Histoire de la Nouvelle France

Histoire de la Nouvelle France - Relation derniere de ce qui s'est passé au voyage du sieur de Poutrincourt en la Nouvelle France depuis 10 mois ença

E proverbe ancien est bien veritable, que les Dieux nos vendent toutes choses par labeur. Ceci se reconoit par experience ordinaire en plusieurs choses, mais particulirement au fait duquel nos avons parler: auquel donne sujet par ses incomparables vertus le sieur de Poutrincourt, de qui les labeurs plus que Herculeans ont ds ja long temps, mrit une bien ample fortune, et y eust donn attainte au temps de nos troubles derniers, s'ils n'eust est trop entier maintenir le party qu'il avoit embrass. Car le Roy le tenant en personne assieg dans le chateau de Beaumont lui voulut donner le Comt dudit leur pour se rendre son service. Ce qu'ayant refus, il le fit toutefois peu apres gratuitement voyant sa Majest redut l'Eglise Catholique Romaine. Vray est que nostre feu ROY HENRI le Grand l'avoit oblig en une chose, d'est d'avoir rendu par sa bouche ce tmoignage de lui, qu'il estoit un des plus hommes de bien, & des plus valeureux de son royaume. Suivant quoy aussi apres noz guerres passes, lui qui naturellement est port aux entreprises difficiles, fuyant la vie oisive, aurait recherch l'occasion de faire plus que devant paroitre son courage, honorer son Prince, & illustrer sa patrie. Ce qu'il auroit fait par la rencontre du sieur de Monts, lequel en l'an 1603, entreprenoit le voyage de la France Nouvelle & Occidentale d'outre mer, avec lequel il se joignit pour y reconoistre une terre propre habiter & y rendre service Dieu et au Roy. A quoy il a depuis travaill continuellement & eust desja beaucoup avanc l'oeuvre, si sa facilit ne se fust trop fie des hommes trompeurs, qui lui ont fait perdre son temps et son argent. Voire encore estant Gentilhomme indomtable la fatigue, & sans craintes aux hazars, il se pourroit promettre un assez prompt avancement de son entreprise s'il n'estoit troubl par l'avarice de ceux qui lui enlevent la graisse de sa terre sans y faire habitations, & avides des Castors de ce pas l y vont exprs pour ce sujet, & ont fait l'envi l'un de l'autre que chacune peau de Castor (qui est le traffic le plus present de ces terres) vaut icy aujourd'hui dix livres, que se pourroit bailler pour la moiti, si le commerce d'icelles estoit permis un seul. Et au moyen de ce pourroit prendre fondement la Religion Chrestienne pardela; comme certes elle y aurait est fort avance, se telle chose eust est faite. Et la consideration de la Religion & de l'establissement d'un pas dont la France peut tirer du profit & de la gloire, merite bien que ceux qui l'habitent jouissent pleinement & entirement des fruits qui en proviennent, puis que nul ne contribu ce dessein pour le soulagement des entrepreneurs, lesquels au peril de leurs vies & de leurs moyens ont dcouvert par dela tant t les ores maritimes, que le profond des terres, o jamais aucun Chrtien n'avoit est. Il y a une autre considration que je ne veux mettre par crit, & que laquelle seule doit faire accorder ce que dessus ceux que se presentent & offrent pour habiter & defendre la province, voire pour donner du secours toute la France de dea. C'a est une plainte faite de tout temps, que les considrations particulieres ont ruin les affaires du general. Ainsi est-il craindre qu'il n'en avienne en l'affaire des Terres-neuves, si nous la negligeons, & si l'on ne soustient ceux qui d'une resolution immuable s'exposent pour le bien, l'honneur, & la gloire de la France, & pour l'exaltation du nom de Dieu, & de son Eglise. ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 21199
Author: Lescarbot, Marc
Release Date: Apr 22, 2007
Format: eBook
Language: French