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L'Illustration, No. 0008, 22 Avril 1843
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an. 30 fr. Prix de chaque N 75 c.--La collection mens. br., 2 fr 75. Ab. pour les Dep.--3 mois. 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an. 32 fr. pour l'tranger,--3 mois. 10 fr.--6 mois, 20 fr.--Un an. 40 fr. N 7. Vol. 1.--SAMEDI 22 AVRIL 1843. Bureaux, rue de Seine, 33. SOMMAIRE Mouvement Insurrectionnel Hati. Carte de Hati. Portrait du prsident Boyer.--Hati et l'Angleterre.--Courrier de Paris. Le Cigare; Fraternit; le Rocher de Cantate; un Turbot dans l'embarras; le Changement de Dynastie; Paul Ier; le savant prcepteur; le Bal reprsentatif; armistice dansant; les Morts millionnaires; petits Enfants--Danseurs espagnols. Gravure.--Tribunaux. Procs Sirey; M. Chaix-d'Est-Ange. Vue de la cour d'assises de Bruxelles. Portrait de M. Chaix-d'Est-Ange.--Mariage de la princesse Clmentine. Vue de la Crmonie.--Un succs chevelu, chapitre indit des Mmoires de Jrme Paturot.--Paris au bord de l'eau. Les Dbardeurs.--Beaux-Arts. Salon de 1843. Les Crpes, par Giraud; une Pasada, par Leleux.--La Vengeance des Trpasss, nouvelle (4e partie), avec une gravure.--Le Commissaire-Priseur.--Les Chemins de Fer en France, carte des Chemins de fer.--Algrie. Description gographique. Portraits de Cavaignac, Jusuf, Mustapha ben Ismal; Passage dans un dfil; Tentes arabes; Vues de Mascara et de Mostaganem.--Bulletin bibliographique.--Annonces-Modes. Amazones.--Omnibus, nouveau modle, deux gravures.--Rbus. Mouvement insurrectionnel Hati. Hati (en indien, terre montagneuse), appartient au groupe des Grandes-Antilles. Elle se trouve situe entre Puerto-Rico, Cuba et la Jamaque, par 17 13' et 19 58' de latitude septentrionale et 70 45' et 70 55' de longitude occidentale. Sa superficie n'est que d'un sixime moins considrable que celle de Cuba, la plus grande des Antilles. Elle a 600 kilom. de long et 232 de large. La capitale d'Hati est le Port-au-Prince, ville situe sur un terrain bas et marcageux, vers l'extrmit d'une vaste baie, dans la partie occidentale de l'le. On y compte 30.000 habitants. L'histoire d'Hati est si connue que nous nous bornerons en rsumer aussi brivement que possible les principaux vnements, afin de faire bien comprendre les causes de la rvolution nouvelle qui vient d'clater. Le 5 dcembre 1492, Christophe Colomb dcouvrit Hati, qu'il nomma Espanola. Elle tait alors habite par les Carabes, peuple doux, bon, sobre et hospitalier. Mais bientt les Espagnols forcrent les indignes se rvolter contre eux, les dtruisirent et restrent les seuls matres de cette le dpeuple, qu'ils nommaient alors Saint-Domingue, du nom d'une ville qu'ils y avaient fonde; ils la repeuplrent, au commencement du seizime sicle, avec des esclaves ngres arrachs au sol africain. En 1630, des flibustiers formrent un tablissement, sur la partie septentrionale d'Hati, que les Espagnols avaient abandonne. Chasss diverses reprises, ils revinrent avec des forces nouvelles; la France les protgea, leur fit reconnatre sa suzerainet et leur donna, en 1664, un gouverneur. Ds lors les croles, abandonns par leur mtropole, furent obligs de cder une partie de l'le. En 1689, l'Espagne rgularisa cette cession dans le trait de Ryswick. D'abord, la France envoya dans sa nouvelle colonie tous les individus dont elle dsirait se dbarrasser. Mais bientt la traite des ngres s'tablit d'une manire rgulire; la mtropole encouragea, favorisa mme cet infme trafic, et, au moyen de ces nombreux travailleurs, Saint-Domingue marcha dans une voie de prosprit progressive. En 1789, on n'y comptait pas moins de 700.000 esclaves possds par environ 28.000 multres libres, et 40.000 blancs. Boyer, prsident de la rpublique d'Hati. Cependant le temps approchait o les esclaves allaient recouvrer leur libert et se venger de leurs oppresseurs. Quand la Rvolution franaise clata, le coutre-coup s'en fit sentir aux Antilles. A cette poque, trois partis taient en prsence Saint-Domingue: les grands propritaires, qui voulaient l'indpendance de l'le: les petits blancs, qui cherchaient renverser les privilges des riches; les multres, qui songeaient s'affranchir de la tyrannie des uns et des autres. Les esclaves n'osaient pas mme dsirer leur affranchissement. Mais les querelles de leurs matres, les luttes des blancs et des multres, leur leur fit concevoir enfin des esprances qui ne devaient pas tarder se raliser. Le 23 aot 1791, ils se rvoltrent pour la premire fois. Douze ans aprs, vainqueurs des Anglais, qui voulaient s'emparer de cette le, et des franais qui faisaient les plus grands efforts pour la conserver, ils se proclamrent les seuls matres de Saint-Domingue, laquelle ils avaient donn son ancien nom d'Hati. Un moment ils faillirent retomber sous la domination franaise. Le brave Toussaint-Louverture, l'auteur principal de cette rvolution, le librateur, le chef, le pre des noirs, victime d'une odieuse trahison, mourut, dans le Jura, au fort de Joux, o Napolon l'avait fait enfermer. Mais ses gnraux le vengrent. Le 30 novembre 1803, les derniers dbris de l'expdition franaise se virent obligs d'vacuer la ville du Cap la seule place qui leur restt alors, et de se livrer la merci des Anglais. Le 1er janvier de l'anne suivante, des gnraux et des officiers de l'arme noire, runis en convention au nombre de quarante, prononcrent l'acte d'indpendance d'Hati, en jurant la postrit et l'univers entier de renoncer jamais la France, et de mourir plutt que de vivre sous sa domination. A cette poque, la population totale de l'le tait rduite 400,000 habitants. En quatorze ans la guerre avait dvor 500,000 victimes. Le 8 octobre 1804, Dessalines, le gnral en chef de l'arme victorieuse, le successeur de l'infortun Toussaint-Louverture, fut proclam empereur, sous les nom de Jacques 1er, et six mois aprs (28 mai 1803) une convention de gnraux publia la constitution de l'empire d'Hati (rvise depuis en 1816). Dessalines exera son autorit d'une manire arbitraire; aussi ne rgna-t-il que deux annes. Le 17 octobre 1809, il prissait assassin, et son rival Christophe lui succdait, avec le titre de chef du gouvernement d'Hati. Sa puissance ne fut toutefois bien tablie que dans le nord de l'le. Un multre, nomm Ption, commandant du Port-au-Prince, se refusa reconnatre le nouveau titulaire, et, pendant cinq annes, les deux comptiteurs se disputrent l'autorit suprme sans parvenir se vaincre. Enfin, de guerre lasse, ils mirent bas les armes, Christophe se couronna roi, sous le nom de Henri 1er; Ption se fit nommer prsident, et ces deux souverains s'occuprent ds lors rtablir l'ordre et la prosprit, l'un, dans son royaume, l'autre, dans sa rpublique. A sa mort le prsident Ption eut pour successeur (en 1818) le gnral Jean-Pierre Boyer, multre qui n'avait jou qu'un rle secondaire dans la rvolution; et, lorsqu'en 1820 le roi Christophe se fit (g de 74 ans) sauter la cervelle, afin de ne pas tomber vivant entre les mains de ses soldats rvoltes, Boyer resta seul possesseur du trne prsidentiel. Deux annes plus tard un coup de main lui livra la partie de l'le qui appartenait encore aux Espagnols. A partir du 28 janvier 1822 l'tendard bleu et rouge de la rpublique une et indivisible flotta sur l'le entire. Il n'exista plus Hati qu'un seul gouvernement et qu'une seule constitution. Enfin, en 1825, la France abandonna solennellement toutes ses prtentions la souverainet de son ancienne colonie moyennant une indemnit de 150 millions de francs, payables en cinq termes gaux. Ds lors, Hati entra au nombre des nations civilises reconnues.. Le prsident Boyer rgne donc depuis 1818 sur Hati. Qu'a-t-il fait de cette le si fertile et si belle pendant ces vingt-cinq annes? Pour connatre la triste vrit, il faut lire le second volume de l'ouvrage remarquable que vient de publier M. Victor Schoelcher (Colonies trangres et Hati). Ce courageux et infatigable abolitionniste a visit Hati en 1841 et il en trace une peinture effrayante; il nous montre ces villes dtruites, inhabites, encombres de matires corrompues; l'esprit public ananti; la banqueroute imminente, les moeurs se corrompant de plus en plus... Et tous ces maux, M Schoelcher les attribue au gouvernement du prsident Boyer Le gouvernement de Boyer, dit-il, est quelque chose de bien plus infme qu'un gouvernement de violence et de compression. Il n'est pas arriv au despotisme en brisant les membres du corps populaire, mais en l'affaiblissant; il ne tue pas, il nerve. Si misrable, si souffrante, si avilie qu'elle fut, la nation hatienne n'ignorait rien de son mal; elle aspirait des temps meilleurs, et ne s'abandonnait pas dans sa dtresse, comme l'ont dit les partisans de l'esclavage, l'insouciance d'un sauvage hbt. L'opposition acqurait chaque anne des forces nouvelles. En 1839, elle faillit renverser la faction rgnante. Boyer voyant qu'elle allait obtenir la majorit, s'adressa l'arme, et chassa de la chambre les dputs qui osaient lui tre hostiles. Mais, bien qu'il et alors un succs complet ce coup d'tat devait plus tard amener une rvolution. Les ides librales firent de notables progrs, des journaux se fondrent, qui dfendirent avec nergie la constitution et les intrts gnraux. Les dputs exclus en 1839 furent rlus la presque unanimit en 1841; le peuple commena ouvrir les yeux et aperut avec terreur l'abme o le poussait le prsident. Boyer employa une seconde fois la force. A l'ouverture de la session, la chambre des reprsentants, cdant aux influences de la peur et de la corruption, limina, avant mme d'tre constitue, les dputs que Boyer avait frapps d'ostracisme. Pour comble de malheur, le 7 mai, un affreux tremblement de terre dtruisit presque entirement la ville du Cap avec un tiers de ses 8,000 habitants, et comme si la nature n'avait pas fait assez de mal, un hideux pillage vint remuer les dcombres qui couvraient les morts et les mourants. Enfin, le 28 fvrier 1843, le bruit s'tant rpandu que quatre patriotes allaient tre excuts, une insurrection clata aux Cayes. Un rassemblement de six huit mille individus se forma, et Boyer rsolut d'employer la force pour le disperser. Le lendemain, tous les habitants prirent les armes et rclamrent un gouvernement semblable celui des tats-Unis. En peu de jours, l'insurrection fit de grands progrs. Toute la partie du sud et de l'est de l'le tomba au pouvoir des insurgs, qui avaient pris pour chefs deux officiers de la Colombie. Les troupes envoyes contre eux se rangrent de leur ct, et celles qui restrent fidles Boyer furent battues dans deux rencontres et perdirent 500 hommes et deux gnraux. D'aprs les dernires nouvelles reues Paris, les insurgs taient au nombre de 12,000, et Boyer n'avait plus que 4,000 hommes Port-au-Prince. Une lettre date du Port-au-Prince, le 5 mars 1843, et reue vendredi dernier Liverpool, contient ce qui suit: La rvolution n'est pas encore termine; les insurgs du Midi marchent, dit-on, sur la ville. On s'attend tous les jours une attaque. Toutes les affaires sont suspendues. On assure que les troupes du gouvernement passent l'ennemi. Les insurgs se trouvent maintenant Leogane (24 milles). Ils ont annonc qu'ils entreraient dimanche prochain, le 5 mars, au Port-au-Prince. Le 9 mars, au dpart du brick Fairfield, l'arme insurrectionnelle tait toujours campe Leogane. Elle y attendait, pour marcher sur la capitale, l'arrive d'un fort dtachement qui venait de s'emparer des Cayes aprs un combat meurtrier. Boyer s'apprtait faire une vigoureuse rsistance. Il construisait de nouvelles fortifications et creusait des fosss. Pendant plusieurs jours aucun habitant n'avait obtenu l'autorisation de quitter la ville, mais, l'avant-veille du dpart du brick Fairfield, une proclamation permit aux femmes de s'embarquer ou de se retirer la campagne. Les ngociants trangers avaient fait transporter leurs marchandises bord des btiments en rade. Les Anglais seuls ne croyaient pas devoir prendre cette sage prcaution. Ils se trouvaient, disaient-ils, suffisamment protgs par le pavillon britannique et par trois vaisseaux de guerre qui taient alors dans le port. Toutes les lettres particulires annoncent que la majorit des habitants du Port-au-Prince dsire ardemment le succs des patriotes (ainsi s'appellent les insurgs). Le prochain paquebot apportera peut-tre en Europe la nouvelle de la chute ou de la mort du prsident Boyer. La Columbia, arrive samedi de New-York Liverpool, a apport l'ordonnance et la proclamation suivantes, dont nous donnons seulement quelques fragments. RPUBLIQUE D'HATI. Au nom du Peuple souverain--Ordre du jour. Charles Hrard an, charg d'excuter la volont et les rsolutions du peuple souverain; Considrant que sous le gouvernement du tyran Boyer, les ports ont t ferms, ordonnons ce qui suit: Art. 1er. Les ports d'Aquin, d'Anse d'Hainault et de Miragouine sont ouverts au commerce tranger, dater de la promulgation du prsent ordre du jour. Art. 2. La direction des nouvelles douanes et l'administration des finances seront confies un fonctionnaire qui prendra le titre d'administrateur particulier. Art. 3. Les droits d'importation sont maintenus; mais le mode de perception est aboli jusqu' la promulgation d'un nouveau rglement. Fait au quartier-gnral d'Aquin, le 5 mars 1843, premire anne de la rgnration d'Hati. Hrard an. La proclamation est adresse au peuple et l'arme. Elle commence en ces termes: Citoyens et soldats, une rvolution sans exemple dans les annales du monde, une rvolution morale dans ses effets vient de changer la face d'Hati. La tranquillit ayant t rtablie, j'ai t choisi par le peuple pour faire excuter ses ordres et lui faire rendre ses droits si longtemps fouls aux pieds et mconnus. J'ai arbor l'tendard national, etc., etc..... Elle se termine ainsi: Le sort du tyran est crit par une main invisible sur les murs de son palais. Soldats, je me confie votre zle, suivez-moi dans cette carrire de patriotisme et de gloire, secondez mes efforts persvrants, et bientt vous verrez d'illustres lgislateurs dtruire le systme qui vous a fait tant de mal, rendre une vie nouvelle au commerce et l'agriculture, dissiper les tnbres de l'ignorance, et fonder des institutions non plus sur le sable mouvant du rivage de la mer, mais sur un roc large et inbranlable. Tati et l'Angleterre. Bien que le gouvernement franais ait donn l'Angleterre l'assurance que les missionnaires de toutes les sectes seraient non-seulement tolrs, mais encore protgs dans l'archipel de la mer du Sud, et que ces avantages seraient impartialement tendus aux intrts commerciaux de toute puissance amie, ces assurances, sincres de la part de la France, n'ont pas suffi nos exigeants voisins, et leurs mthodistes jettent les hauts cris contre nous, comme si on les entravait par la force dans l'exercice de leur quivoque influence sur les sauvages de ces les. A Londres, dans la vaste salle d'Exeter-Hall, a eu lieu une runion (meeting) des Amis des Missions protestantes, dans le but de mieux assurer l'avenir leur propagande dans ces parages. Le prsident, M. Charles Hindley, aprs avoir expos les travaux des missions anglaises, a racont, au milieu de l'indignation gnrale, l'occupation rcente de Tati par nos marins. Il a rappel comment, ds le 21 novembre 1836, un petit navire de Vile de Gambier, ayant bord deux prtres catholiques romains, et natifs de France, avaient os aborder clandestinement dans l'le, et comment, en vertu d'ordres formels des autorits locales, ces prtres avaient t bnvolement reconduits leur navire, sans qu'on leur fit aucun mal. Mais voil que depuis la France s'est cru le droit de violer (nos lecteurs savent comment), de violer de la manire la plus criante les lois de Tati, en y tablissant de vive force sa domination, et bientt, si on la laisse faire, les missionnaires catholiques y jouiront absolument de la mme libert que les autres. Voyez-vous l'abomination! Nous nous plaisons ajouter qu'en finissant, M. Hindley, indign sans doute lui-mme des vocifrations de quelques-uns de ses collgues, a reconnu, un peu timidement peut-tre, que l'Angleterre, conformment mme au principe de la Rforme, l'indpendance de la raison, ne saurait nier absolument la France le droit de prcher ct d'elle. Mais aussitt un membre plus zl s'est lev violemment contre cette assertion du prsident, soutenant que le catholicisme n'avait pas le droit de s'tablir l plus qu'ailleurs, parce que le catholicisme est la plus affreuse superstition, la plus affreuse idoltrie, le plus affreux blasphme et la plus affreuse tyrannie qui ait jamais pouvant le monde. Puis le rvrend docteur Vaughan a dplor avec passion que le beau jardin de l'Ocan Pacifique, qui, par les soins des missionnaires anglais, avait fini par devenir productif et florissant, ft en ce moment, hlas! dvast par les mains de l'tranger, et il a menac le roi Louis-Philippe et M. Guizot, s'ils s'obstinent garder Tati, de l'excration de toute l'Angleterre et de toute l'Europe protestante. Il a rappel, non sans quelque loquence, que Cromwell avait prdit qu'un jour viendrait que le nom anglais serait redout dans le monde entier l'gal du nom romain, et il a dclar sans hsiter que, bien que la guerre soit le plus grand flau qui puisse affliger l'humanit, il est bien des cas o l'homme doit respecter le sabre et la baonnette, le canon et le fusil. On dira: de quoi se mlent ces mthodistes, qui passent leur vie chanter des psaumes? Que l'on ne croie pas que nous ne savons que chanter des psaumes... Quant aux Franais, s'ils continuent se faire les aptres du catholicisme, le rsultat sera contre eux et retombera sur eux, et cette vaine philosophie dont ils se vantent ne sera plus qu'un objet de drision. Enfin le rvrend docteur Alder a dclar et veut qu'on signifie au monde entier que quiconque se soumettra, Tati, l'autorit franaise, sera regard comme un ennemi de la religion protestante. Et le Morning-Chronicle, le journal de lord Palmerston, rivalisant de verve et de fureur avec les orateurs mthodistes, affirme, sans rire, qu'il n'y a pas dans toute l'histoire de croisade plus infme, plus effronte et plus bigote que notre expdition de Tati, etc., etc. En vrit, on ne saurait rfuter srieusement toutes ces dclamations, et il serait peu digne de rpondre ces injures. Mais n'est-il pas trange qu'aprs avoir t si longtemps damne par tout le Midi catholique, comme le grand foyer de la philosophie et la source infernale de toute hrsie et de tout mal, la France soit maudite aujourd'hui par le Nord protestant, comme le centre d'une propagande catholique menaante pour le reste du monde, et accuse de rver la Ligue, de mditer la Saint-Barthlemi, de tendre rtablir demain l'Inquisition, mme Tati! Que les mthodistes de Londres tchent donc de s'entendre un peu avec les sacristains d'Espagne et d'Italie sur le compte de cette pauvre France. En attendant, et ne considrer la chose qu' un point de vue humain, n'y a-t-il pas lieu de s'tonner que les mthodistes s'alarment tant des prdications dans l'le de quelques prtres natifs de France, comme ils disent. S'ils sont si srs de la supriorit de leur foi, devraient-ils tant se dfier de la puissance de leur parole, et tant craindre, pour parler leur langage, que l'clat de leur soleil soit effac sans retour par les tnbres de noire nuit? Si leur enseignement et leur discipline taient si doux aux sauvages, qu'ils nous disent donc pourquoi ces pauvres sauvages se sont ainsi mis d'eux-mmes sous notre protection et ainsi prcipits dans nos bras? Quel est donc ce droit exclusif la civilisation du monde que cette secte voudrait s'arroger dsormais? Mais dans cet archipel, elle n'a pas le droit de premier occupant? La prsence des catholiques dans ces les n'est point une nouveaut, et il parat qu'il y a exist une glise romaine desservie par quatre prtres. Il y a plus; l'action des missionnaires anglais, quoi qu'ils puissent dire, n'avait pas mme dans ces contres lointaines le prestige, sinon toujours la juste autorit, qui accompagne et sanctionne les entreprises d'une grande nation; car, comme le remarque sensment le Times, cette action manait surtout des sectes dissidentes de la Grande-Bretagne, tandis que les missionnaires catholiques romains, soit de Rome, soit de Paris, parlent le langage et se portent reprsentants d'une religion universelle et constitue de la faon la plus clatante. Comment donc l'Europe et le monde pourraient-ils prendre au srieux cette prtention de quelques mthodistes de Londres une sorte de monopole thocratique? et, d'un autre ct, comment admettre ce droit de domination politique en faveur du pays dont les missionnaires sont matriellement et accidentellement partis pour remplir une mission individuelle, et, dans tous les cas, toute spirituelle? La Nouvelle-Zlande aussi avait t d'abord visite par des Franais, qui s'y tablirent. Quelques annes aprs, des Anglais vinrent s'y tablir galement, et on ne voit pas que les rclamations de nos compatriotes, dans cette occasion, aient en rien mis obstacle la pleine souverainet de l'Angleterre. Si le principe est vrai, quand il nous dpouille l, pourquoi serait-il faux quand il nous favorise ici? Au reste, nous l'avons dit, tout ceci n'a gure d'importance que comme symptme de l'tat du monde, et comme un signe de plus des dispositions constantes d'une portion notable de la population anglaise l'gard de la France. Nos voisins ont beau faire, leur intrt, et leur intrt le plus positif, le plus immdiat, perce toujours travers leurs prdications les plus exaltes et leurs homlies les plus touchantes. Tels ils sont de nos jours, au su et au vu du monde entier, tels l'histoire nous les montre, de bonne heure exalts dans leur gosme et dans leur orgueil insulaire par cet isolement mme du reste du monde, envisageant toute chose, mme les choses saintes, sous le rapport de l'utilit, exploitant volontiers les ides religieuses du continent et les cultivant habilement leur profit, comme ils ont fait depuis et voudraient faire la philanthropie. Au quinzime sicle, par exemple, dj affranchie, quant elle, de l'influence papale dans les lections ecclsiastiques, l'Angleterre n'osait-elle pas accuser la France, soumise au pape, d'tre schismatique, sous ce prtexte que le pape rsidant Avignon n'tait plus le chef catholique, indpendant et lgitime de l'glise romaine? Elle sut se donner par l l'immense avantage d'appeler la guerre d'invasion qu'elle nous faisait une croisade; mais, ds qu'il n'y eut plus de pape franais, on ne voit pas que l'Angleterre se soit jamais beaucoup inquit de rformer ni le pontificat ni l'glise. Nous ne sommes pas de ceux qui jugent absolument de la grandeur d'un peuple par l'tendue de son territoire, et nous croyons que ceux-l se trompent grossirement qui mesurent l'abaissement prtendu de notre pays au nombre et l'immensit des possessions gagnes depuis un sicle, et la plupart sur nous, par les Anglais. Nanmoins, en voyant, au del de la Manche, fermenter sourdement encore tant de haine contre nous, au moment mme o, en France, l'esprit public, qui nous a levs si longtemps au-dessus de tous les peuples du monde, semble languir, sinon s'affaisser et s'teindre, nous ne croyons pas inutile de jeter un coup d'oeil sur le pass et de rappeler ce que nous avons perdu, depuis un sicle, de possessions coloniales. Il y a un sicle, bien qu'affaiblie par le trait d'Utrecht, la France possdait la suprmatie comme puissance continentale et coloniale. Elle possdait presque toutes les Antilles; ses colonies d'Acadie, du Canada, de la Louisiane s'tendaient de jour en jour; indpendamment de Qubec et de Montral, de Mobile et de la Nouvelle-Orlans, de nouvelles villes se fondaient, des forts taient construits sur le Mississipi, sur les lacs et les rivires du Canada. En Afrique, elle possdait le Sngal et Gore; elle colonisait Madagascar; les les de France, Bourbon, Sainte-Marie, Rodrigue, lui appartenaient; enfin, elle dominait dans l'Inde, sous le commandement de Dumas, de La Bourdonnaye, de Dupleix; elle y acqurait de vastes territoires, et les rajahs taient ses vassaux. A cette poque, l'Angleterre posait peine le pied en Amrique, et dans l'Inde, elle ne possdait que le fort Williams, auprs de Kali-Katta (Calcutta), et Bombay. De toutes ces anciennes possessions en Asie, en Afrique, en Amrique, on peut dire que la France a tout perdu, sauf des points insignifiants, sans importance, et depuis quelques annes ravags par tous les flaux. En revanche, et depuis 1740, l'Angleterre, ou si l'on veut la race anglaise, a augment ses possessions dans une proportion incroyable. Elle a gagn: En Europe, Malte et le protectorat des les Ioniennes, l'le d'Hligoland. En Asie, la ville d'Aden, qui commande la mer Rouge; l'le de Ceylan, la grande presqu'le de l'Inde, soit en possession directe, soit en vassalit complte. Sans compter les possessions de la presqu'le au del du Gange et les les Singapoure, Pinang, Sumatra, etc., etc., la Grande-Bretagne possde dans l'indoustan 1,103,000 milles carrs de territoire, nourrissant cent vingt-trois millions d'habitants. Et la Chine, que devient-elle? En Afrique: Bathurta, les les de Loss, Sierra-Leone, de nombreux tablissements sur la cte de Guine, Fernando P, les les de l'Ascension et Sainte-Hlne, la colonie du Cap, le Port-Natal, l'Ile-de-France (Maurice), Rodrigue, les Seychelles, Socolora, etc. En Amrique: le Canada et tout le continent septentrional, jusqu'au mont Saint-Elie; l'ouest, les Lucayes, presque toutes les Antilles, la Trinit, une partie de la Guyane, les Malouines, Balla, Ruattan, les Bermudes, etc. Dans l'Ocanie: la plus grande partie de l'Australie, la Tasmanie (terre de Van-Diemen), la Nouvelle-Zlande, Norfolk, Hawa (les les Sandwich), etc., etc. Et dans toutes les parties du monde, des prtentions excessives qu'il serait infiniment trop long d'numrer. Et maintenant, parce que la reine de Tati a mis spontanment sous la protection de notre pavillon les fleurs de son petit jardin, o les navires anglais seront encore libres de venir chercher des lgumes et les boeufs qu'ils y ont imports, c'est nous qui menaons l'indpendance du monde; c'est nous qui sommes la veille de lui imposer par la force nos moeurs, nos lois, notre religion. Et c'est l'Angleterre qui se plaint! En prsence de pareils faits, comment y a-t-il en France un seul homme qui hsite sur la question de la colonisation de l'Algrie, et pourquoi faut-il que la France soit peine reprsente cette heure en Asie, au milieu des grands vnements qui se prparent l et particulirement dans le cleste empire de la Chine? Courrier de Paris. LE CIGARE.--FRATERNIT.--LE ROCHER DE CANCALE.--UN TURBOT DANS L'EMBARRAS.--LE CHANGEMENT DE DYNASTIE.--PAUL 1er.--LE SAVANT PRCEPTEUR.--LE BAL REPRSENTATIF.--ARMISTICE DANSANT.--LES MORTS MILLIONNAIRES.--PETITS ENFANTS. On n'y prend pas garde; mais il avance, mais il se propage, mais de jour en jour il tend sa conqute. Comment y mettre obstacle? Par o le fuir? Les plus rebelles sont obligs de subir sa tyrannie; les plus agiles ne peuvent l'viter. Il est partout, il entre partout, il vous saisit l'improviste, il vous attaque au moment o vous y pensez le moins. Le matin et le soir, le jour et la nuit, le dmon continue sa poursuite. Flnez-vous la grce de Dieu, sur l'asphalte des boulevards, le voil qui vous arrte au passage et vous saute la gorge; entrez-vous dans les rues, il vous attend chaque porte et s'embusque l'angle des maisons. Vous abritez-vous dans votre demeure, comme dans une citadelle, il court travers l'escalier et pntre chez vous par la fentre entr'ouverte ou par le trou des serrures.--De quoi s'agit-t-il? d'o vient cet ennemi si audacieux, si entreprenant, si invitable, si subtil? Comment le reconnatre? Quel est son visage et quel est son nom?--Sa patrie se trouve par del les mers; il est parti du Nouveau-Monde pour conqurir l'Ancien. Quant son air et sa tournure, on ne souponnerait jamais qu'un personnage si lger, si fragile, ft capable de telles entreprises et d'une telle domination. Figurez-vous que ce terrible conqurant se laisse trs-paisiblement mettre dans la poche et enfermer dans un tui; puis vous le prenez, sans plus de faon, entre vos deux doigts, et vous le portez votre bouche, et vous le pressez sur vos lvres et entre vos dents; lui cependant de se laisser faire. On n'a jamais vu de tyran, en apparence plus humain et plus docile. Mais c'est prcisment quand il parat si humble et si soumis, qu'il se montre tout coup et sme dans l'air les preuves de son audacieux caractre. Voyez comme il se trahit lui-mme. Ce n'est plus l'innocent de tout l'heure. Il s'chauffe, il prend flamme, et une fois qu'il est en feu, tout est dit, il ne respecte plus rien.--Une jolie femme rose, et blanche, fine et effarouche, vient-elle passer prs de lui d'un pied furtif, l'insolent se jette sous son nez--Un honnte bourgeois ouvre-t-il la bouche pour respirer l'air frais du matin, le bourreau lui court sus, et va tout droit se loger dans son gosier, au risque de lui faire perdre haleine. Que vous dirai-je? il apostrophe les plus dlicates et les plus timides, en vritable dragon. Encore, s'il avait des formes visibles et palpables, on le verra ......Buy Now (To Read More)
Ebook Number: 34976
Author: Various
Release Date: Jan 15, 2011
Format: eBook
Language: French
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