La montée aux enfers

La montée aux enfers

Title: La monte aux enfers Author: Maurice Magre Release Date: May 7, 2022 [EBook #68010] Language: French Original Publication: FR: , France: Eugne Fasquelle,1918. Credits: Laurent Vogel, Chuck Greif and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Canadian Libraries) Dans le jardin maudit je suis venu, moi, lhomme, Ayant pour conducteur ltre aux yeux de serpent. L, la terre est pourrie et les poisons embaument, L, les oiseaux du ciel ne vivent quen rampant... Or, les pierres saignaient, la rose tait vivante, Jai pris la fleur aromatique du sureau, Elle ma fait aux doigts une tache sanglante, Ses ptales gluants se collaient ma peau. Dun vivier croupissant sortait une odeur fade. Des miasmes de typhus par le vent soulevs... Vers ma face penchaient dtranges lis malades. Dans leur calice mort dormait un il crev.{4} Des arbres mous avaient des blessures ouvertes, Des humeurs ressemblant celles de la chair, Et les pousses du bois au lieu de jaillir vertes taient blanchtres et vivaient comme des nerfs. Le lait de chaque tige tait la sve humaine. La pivoine semblait un grand cur arrach. Dans la fleur du sorbier do soufflait une haleine Souvrait un sexe affreusement martyris... Un amandier tait fleuri de mains coupes; Un tronc, comme une femme, avait des cheveux dor. Jarrivai prs dun champ de grotesques poupes, Des enfants dans le sol poussaient l, drus et morts. Un printemps curant dune chaleur mouille Baignait larbre de chair et la plante de sang. La nature par la souffrance travaille Crait avec ardeur mille tres repoussants. Alors, je vis venir vers moi les cratures. Impudiques et laids, enfantins et chenus Et pareils des chapps de la torture, Vous trbuchiez et titubiez, hommes tout nus!{5} Ils taient boursoufls, extravagants, exsangues. Celui-ci dans lil droit avait un clou de fer, Lun portait un carcan, lautre avait une cangue, Celui-l rayonnait et montrait un cancer. Et tous, ltre sans dents, ltre aux orbites vides, Ltre dont des grosseurs faisaient le crne lourd, Tous taient satisfaits, tous se trouvaient splendides, Ils portaient avec eux leur mal avec amour. Ils ne stonnaient pas de la forme des choses, De la feuille trop ple et du bois trop laiteux. Ils pressaient sur leur peau le sang vivant des roses, Aux tiges tides ils buvaient les sucs douteux. Les saponaires savonneuses des pelouses taient des lits mouills pour leurs corps maladifs Et la tulipe obscne et le chardon ventouse Faisaient vibrer de spasmes fous leurs nerfs vif. Ils ont en me voyant pouss des cris de joie Et lun ma fait toucher du doigt le trou sans il. Un autre ma tendu le fer perant son foie, Tous mont montr leur plaie ouverte avec orgueil.{6} Ils ont cueilli des fleurs dans le parterre trange Et sur ma bouche ils sont venus les craser Et jai senti le got humide du mlange Des vgtaux, du suc humain et du baiser. Un soleil dform, jauntre, bas, norme Se refltait sur des marais de dsespoir... Et les plantes sans nom et les humains difformes Se mlaient dans lclat du fantastique soir... Et moi, je nai pas fui parmi les crucifres, Jai regard jaunir le jardin sans regrets. Je me suis rappel que ctaient l mes frres, Que jallais devenir leur pareil. Jai pleur... Ayant pris ltre aux yeux de serpent comme guide, En mars, dans le mois de la guerre, un vendredi, Moi, lhomme, avec mon cur qui fut jadis candide, Voil ce que jai vu dans le jardin maudit. {7} ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 68010
Author: Magre, Maurice
Release Date: May 7, 2022
Format: eBook
Language: French
Publisher: Eugène Fasquelle
Publication Date: 1918
Publisher Country: France