tout. On revient l o on est dj si souvent et depuis si longtemps venu, en tant sr, absolument sr que l'on reviendrait! On refait, une fois de plus, aprs tant de fois, la mme route qui semble la seule! On recommence une mme motion sans secousse, aussi ancienne que rcente, toujours pareille,... et toujours diverse! On ajoute , beaucoup de pass d'hier un peu de pass de demain, on augmente et on enrichit, avec une dlicate avarice, le trsor longuement amass de sa reconnaissance. ** * Qu'ils sont rares cependant les lieux o l'on peut revenir!... qui supportent bien le retour, qui ne le tuent pas! C'est vite fait de les numrer, et sans avoir besoin de compter sur ses doigts, car on n'en trouve jamais dix! Il y a celui de la, naissance, et celui du tombeau familial, et ces deux-l bien souvent n'en font qu'un. Il y a les lieux o s'est avance notre enfance et que nous avons toujours un goste plaisir rechercher parce que nous nous imaginons, en nous rapprochant d'eux, reconqurir l'ge que nous avions, quand ils nous encadraient, et rentrer ainsi, sous leurs auspices, par leur porte basse, au royaume de la jeunesse. Et il y a les lieux que nous avons habits en aimant, qui raniment, si nous les voquons, des dlices et des souffrances auxquelles nous nous plaisons croire qu'ils ont particip... Ces terrains d'un jour, ces dcors d'un rapide soir et d'une minute ternelle, d'un baiser qui dure encore, ces charmants endroits rservs de notre bonheur nous tentent parfois, longtemps aprs, de loin... ou du moins nous le supposons, nous leur prtons tous nos regrets et le rveil de nos propres dsirs, nous nous figurons, parce que nous leur faisons des signes, que c'est eux qui nous redemandent... Et bientt, nous ne pouvons plus rsister, nous partons pour aller en hte au nouveau rendez-vous qu'ils ne nous donnent pas et nous volons vers la chambre vide ou le paysage aujourd'hui dsert, qui furent les tmoins d'un de nos instants les plus prcieux,--avec l'illusion d'y trouver l'ombre de la personne, de l'tre ador dont la prsence en a fait pendant quelques paroles ou pendant un silence, et pour toute la vie, un coin de prdilection, un enclos de flicits. Presque toujours nous n'y rencontrons plus les tendres fantmes du pass. Spectres volages, ils ne retournent pas aux endroits d'o ils se sont enfuis, et ce n'est qu'en nous qu'ils rapparaissent quelquefois, revenants du coeur. Il est donc presque inutile, si l'on n'a pas le got perfectionn de la souffrance, de se diriger sur le tard vers les lieux o l'on a aim. Ce sont l de spciaux et dangereux plerinages qui n'attirent que les impnitents de la douleur. ** * Mais il est un retour, tranquille et rassurant, que l'on peut chaque t, pendant un grand nombre d'annes, qui ne finira qu'avec nous-mmes, s'accorder sans angoisse, c'est le retour la maison, celle qui s'lve assez haut, pour qu'on l'aperoive au bon moment avant d'y parvenir... et qui est btie la campagne, loin des toits souills de la ville. Je suis, depuis la longue dure d'une semaine, dans une de ces maisons-l, comme il y en a tant de charmantes et de rpandues sur la terre. J'y suis revenu, calme et confiant, sachant bien ce que j'avais quitt, ce que je retrouverais. Tout s'est pass trs simplement, de la mme faon qu'aux prcdents retours. La grande porte s'est ouverte avec la mme lourde peine, avec le mme gmissement rauque et rustique de ses gonds, et la cour m'est apparue... la cour abrite o se concentre et s'enferme la vie, la vie pensive de chaque jour et de chaque instant, la cour aux vieilles murailles osseuses et rides, toutes crpies d'histoire, au sol sabl de rouge, comme du sang en poudre, la cour o l'on s'assoit sur deux bancs toujours brlants, en marbre de Vrone, pour regarder se balancer et tomber soudain, sans qu'on y touche, avec un petit craquement de soie, les touffes de roses... Les chiens taient l, qui sentaient le matre du fond de l'curie. On les a lchs, et ils sont venus me renverser de leur assaut. A chacun de leurs bonds j'ai senti sur mon visage la fureur animale et chaude de leur langue... Et puis, d'un seul coup, cette joie sauvage est tombe, ils m'ont laiss avec, moi-mme, indiffrents, et sont partis haleter ailleurs, aboyer un bruit de route... J'tais revenu, c'tait fini... ils m'avaient assez lch. Alors, sans m'attarder, j'ai franchi le seuil, j'ai reu la caresse frache et sombre de l'escalier, j'ai mont lentement, pour faire durer le plaisir, les marches de pierre nue, sans tapis, o c'est avec de la fiert que le pied s'applique, je me suis gliss dans ma chambre o, depuis un an que j'en suis sorti, personne n'a respir, j'ai pass sous le regard oblique et sournois des portraits, et la lame immobile des pes pendues est rentre en moi comme dans son fourreau. J'ai tir le verrou du vitrail, j'ai ouvert le battant qui, du bas, collait un peu... Un mille-pattes s'est enfui dans la rainure... Et j'ai regard... J'ai regard de tout mon dsir l'immensit circulaire du beau paysage de France qui m'enchante toujours. En un coup d'oeil dchan, plus rapide qu'un cri, qu'un lan du coeur, qu'un voeu fait au vol d'une toile, j'ai tout vu, tout revu, tout pris, tout rafl... en mme temps que, de leur ct, les vallons, les prs, les collines, la Dordogne et son cortge de rivires, les bois et les rochers, toutes les molles tendues, les montagnes bleues, les graves lointains, se jetaient ensemble, se ruaient sur moi pour m'treindre et m'touffer. Mais, ainsi que tout l'heure pour les chiens aux flancs battant d'amour, ce ne fut, pour le paysage, qu'une ardeur fugitive, la verte bouffe d'une seconde, et qui s'teignit, qui disparut comme emmene par le vent. Aprs avoir sembl m'assaillir avec une si brusque folie, toutes les choses de la nature, en moins de temps qu'il n'en faut pour que je m'en tonne, avaient repris leur place, et s'taient replies, taient rentres dans l'ordre effrayant et sublime on nous voyons qu'elles demeurent. A prsent elles disaient: Nous sommes toujours l, tu vois? Nous n'avons pas boug. Mais c'tait tout. Elles ne me disaient pas comme je l'aurais voulu et comme je l'avais cru un instant: Te voil! C 'est toi! Nous t'attendions chaque aurore, chaque couchant... Quelle joie de te retrouver! Reste et ne t'en va jamais! Non, tout de moi leur tait gal et je ne leur avais pas manqu. Et, cependant, je sentais que leur impassible froideur faisait leur magnificence et leur supriorit, qu'elles me dominaient de leur inertie et que je m'attachais elles de toute la force de leur dtachement. Pour bien aimer, pour aimer plus, il faut tre celui qui aime, tout seul, sans esprer qu'on vous le rende. Ainsi, avec de l'amour et de la tendresse pour deux, j'ai donc regard l'horizon d'une splendeur sans pareille qui, malgr lui, se dveloppait tout de mme aussi complaisamment que si c'tait pour moi, et j'en profitais comme si je lui tais redevable des volupts que je lui drobais. Regarder l'horizon en interrompant tout, en ne faisant que cela, c'est, en effet, un des plus absorbants, des plus nobles et des plus svres bonheurs qu'il soit donn l'homme d'prouver. C'est une occupation puissante, pleine, orientale, profonde et violemment douce, qui prend tout de suite un air ternel, qui tend l'me, l'largit, la droule, la couche... et puis la lve, la met debout, la lance travers pays et la porte en avant-garde. On sent que l'on fait comme un norme pas vers l'inconnu qui nous connat dj quand nous l'ignorons encore, vers ce qui se trouve embusqu et cach l-bas, derrire ce glacis mauve, derrire ces fumes, au del de ce talus extrme de la terre, et qui devient aussitt pour nous l'avenir. Car il est vritablement trange et significatif que toujours, bande plate de sol, ligne mince et dure de l'ocan, crte insensible et vaporeuse de montagnes trs effaces, l'horizon, n'importe lequel, au lieu de nous faire penser lui, ds qu'il nous possde, nous fait penser nous. Si recul soit-il, c'est nous qu'il vient et qu'il aboutit, en nous qu'il trace son inflexible et gigantesque courbe. Aussi, voil, je le suppose, l'unique raison pour laquelle il nous retient, captifs accouds pendant des heures, c'est qu'en croyant le contempler nous examinons notre vie, notre vie dont il nous tale, sous un aspect philosophique, l'image mme, par la tristesse monotone et suivie de son dessein, ce je ne sais quoi d'accompli, de pass, d'aplani, de fatal qu'il offre nos yeux cette limite insaisissable et pourtant si tranche o il cesse d'tre de la terre pour devenir du ciel, si bien que nous les mlons, en faisant exprs de nous tromper. Nous ne saurions pas dire o l'une finit, o l'autre commence, mais nous savons qu'ils se rejoignent et se confondent, qu'il faut passer par la premire pour atteindre le second, et par l, encore plus que par tout le reste d'une rverie nbuleuse, l'horizon se dmontre image de la vie, de la vie dans le pass, dans le prsent, et surtout dans l'avenir. Quand nos yeux et notre pense vont toucher ces lointains austres et suaves, ces lointains qui sont des mirages, mais des mirages rels, arrivs, dont le secret nous attendrit, nous trouble et nous exaspre, quand nos yeux et notre pense se frottent ces beauts et qu'ils les dvorent, c'est pour deviner l'avenir, pour savoir o va le chemin de notre destine que nous voyons se perdre et se noyer peu peu, nous chapper dans l'loignement... Et tout en regardant les lignes fuyantes de la terre, la cime violette plus de vingt lieues, le clocher qui semble une paille et le fleuve un fil, et les routes si tnues qu'elles paraissent n'aller nulle part, nous ne songeons qu' ceci: O va ma route, moi? O va le sentier de ma vie? Par o monte ma volont? O me conduit mon esprit? O m'entrane mon coeur? O se prcipitent mes dsirs et mes ambitions? Et derrire cet horizon, si je le gagnais, quel est toujours, toujours, toujours, l'autre qui m'attend? Henri Lavedan. (Reproduction et traduction rserves.) L'ARRIVE A LONDRES.--A la gare de Victoria (24 juin): M. Poincar reu par le roi George, sa descente du train venant de Portsmouth. Derrire le Prsident, notre ambassadeur Londres, M. Paul Cambon (descendant de wagon) et notre ministre des Affaires trangres, M. Stephen Pichon.--Phot. Chusseau-Flaviens. LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE EN ANGLETERRE Le prsident de la Rpublique, se rendant Londres, a quitt Paris lundi dernier, onze heures du matin, par la gare Saint-Lazare, pour Cherbourg o il est arriv cinq heures de l'aprs-midi. La grande ville maritime tait en fte lorsqu'un pnible accident vint troubler la joie patriotique de tous. Au fort du Roule, o taient tires les salves en l'honneur du prsident, une explosion de gargousses, atteintes par une toupille enflamme, faisait parmi les artilleurs neuf victimes, dont deux morts. Le ministre de la Marine, M. Raudin, se rendit de suite sur les lieux du sinistre, visita les blesss et commena lui-mme l'enqute. Le lendemain matin, sept heures, le cuirass Courbet, portant M. Raymond Poincar, le ministre des Affaires trangres, M. Stephen Pichon, et leurs suites, quittait la rade avec son escorte de croiseurs et faisait route pour l'Angleterre... Sur l'arrive et sur le sjour du prsident de la Rpublique franaise chez la nation amie nous avons reu les notes suivantes de notre collaborateur Gustave Rabin qui s'tait rendu directement Londres. UN DBUT SENSATIONNEL Londres, 24 juin. L'Empress, le vloce steamer du South Eastern and Chatham Railway, venait peine, hier soir, par un morne crpuscule, de quitter, lourd de foule, les jetes de Boulogne, qu'un tout petit nuage, au ras de l'horizon, vers le nord-est, s'leva dans le ciel de cendres o s'teignaient de mourantes braises. Des yeux errants, dans l'inaction de la trop courte traverse, l'avaient remarqu et ne le quittrent plus: tout est vnement sur la mer calme. Il grandit, s'assombrit, s'parpilla bientt en trois panaches, que le vent chevelait sur les flots gris comme des crinires. Alors, les regards exercs devinrent: trois navires de guerre s'avanaient dans la direction mme de la route que nous suivions. Et, des qu'on les eut signals, toute l'attention du bord se tendit vers eux, indiffrente aux blancs voiliers glissant d'un vol lent vers le port, aux steamers affairs et haletants. On n'eut plus d'yeux que pour ces trois men of war qui s'en allaient tirage forc, vers Portsmouth, grossir la flotte assemble pour accueillir, impressionnante garde d'honneur, aux rives du Royaume-Uni, le prsident de la Rpublique franaise: ce fut le premier indice que j'eus des ftes qui se prparaient. Et l'on interrogeait les matelots; et l'on suivait avec amour dans leur course cumante les trois navires qui, rapidement, s'avanaient, rvlant peu peu la vue l'difice savant de leurs mts militaires, et la masse formidable de leurs coques. Tous les coeurs battaient l'unisson, pour ces monstres de fer, d'une commune ferveur. On et souhait volontiers qu'un accident, une avarie, retardt un moment la marche de l'Empress, afin de les pouvoir admirer de plus prs. Jamais je n'ai mieux compris qu' ce moment quelle passion ardente attache, rive sa marine, sauvegarde, gide du home, la nation britannique tout entire, du premier gentleman du royaume au dernier des cockneys. Pavoisement et dcoration de certaines rues de Londres, en l'honneur de la visite prsidentielle. M. Poincar accompagn par le roi George sa rsidence du palais de Saint-James (24 juin). Je suis sr que, dans l'opinion de beaucoup d'Anglais, la rception Portsmouth du prsident Poincar par le prince de Galles revt une importance autrement singulire que les diffrentes crmonies qui vont se drouler Londres. Et d'abord, c'est un dbut sensationnel, et par tout le pays attendu avec une tendre impatience, le premier acte public du jeune hritier du trne, que cette mission de haute et raffine courtoisie qui lui a t confie. Qu'il dt s'en acquitter merveille, le loyalisme britannique n'en pouvait douter, certes. Mais comme on va savourer les moindres dtails de cette matine historique, depuis l'apparition, au fate de la tour du smaphore, qu' 11 heures, guettaient tant d'yeux mus, du pavillon du prince, jusqu'au dbarquement, Victoria-Station! L'ARRIVE A LONDRES Il fait nbuleux, comme disait cette jeune personne dont parle quelque part Tallemant des Raux. Mais nbuleux vraiment, sans l'espoir mme d'un rayon. Dans cette atmosphre en demi-teinte flottent, avec une allgresse tempre, des drapeaux, des flammes autant que Londres, ville correcte et retenue mme en ses enthousiasmes, en peut bien arborer: c'est--dire que les divers parcours que doivent suivre, en ces trois jours de rjouissances qui commencent, les cortges officiels sont pavoiss profusion, bords de mts, d'cussons, fleuris de vasques verdoyantes. Des banderoles se tendent dans le ciel calme, dont certaines, ct des traditionnels souhaits de bienvenue, arborent quelques inscriptions plus libres et d'autant plus touchantes. Quelques balcons, aussi, s'gaient de pavillons, mais on sent que l'initiative personnelle n'a pas song lutter avec la munificence officielle: la sympathie britannique se traduira d'autre manire. Il est un, toutefois, de ces drapeaux, qui induirait, si l'on tait de loisir, quelques rflexions: au fronton triangulaire de l'htel familial des Wellington, dans Piccadilly, s'ploient, flambant neuves, nos trois couleurs. Le grand anctre de Waterloo, qui veille, sur son cheval de bronze, au seuil de la seigneuriale demeure, semble rver. L'norme mtropole, par ailleurs, a gard son aspect de tous les jours, et les foules s'y htent silencieuses, flegmatiques, comme de coutume. Vers 2 heures, pourtant, quelque mouvement se dessine aux abords de Buckingham palace et de la gare de Victoria, toute proche, alles et venues de troupes et d'quipages, et les premiers curieux s'approchent, comme hsitants; les policemen commencent s'occuper de faire rgner l'ordre, le bel ordre anglais. Sous le hall immense de Victoria-Station, on a roul, de l'autre ct du quai o doit arriver le train prsidentiel, une bizarre estrade, un wagon plate-forme, sur lequel on a difi un plancher, des mains courantes toutes drapes de bleu, de blanc, de rouge: c'est de l que la presse, les photographes, les tourneurs de cinmatographes assisteront la premire entrevue du prsident de la Rpublique avec le roi George V. Mais ils ont devant eux une imposante haie de bonnets poil: la compagnie de la garde irlandaise qui doit rendre les honneurs est arrive dj avec son enseigne amarante, sa musique, son chien, grand lvrier aux poils rudes que tient en laisse un boy tout chamarr de passementeries blanches mouchetes de trfles noirs. Dans les fermes vert d'eau de la moiti de la gare, celle qui se prsentera aux yeux du prsident sa descente de wagon, frissonnent, aux courants d'air, autour de l'tendard royal, des pavillons multicolores. Nous avons, pour nous distraire en attendant l'vnement, l'arrive du carrosse d'tat caisse pourpre, armori de l'cusson surcharg du Royaume-Uni, avec ses piqueurs, ses laquais tout en or, des voitures de la cour et des automobiles pour la suite; --jusqu'au van pour les bagages. Mais l'attente est si longue, que le porte-enseigne de la garde, lui-mme, se fatigue de l'immobilit. Et le voil, son tendard sur l'paule, comme un fusil, faisant les cent pas, flanqu des deux sous-officiers, sabre au clair, qui l'encadraient au front de la compagnie. A un signal, grandes enjambes ils reviennent, se remettent au poste. Et tour tour nous voyons arriver le feld-marchal sir John French, le duc de Connaught, le prince Arthur son fils, l'amiral prince Louis de Battenberg, premier lord de la mer, d'autres gnraux encore, d'autres amiraux, puis des ministres: M. Asquith, sir Edward Grey... La reine Mary et la reine-mre Alexandra, le 25 juin, dans leur voiture fleurie. Un commandement bref, un bruit d'armes, le God save the King qui clate: voici le roi, tout seul dans une Victoria attele de deux nobles btes. Cinq minutes plus tard, le train prsidentiel, d'un roulement mourant, entre sous le hall, sa machine jonche, l'avant, de verdure et de fleurs, son corselet noir cercl, pour la circonstance de tricolore, son tender charg de charbon peint en blanc; et elle s'appelle la France. M. Raymond Poincar l'hpital franais de Londres. M. Poincar. M. Gambon. Lady-Mayoress. L'arrive au Guildhall: aprs les prsentations, M. Poincar, accompagn par le duc de Connaught, passe la garde en revue. Cette premire entrevue du roi avec le prsident fut empreinte d'une vidente et chaleureuse cordialit; aux accents de la Marseillaise, on ne vit que deux sourires, on devina des mots charmants. Un clair soleil, perant enfin la nue, illuminait le haut vitrage, et, blond, frle et fin dans son uniforme de marin, tout gracieux, tout heureux, le prince de Galles traversait cette scne d'histoire comme l'image mme de l'ternellement jeune esprance. Le grand carrosse de gala, capitonn de satin cerise s'loigna, emportant le roi et le haut reprsentant de la Rpublique franaise. On n'entendit plus dehors qu'une galopade, des vivats lointains. DES FTES.--AU GUILDHALL 25 juin. Le premier aprs-midi du prsident fut consacr aux visites au roi et la reine, Buckingham palace; la reine Alexandra, Marlborough house o le prsident eut l'honneur de rencontrer l'impratrice douairire de Russie; au duc et la duchesse de Connaught, Clarence house. Aprs quoi avait lieu, l'ambassade, la rception de la colonie franaise. La journe se termina par le banquet d'tat, le dner officiel Buckingham palace, o furent prononcs, par le roi et le prsident, des toasts empreints de la plus chaleureuse cordialit. Ce matin, par le mme temps gris que la veille, mais qui, aux approches de midi s'illumina joyeusement, travers des rues doublement en fte--car c'tait le cinquante-deuxime anniversaire du premier voyage en Angleterre de la reine Alexandra et l'on vendait en son honneur au profit d'oeuvres de bienfaisance de fraches glantines roses dont se parait toute boutonnire--ce matin, donc, le prsident de la Rpublique allait porter ses hauts encouragements aux diverses oeuvres franaises de Londres: hpital, institut franais, home des institutrices, avant de se rendre la rception et au banquet du Guildhall, l'une des solennits les plus sensationnelles et les plus caractristiques de toute visite officielle Londres. Dans le cadre vnrable et d'une sobre beaut de la vieille maison de la corporation de Londres, la fte se droula selon les rites immuables en usage depuis tant de sicles. Elle eut grand caractre. Ce fut d'abord la suite des prsentations au lord-maire, sir David Burnett, dans la bibliothque, de ses invits,--tout ce que Londres et l'Angleterre comptent d'illustre! Puis la rception de M. Raymond Poincar, salu, l'arrive, d'enthousiastes bravos; le vote par le Conseil, runi en sance devant une assistance de huit cents personnes, de l'adresse traditionnelle, et la remise du coffret contenant le prcieux parchemin sur lequel elle est enregistre; enfin, le banquet somptueux, abondant, dans le hall gothique dont chaque pierre, chaque dalle, voque un souvenir. Gustave Babin. LE VOYAGE PRSIDENTIEL A LONDRES.--Au Guildhall (25 juin) avant le banquet: lecture protocolaire, devant le Conseil runi en sance, d'une adresse M. Raymond Poincar.--Phot. Chusseau-Flaviens. Le banquet au Guildhall: au fond, sous le dais, la droite du lord-maire en costume d'apparat, M. Poincar; gauche du lord-maire, la lady-mayoress. Les manifestations populaires sur le passage du Prsident: entre le palais de Saint-James et le Guildhall M. Poincar reoit une adresse du maire du quartier de Holborn. LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE EN ANGLETERRE FAUNE D'AFRIQUE Dans une clairire, une femelle d'lphant, aux dfenses longues et minces, broute l'herbe nouvelle. Phot. du Dr Em. Gromier. FAUNE D'AFRIQUE Un lphant surpris dans tout le naturel de ses gestes par le zoologiste-photographe. C'est un mle de grande taille qui, aprs avoir rompu d'un coup de trompe une branche de mimosa, recueille avec patience les gousses qui jonchent le sol et agite sa queue en tmoignage de satisfaction. Phot. du Dr Em. Gromier. LA FAUNE D'AFRIQUE Suite.--Voir notre dernier numro. LE VRITABLE ROI DES ANIMAUX Quiconque ne connat que les petits lphants d'Asie de nos jardins zoologiques et de nos cirques, qu'on a dfinis assez justement un boudin sur quatre saucisses, ne peut avoir la moindre ide de la majest et de la taille de son grand congnre d'Afrique. Ses proportions gigantesques, son allure dcide, ses immenses oreilles agites constamment comme deux voiles, sa trompe norme et puissante, ses dfenses presque toujours bien dveloppes, vous saisissent et vous impressionnent au del de toute expression. Si l'on veut avoir une ide juste de l'lphant africain, que l'on aille voir au Luxembourg le bronze admirable de Navellier. Voil de l'art et de la vrit. Combien cela est diffrent de toutes ces horreurs en bronze, en terre cuite ou en faence, qui encombrent les vitrines et ont la prtention de reprsenter le superbe animal! L'lphant est encore abondant malgr la poursuite et la destruction insense dont il est l'objet. Il a d, autrefois, tre prodigieusement abondant. Peut-tre constituait-il mme l'espce animale la plus nombreuse, car, depuis cinquante ans, il subit une guerre acharne qui se chiffre peut-tre par 20.000 cadavres annuels. Quoi qu'il en soit, j'ai vu des contres au Congo belge o le sol tait littralement cribl de crottins d'lphants, o, sur chaque colline, dans chaque vallon, on apercevait des points noirs qui taient des grands proboscidiens en promenade, o, chaque dtour, on risquait de tomber sur une harde de gants. C'est dans la rgion des grands lacs que j'ai prouv les plus belles motions, en face des beauts de la grande nature africaine et des manifestations de sa vie animale. Que ne puis-je dcrire avec la langue et le talent d'un Loti certains tableaux tels que celui-ci: un jour, tendu avec un sauvage, Bacondjio, dans une prairie en pente, j'avais mes pieds quinze lphants, femelles, jeunes et nouveau-ns; au milieu de la rivire Semliki, trois grands hippopotames dormaient sur un banc de sable; sur l'autre rive, quarante lphants, dont deux mles particulirement gigantesques, vaquaient aux diverses occupations de la vie proboscidienne. Aprs le sujet du tableau, le cadre: le fond tait fait du miroitement lointain des eaux bleues du lac Albert-Edouard, ma gauche, se profilaient, l'ouest, les hautes montagnes sombres qui bordent la valle; sur ma droite, enfin, les glaciers de Rowenzori tincelaient sous le soleil tropical. Quel spectacle! Je me croyais transport un autre ge, je me figurais avoir l'image de ce que furent certaines priodes du tertiaire dans la France d'il y a peut-tre des centaines de milliers d'annes... Plus au sud, dans la rgion des grands volcans de Kivou, rgion de rve admirablement belle et qui deviendra plus tard un centre d'excursion, il m'a t donn de dcouvrir des lphants de petite taille, nettement diffrents de leurs autres congnres africains, formant une espce curieusement adapte aux hautes contres volcaniques, humides et brumeuses, qu'ils habitent. Fait que j'ai signal l'minent directeur de notre Musum d'histoire naturelle, M. Edmond Perrier, et M. le docteur Troussart, professeur de zoologie au Musum. L'lphant d'Afrique n'est pas difficile tuer, mais il faut le tirer de prs, sous le vent et aux points faibles du crne. Mme avec un fusil de petit calibre, la grande masse s'croule si la balle pleine a frapp le cerveau. La charge est trs dangereuse, et, s'il est relativement facile de fuir un lphant dans un terrain dcouvert, dans les bush pais et les forts denses o il se trouve le plus souvent pendant le jour, cela est extraordinairement difficile: j'en ai fait l'exprience et j'ai bien failli terminer mes exploits photographiques dans les forts des Kirounga. Actuellement, avec la poursuite acharne laquelle il est en butte, l'lphant a modifi beaucoup ses habitudes. Vis--vis du chasseur, il est devenu frquemment agressif; les femelles spcialement, sachant leurs mles, gros porteurs d'ivoire, en danger, les entourent, les protgent, et chargent souvent en fourrageurs l'entour, battant le terrain comme des chiens de chasse. Car il existe un esprit de solidarit incroyable chez ces animaux, qui les porte par exemple essayer de retirer d'une fosse un congnre qui y est tomb, soutenir un de leurs compagnons bless, et accomplir bien d'autres faits remarquables que tous les grands chasseurs d'lphants connaissent et que j'ai pu admirer moi-mme chez les centaines d'lphants qu'il m'a t donn de voir. Un jour, une bande de femelles et de jeunes paissait l'herbe nouvelle dans une valle dcouverte et je regardais avec intrt les jeux foltres des nourrissons qui se poursuivaient, se tiraient mutuellement la queue avec leur trompe, glissaient les quatre fers en l'air dans la boue et se relevaient prudemment en s'aidant les uns les autres. Tout coup, une saute de vent fit que la troupe me sentit: aussitt, elle se runit en un bloc serr, les petits au centre, les nouveau-ns sous le ventre de leurs mres et celles-ci, la tte haute, dodelinant de droite ou de gauche, roulant des yeux blancs, la trompe alternativement tendue et roule, les oreilles en bataille, me donnrent un spectacle superbe et trs impressionnant, au sens duquel je ne me mpris pas et auquel je me htai de me soustraire, non sans avoir pris un bien mauvais clich, indigne de L'Illustration. Bande d'lphants dvastant une bananeraie. Photographie du Dr Em. Gromier. Un grand lphant, dtach d'un troupeau, s'lance en exploration. Clich pris dans la valle de la Semliki, proximit du lac Albert-Edouard. Comme chez la plupart des animaux, il existe chez l'lphant des diffrences assez considrables entre le mle et la femelle. Avec de l'habitude, on les distingue aisment l'un de l'autre. D'une faon gnrale, la couleur est plus fonce chez le mle que chez la femelle, cela est d ce que celle-ci porte des poils brun roux et que ceux du mle sont noir brillant; cela tient rellement aussi, je crois, une pigmentation plus forte du derme et de l'piderme. La taille des mles adultes varie entre 3 m. 10 et 3 m. 50 au garrot, celle des femelles entre 2 m. 75 et 3 mtres. Ce sont l videmment des moyennes, mais il est encore assez frquent de voir des mles bien au-dessus de cette taille (ces gants deviennent naturellement de plus en plus rares, tant presque toujours de gros porteurs d'ivoire); le maximum que je connaisse est de 4 m. 25 au garrot. La tte est plus volumineuse et la base de la trompe beauc ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 38935
Author: Various
Release Date: Feb 20, 2012
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Shipping

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