L'Illustration, No. 0017, 24 Juin 1843

L'Illustration, No. 0017, 24 Juin 1843 N 17. Vol. I.--SAMEDI 24 JUIN 1843. Bureaux, rue de Seine,...
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L'Illustration, No. 0017, 24 Juin 1843

N 17. Vol. I.--SAMEDI 24 JUIN 1843. Bureaux, rue de Seine, 33.--Rimprim. Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N, 75 c.--La collection mensuelle, 2 fr. 75. Ab. pour les Dp.--3 mois. 9 fr.--6 mois. 17 fr.--Un an. 32 fr. pour l'tranger -- 10 -- 20 -- 40 SOMMAIRE. Courrier de Paris. Portraits de doa Francisca, princesse de Joinville, de don Pedro II, empereur du Brsil, et de doa Juanaria, sa soeur.--Acadmie des sciences. Premier trimestre 1843.--Troubles en Irlande (suite et fin). Vue de la ville de Cork; Chteau de Dublin; Rvolte au post-Office.--Le Major Anspech, nouvelle, par M. Marc Fournier, avec une gravure.--Ftes des environs de Paris. Tombeau de Jacques de Bourgoin et de messire Aymon Corbeil; Fte de Corbeil; Jeux du tourniquet et du Baquet Saint-Germain; le jeu des Ciseaux, Nanterre; Conduite de la Rosire la Mairie de Nanterre; Couronnement de la Rosire.--Promenade sur les fortifications de Paris (suite) Treize gravures.--Ncrologie. Thomire. Portrait de Thomire et trois gravures.--Transport des diligences ordinaires sur les Chemins de Fer. Deux gravures.--Bulletin bibliographique. --Annonces.--Modes. Une gravure.--Amusements des Sciences. Quatre gravures.--Rbus. Courrier de Paris. L'anne 1843 aura t fconde en bndictions nuptiales pour la branche cadette: tandis que la princesse Clmentine devenait duchesse de Saxe-Cobourg, le prince de Joinville, son frre, demandait la main de doa Francisca de Bragance, et Bragance et Orlans contractaient mariage Rio-Janeiro. Je ne sais ce qu'en pense la branche ane; mais voil des hymens, comme disent les potes, qui prouvent que la branche cadette a bonne envie de fructifier. Que les temps sont changs! Autrefois ces unions de princesses et de princes auraient fait pousser, autour de l'autel nuptial, des moissons d'odes, de dithyrambes et d'pithalames; aujourd'hui, elles n'ont pas mme produit quelques rimes obscurment relgues dans les limbes du Moniteur. Nous sommes peu prs guris de la contagion de la posie officielle; il nous reste encore assez d'autres maladies sans celle-l! Trois personnes gagnent cette gurison: la nation, le prince et le pote. Le mariage du prince de Joinville sort cependant des habitudes froidement solennelles des mariages princiers; il a je ne sais quel air d'entreprise amoureuse qui le rend plus aimable; on dirait qu'un peu de posie romantique a pass par l. Il est certain, en effet, qu'avant tout projet d'alliance, M. de Joinville aimait doa Francisca, et que doa Francisca prouvait pour M. de Joinville un sentiment fort tendre. Cette double affection tait ne pendant le rapide sjour du prince Rio-Janeiro, il y a deux ans, je crois. Doa Francisca de Bragance, princesse de Joinville. Armer un vaisseau, traverser les mers, aborder une cour lointaine, pour y chercher une belle princesse dont on est pris, n'est-ce pas l une aventure que rompt agrablement la rigueur habituelle de l'tiquette diplomatique, et touche, par un certain ct galant, au beau Tristan de Lonais et l'Amadis des Gaules? Don Pedro II, empereur du Brsil, frre de la princesse de Joinville. M. de Joinville et doa Francisca de Bragance ont fait une chose presque inconnue dans le monde des rois et des reines, un mariage d'inclination! En ce moment, la frgate la Belle-Poule emporte les deux jeunes poux vers la France. Bientt Paris saura si le Brsil, terrain fcond en fleurs magnifiques et charmantes, produit des princesses semblables ses fleurs. Le jour o doa Francisca se montrera pour la premire fois l'Opra sera le jour d'preuve: l'arme des lorgnons et des binocles se tendra sous les armes; et le lendemain les yeux, la taille, le teint, la bouche, toute la personne de la princesse passera l'ordre du jour des boudoirs et des salons. Si j'en crois un jeune Brsilien de mes amis, don Jos Alvarez Pedro Manol, la princesse doa Francisca n'a rien redouter de cette curiosit parisienne. Don Jos Alvarez Pedro Manol me parlait encore hier de ses adorables cheveux d'un blond dor, de son regard de feu, de sa taille de liane, avec un ardeur toute brsilienne qui donne des garanties. Doa Juanaria, soeur de la princesse de Joinville. Don Jos Alvarez Pedro Manol n'est pas moins charm des grces de son esprit et de son caractre. Il vante son intelligence et son humeur enjoue. Doa Francisca, me disait-il, joint toute cette humeur vive et piquante beaucoup d'imagination et de sensibilit; et don Manol m'en donnait la preuve que voici. Doa Francisca aime avec passion les oiseaux et les fleurs; force de soins et de recherches, elle tait parvenue peupler sa volire des htes les plus charmants et les plus rares, mlodieux captifs au plumage diapr. La jeune Francisca se plaisait visiter ce bataillon ail, peint des plus vives couleurs; un livre il la main, elle passait des heures entires prs de ses oiseaux chris, mlant ainsi sa lecture la mlodie de leurs chansons. Un jour, un bruit sinistre vint la surprendre au milieu de ces potiques loisirs: c'tait la nouvelle de la mort du son pre, don Pedro Ier, arrive de Lisbonne. Doa Francisca versa d'abondantes larmes; puis tout coup, s'approchant de la volire, elle en brisa la porte, disant que les chants joyeux ne convenaient pas un jour de deuil. Les prisonniers s'chappant par voles, gagnrent l'espace et l'air libre avec mille gazouillements, et tout devint silencieux et triste autour de doa Francisca, triste comme son coeur filial. Si don Jos Alvarez Pedro Manol loue la grce et l'amabilit de doa Francisca, il n'est pas moins charm de doa Juanaria, sa soeur ane, et de son frre don Pedro II empereur du Brsil. On voit que don Jos Alvarez Pedro Manol adore toute la famille; mais son adoration s'explique par des causes diffrentes: dans doa Francisca il aime, nous l'avons vu, l'enjouement et la vivacit; doa Juanaria lui plat, au contraire, par un certain air srieux et prudent qui n'te rien sa beaut; doa Francisca, en un mot, est plutt faite pour devenir une charmante Parisienne, et doa Juanaria pour rester reine ou impratrice. Quant l'empereur don Pedro II, empereur de dix-huit ans, don Jos Pedro Alvarez Manol le traite avec la mme munificence; quoi qu'on en ait pu dire, il lui accorde la rsolution et l'activit, le dclarant trs-instruit, pour son ge du moins, grand amateur de lecture et ferr sur la gographie et l'histoire,--Il est bon qu'un empereur sache l'histoire, et surtout qu'il en profite! Maintenant faut-il se fier mon ami don Jos Pedro Alvarez Manol? Est-ce un peintre, comme il y en a tant, qui flatte ses modles, ou don Jos Pedro Alvarez Manol fait-il des portraits ressemblants? Pour ce qui regarde doa Francisca, nous en jugerons bientt par nos propres yeux. Quant doa Juanaria et l'empereur don Pedro II, nous ne sommes pas encore rsolu, pour vrifier le fait, et entreprendre le voyage du Brsil[1]. [Note 1: Les portraits que nous donnons en premire page, sont les copies fidles de trois lithographies publies Rio-Janeiro, et fort rares en France.] --L'Acadmie-Franaise vient d'arrter la liste des vainqueurs au prix Montyon; mademoiselle Bertin, M. Agnor Gasparin, mademoiselle Allais Martin, mademoiselle Flicie Aysac, ont remport la palme dans le champ-clos de la littrature morale; 1,000 fr. l'une, 1,500 fr. l'autre, 2,000 celle-ci et celle-l, tel est le total de cette distribution acadmique. Ces couronnes seront dcernes dans la sance solennelle du mois d'aot, en mme temps que les prix d'loquence et de posie. Alors, M. le secrtaire perptuel nous expliquera sans doute comment madame Agnor Gasparin a pour 1,000 fr. de moralit de plus que mademoiselle Anas Martin, et mademoiselle Flicie Aysac 500 fr, seulement. Dans une matire aussi dlicate, je suis pour l'galit des rcompenses; rien ne me parait moins propre honorer vritablement la vertu que ce systme de tarif et cet tablissement de poids et mesures. La belle chose que de peser la morale et de l'estimer par francs et deniers! A vingt sous cette morale! A cinquante centimes cette autre! Nous en achetons tous prix; nous en vendons au mtre et au millimtre. Entrez, messieurs! entrez, mesdames! Il est bon de remarquer que quatre femmes ont obtenu ces quatre prix rservs aux ouvrages les plus utiles aux moeurs, selon l'expression de M. de Montyon. Nous en sommes ravi pour notre compte; si la morale est enseigne par ces dames, il y a plus de chances pour qu'elle fasse des proslytes. Loin de nous donc de constater cette quadruple victoire fminine pour nous en plaindre! elle nous fournit seulement une preuve nouvelle de la conqute entreprise par la robe sur l'habit, dans toutes les voies de la littrature, conqute que nous avons dj plus d'une fois signale. Madame Collet-Revoil, la premire, a dbusqu l'homme du prix de posie; mesdames Gasparin, Bertin, Martin, Aysac, viennent de lui enlever le prix de morale la pointe de la plume. Ainsi, quand nous voudrons un peu de rimes et de moeurs, il faudra tendre la main ces demoiselles et ces dames acadmiques, et leur demander la charit. Un homme,--qui le croirait?--se fait le complice de cet envahissement universel et littraire de la femme; il complote un projet qui doit l'tendre et le consolider. Cet homme, transfuge du parti barbu, est M. le comte de Castellane. Qui n'a pas entendu parler de M. de Castellane? Il y a trois raisons principales pour qu'on parle de M. le comte; il est trs-riche, il n'est pas trs-jeune, il a une trs-jolie femme; M. de Castellane, en outre, a des gots de Mcne qui lui ont fait une renomm. Son magnifique htel du faubourg Saint-Honor s'est donn longtemps des airs de Conservatoire au petit pied, cole de chant et de dclamation. La tragdie, la comdie, l'opra-comique, envoyaient au thtre Castellane leurs nourrissons au maillot. Pendant plusieurs annes, l'art dramatique a profit de ces encouragements et de cette hospitalit de M. de Castellane... pour boire du punch et prendre d'excellentes glaces. M. de Castellane (on en cherchait la raison) avait tout coup renonc ces soires dramatico-punches; c'est qu'il se prparait une grande entreprise. Mdit loisir, mri avec soin, le projet de M. de Castellane est prs d'clore. Il ne s'agit plus de donner le biberon des Alcestes, des Climnes, des Achilles, des Clytemnestres en herbe, M. le comte a des vises hautes; la gloire de Richelieu l'empche de dormir. Comme le fameux cardinal. M. de Castellane veut fonder une acadmie, l'acadmie de Richelieu, au sexe prs; je veux dire que M. le comte jette en ce moment les bases d'une acadmie de femmes. M. de Castellane a t frapp, comme nous, du prodigieux accroissement des gnies en cotillon et des muses de tout ge et de toute espce. Son acadmie est destine leur ouvrir un temple. On y entrera par l'lection, comme l'Acadmie-Franaise, et le chiffre des lues ne dpassera pas quarante. Le rglement est encore un secret; nous le publierons ds qu'il nous sera connu. Tout ce que nous en savons, c'est que l'article concernant le costume d'acadmicienne dclare que le bas-bleu est de rigueur. Un nouveau journal politique et littraire vient de paratre sous le titre du Parisien. Celle feuille quotidienne se vend deux sous. Que voulez-vous? elle ne s'estime pas davantage; il y a tant de gens et de journaux qui se surfont! Le Parisien a imagin une manire originale de se faire lire et de gagner une clientle: il s'est mis en dpt et se distribue chez tous les piciers. Ds le matin la boutique du coin reoit sa pacotille de littrature et de politique dix centimes; le Parisien commence sa journe par o la plupart de ses confrres la finissent: il va du premier coup l'picerie; cela s'appelle marcher droit son but. Les portires y mordent, et prennent tous les jours pour un sou de fromage et pour deux sous de Parisien. --Regniard et La Bruyre ont trac de main de matres le portrait du distrait; voici un trait digne de complter la peinture: Saint-A.... est l'original auquel je l'emprunte. Saint-A.... pousse la distraction au del de toute ide; Regniard n'a fait qu'une comdie et La Bruyre une esquisse; je pourrais en faire vingt avec les distractions de Saint-A..... mais ce n'est pas mon envie; je me contenterai de dire que dix fois Saint-A.... faillit se jeter par la fentre, croyant entrer par la porte. Avant-hier, passant, accompagn de Saint-A...., sur le pont d'Austerlitz, je m'aperus que mon original ramassait un petit caillou qu'il se mit rouler et faire sauter dans sa main. Au mme instant je lui demandai: Quelle heure est-il? Saint-A.... tira sa montre et me rpondit: Deux heures. Nous n'avions pas fait deux pas, que mon homme s'arrta tout coup, et, rejetant son bras droit en arrire, lana dans l'air avec force quelque chose qui franchit le pont, tomba dans la Seine et s'engloutit dans l'eau bouillante. Qu'est-ce cela? dis-je en m'approchant! de Saint-A...--C'est un caillou dont j'ai gratifi le fleuve, me rpondit-il du plus beau sang-froid.--Eh! malheureux, c'est ta montre! En effet, le distrait venait de faire la Seine cadeau d'une superbe brguet rptition. Avis aux pcheurs la ligne! --La chronique des vols de la semaine a racont l'entreprise effronte de quatre bandits qui se sont introduits chez un de nos ministres vers la chute du jour. Exercer la barbe du gouvernement, n'est-ce pas le nec plus ultra de l'audace larronne? Mais enfin voil nos fripons matres du champ de bataille; ils rdent, ils cherchent, ils prennent; un bruit venu du dehors leur donne l'veil et les met en fuite avant qu'ils aient eu le temps de s'emparer du plus riche butin; quelques chemises, quelques gilets, deux ou trois habits, sont tout le fruit de leur rapine. Le lendemain, le commissaire de police dressant son procs-verbal aperoit une culotte suspendue un arbre du jardin par o la bande s'tait enfuie; culotte vole dans cette expdition, mais ddaigne et laisse l par les voleurs. Quoi donc! est-ce que le ministre mriterait le reproche que saint loi adresse au bon roi Dagobert? --Comme on fait voyager les renommes! Tout le monde croit, depuis un mois, George Sand parti pour l'Orient; tous les journaux de Paris l'ont affirm, tous les journaux de province l'ont rpt, tous les journaux de l'Europe vont le redire, tous les journaux du monde l'auront imprim dans quelques mois; eh bien! Paris, l'Europe et le monde auront chang une fausse nouvelle; non-seulement George Sand n'est pas en route pour Constantinople; mais il ne songe mme pas partir. Tandis qu'on le fait naviguer sur le Danube ou sur le Bosphore, et que dj peut-tre on publie le rcit de sa visite au srail et de son entrevue avec Abdul-Mjid, George Sand est tranquillement retir dans son chteau de Nohant, recueilli en lui-mme et sollicitant de son gnie une oeuvre nouvelle, une de ces crations originales et puissantes qui intressent si fortement l'esprit, meuvent le coeur, et n'ouvriront certes pas George Sand les portes de l'acadmie de M. de Castellane. --Si l'illustre auteur d'Indiana reste dans son chteau, d'autres portes et d'autres romanciers voyagent. M. de Chateaubriand vient de partir pour les eaux; M. de Lamartine doit, dit-on, le rejoindre: il n'est pas jusqu' M. Victor Hugo qui ne se prpare quitter les vieux piliers de la place Royale, pour aller quelque part faire prendre l'air son gnie. M. Victor Hugo retournerait-il sur le Rhin? Qu'il n'en rapporte pas des Burgraves, au nom du ciel! --On va en Angleterre, en Allemagne, aux Pyrnes, aux Alpes, en Italie; c'est un excellent moment pour se munir de l'Itinraire de la Suisse, par M. Adolphe Joanne. La rputation de ce livre prcieux est faite depuis longtemps, et nous n'avons pas y travailler ici: le seul dfaut que je lui trouve, a dit un voyageur en Suisse, c'est d'tre trop exact. Le mot est mrit. Cet itinraire damn vous met en effet le pied tout juste l'endroit o il faut le poser: les villes, les routes, les chemins, les sentiers, les excellents htels, les montagnes, les plaines, les valles, les fleuves, les ruisseaux, vous avez tout cela exactement dans votre poche, grce M. Adolphe Joanne, ce dieu des itinraires. M. Joanne ne vous laisse rien deviner; impossible d'avoir avec lui le plaisir de s'garer et de faire un mauvais pas. Se servir du livre de M. Adolphe Joanne, c'est dj beaucoup; mais voyager avec M. Adolphe Joanne lui-mme, voil le vrai bonheur! ce bonheur je l'ai eu; or, comme tout le monde ne saurait aspirer une telle flicit, l'Itinraire dfaut de l'auteur lui-mme, est une grande et utile compensation, que je conseille. --On nous crit de Saint-Ptersbourg; Rubini est ici depuis quelque temps; il assistait dernirement une reprsentation des comdiens franais; l'Empereur tait dans sa loge. S. M., informe de la prsence du clbre tnor, l'envoya mander. Eh bien! monsieur Rubini, lui dit-il en le voyant, vous venez: donc nous voir, nous autres sauvages; c'est Amphion ou Orphe au milieu des tigres et des ours, vont dire vos spirituels feuilletons parisiens. Soit! monsieur Rubini mais vous voici, et vous ne nous quitterez pas sans nous avoir civiliss. Rubini s'inclinait avec toute la grce d'un tnor.--Alors l'empereur lui dclara qu'il avait rsolu d'tablir un thtre italien Saint-Ptersbourg, et que c'tait lui, Rubini, qu'il confiait l'entreprise.--Sire, dit Rubini, je ne chante plus, j'ai abdiqu.--Vous chanterez, monsieur Rubini, et vous me ferez un thtre italien; l'Empereur vous en prie.--Comment rsister cette prire de toutes les Russies? Rubini a cd, Rubini chantera, Rubini dotera la Russie de la fioriture et de la cavatine; incessamment Saint-Ptersbourg sera un furieux dilettante. Il ne lui manquait plus que cela! --Peut-tre se rappelle-t-on la nouvelle que nous avons dernirement donne de l'arrive Paris d'un cor, ou plutt d'un corniste merveilleux; tout en louant le talent extraordinaire de M. Vivier,--et c'tait pour lui le point principal,--nous avions hasard quelques dtails sur les commencements de ce jeune artiste: M. Vivier tait Lyon simple commis marchand, lorsque le got de la musique s'veilla en lui. Voil ce que nous avions dit ou peu prs; il parait que cette qualit de commis marchand a dplu M. Vivier ou quelqu'un des siens; le corniste nous prie de rectifier le fait, en annonant qu'il n'a jamais appartenu au commerce, mais l'administration des contributions indirectes. Puisque cela fait plaisir M. Vivier, nous dclarons qu'il tait commis de ceci, au lieu d'tre commis de cela; mais nous ne voyons pas ce que M. Vivier y gagne. Nous engageons cependant M. Vivier lire le Philosophe sans le savoir il y trouvera une tirade sur le commerce, qui le fera peut-tre revenir au commis marchand. --Le faubourg Saint-Germain est en rumeur depuis quelques jours, o s'y passe une aventure dont le hros infortun est un de ces hommes bonnes fortunes qui ne doutent de rien, et sont souvent dupes de leur vanit et de leur audace mme. Voici le fait: Le jeune comte de B... poursuivait, depuis un mois, de ses impertinentes attaques, la jolie madame C... de N... Il faut vous dire que madame C... de N... tout rcemment marie, adore son mari, homme de coeur et d'esprit. D'abord la jeune femme s'amusa des prtentions de M. de B...; celui-ci, comme tous les fats, s'y trompa, et se crut aim ou tout prs de l'tre. Un soir, avec une incroyable impudence, il escalada un mur du jardin et se glissa dans la chambre coucher de madame C... de N...; un valet le vit, le reconnut, et vint avertir sa matresse; celle-ci, effraye, envoya chercher son mari et lui confia l'insolent guet-apens du comte. Mais de grce, point de bruit et point de violence, dit-elle toute ple et mue.--Sois tranquille, je traiterai le drle comme il le mrite. C... de N... descend l'escalier tranquillement, ouvre la porte de la chambre de sa femme; de B... surpris, arrive sa rencontre. Le mari, sans s'mouvoir, s'approche de lui le plus prs possible, et, levant le talon de sa botte, il lui marche rudement sur le pied. La douleur est si vive, que de B... pousse un cri. Mille pardons, dit le mari du ton de la plus exquise politesse, mais je ne pensais pas qu'il dt y avoir ici un autre pied que le mien. On ajoute que de B... s'est content de partir le lendemain pour Naples. Acadmie des Sciences. COMPTE-RENDU DES TRAVAUX DU PREMIER TRIMESTRE DE 1843. (Suite et fin.--Voir pages 217 et 234) SCIENCES MATHMATIQUES. Haute analyses--Le plus fcond des gomtres de nos jours, M. Gauchy, a lu l'Acadmie, dans le premier trimestre de cette anne, sept ou huit mmoires importants de haute analyse dont il ne nous est pas possible de donner ici une ide. M. Liouville a lu aussi, sur la mcanique rationnelle, deux mmoires riches en rsultats curieux. Parmi les autres communications faites l'Acadmie sur les hautes mathmatiques il nous suffira de mentionner celles de MM. Binet, Gascheau, Brassine, Frizon, etc. Histoire de l'arithmtique.--Mais nous devons une mention spciale aux beaux travaux de M. Chasles sur l'histoire des mathmatiques au Moyen-Age, et notamment sur l'introduction du systme de numration que l'on a improprement attribu pendant si longtemps aux Arabes. M. Chasles interprtant un passage de la gomtrie de Boce avec plus de soin et de critique qu'on ne l'avait fait avant lui avait rendu trs-plausible l'opinion dj mise avant lui que ce passage indiquait rellement l'emploi d'un systme de numration tout fait analogue au ntre, chaque chiffre plac la gauche d'un autre marquant des collections d'units dix fois plus fortes. La traduction qu'il vient de donner du trait de l'Abacus de Gerbert, et les savants commentaires dont il l'a accompagn, ne peuvent plus laisser de doutes aujourd'hui sur l'anciennet du systme actuel de numration dans l'Occident, o il s'est conserv par l'cole pythagorienne jusqu' l'poque o il est devenu vulgaire. Ainsi se trouvent rfutes victorieusement les prtentions d'un savant, assurment fort vers en cette matire, avait cru devoir lever en faveur de Lonard de Pise. L'Abacus de ce gomtre n'a paru qu'en 1262; et notre Gerbert, n en Auvergne, comme on sait, fut lu pape sous le nom de Sylvestre II en 999. C'est donc un de nos compatriotes, trop oubli par les historiens modernes, mais dont la haute influence sur son sicle ne saurait tre trop apprcie, qui il le plus contribu rpandre l'tude des sciences mathmatiques une poque de barbarie, et prparer, par la vulgarisation d'un systme convenable de numration, les progrs des sicles suivants. Dcs et nominations.--M. Puissant, auquel la nouvelle carte de France doit tout, est mort le 10 janvier dernier; il a t remplac dans la section de gomtrie par M. Lain, auquel ses beaux travaux sur la thorie mathmatique de la chaleur sur l'analyse indtermine, sur la mcanique, lui mritaient depuis longtemps cet honneur. M. Hansen, de Gotta, a t nomm correspondant de la section de gomtrie. V.--ASTRONOMIE. Comtes.-L'apparition de la grande comte a t l'vnement astronomique le plus important du dernier trimestre. Nous avons dj parl de cet astre, et nous en avons donn la figure (p. 64). Il nous suffira donc d'ajouter que la dtermination de l'orbite de cet astre a fait reconnatre diverses particularits trs-curieuses qui le placent au nombre des plus remarquables que l'on ait jamais observs. Ainsi, d'abord, notre comte s'est plus approcher du soleil qu'aucune autre, mme que celle de 1680. Lorsqu'elle tait son prihlie, c'est--dire sa moindre distance au soleil, elle se mouvait avec une vitesse gale huit cent trente-deux fois celle d'un boulet au sortir du canon. Elle est venue s'interposer, le 27 fvrier, entre le soleil et la terre, et elle avait pass derrire le soleil le mme jour. La longueur de sa queue tait d'environ 236 millions de kilomtres, et si cette queue avait t seulement deux fois plus large, elle aurait infailliblement rencontr notre globe.--La comte a t visible en plein midi, dans quelques villes d'Italie, au commencement de mars.--On a quelque raison de croire qu'elle a dj t vue antrieurement, mais il n'y a rien de certain ce sujet. M. Laugier a communiqu les phmrides de la comte qu'il a dcouverte Paris le 28 octobre 1842. Cette comte qui, vers la fin du mois de novembre, a quitt la rgion du ciel visible Paris, y est revenue dans la premire semaine de fvrier; mais les circonstances ont t trop dfavorables pour qu'elle ait pu tre aperue. Mouvement du soleil dans l'espace.--Une des questions les plus propres captiver l'attention des savants et des gens du monde eux-mmes, est celle de la position relative de notre systme plantaire dans l'espace, et du mouvement propre dont il est dou. Ce mouvement, raison du prodigieux loignement des toiles ne devient sensible qu'au bout d'un grand nombre d'annes; mais il ne peut plus tre mis en doute aujourd'hui. Mettant profit les donnes que les observations ont accumules. M. Bravais, professeur d'astronomie la Facult des Sciences de Lyon, a soumis un calcul la recherche de la direction et de la vitesse de ce mouvement dans l'espace. Ce calcul, un des plus intressants qui puissent se prsenter dans la mcanique cleste, l'a conduit un rsultat qui diffrent trs-peu de celui auquel M. Argelander, habile astronome allemand, tait arriv par une mthode entirement diffrente. Et comme les hypothses que l'un et l'autre avaient t obligs de faire pour suppler l'insuffisance de certaines donnes, pchent en sens contraire, il est extrmement probable que la vrit doit tre comprise entre ces deux rsultats. M. Bravais est dj connu du monde savant par les rsultats remarquables auxquels il est parvenu sur le mode d'insertion des feuilles autour des tiges; par la riche moisson d'observations astronomiques gologiques, mtorologiques et magntiques qu'il a recueillies comme membre de la commission du Nord; par ses recherches sur la gomtrie pure et sur le calcul des probabilits,--Le nouveau travail dont nous venons de donner un aperu justifie les paroles par lesquelles feu M. Savary caractrisait M. Bravais ds 1838, lorsqu'il le dsignait l'Acadmie comme aussi capable de bien discuter ses observations mie de les bien faire, qualits dont la runion a toujours t fort rare. L'Atlas des phnomnes clestes pour 1843, par M. Dien, mrite d'tre signal aux amateurs d'astronomie, qui y trouveront la marche des plantes au travers du ciel toil et tous les phnomnes clestes de quelque importance. VI.--GOLOGIE ET MINRALOGIE. Minraux curieux.--Le catalogue dj si nombreux des espces minrales a t enrichi d'une nouvelle espce que M. Dufrenoy, qui l'a analyse, appelle arsenio-sidrite. C'est un arsniate de fer trouv dans la mine de manganse de la Romanche, prs Mareuil. Ou a mis sous les yeux de l'Acadmie des chantillons remarquables de diamant. Les uns consistent en petits cristaux encore adhrents leur gangue, qui est un prs quartzeux; ils proviennent du Brsil. Un autre est un minral noir trs-dur achet Borno. On voulait s'assurer, par certaines expriences de polarisation, que ce minral est bien un diamant, et pour cela il fallait y dterminer une petite facette polie.--Mais aprs un travail continu de vingt-quatre heures, un des plus habiles lapidaires de Paris n'a pas russi mousser une seule des pointes dont la surface du minral est recouverte, et sa roue mme a beaucoup souffert de cet essai. M. Dumas, aprs avoir examin l'chantillon, a pens que ce minral est un diamant de nature, nom qu'on donne dans le commerce des diamants qui ne sont susceptibles ni de se polir ni de se cliver, et qu'on rserve pour faire la poudre de diamants. Les minraux prcieux semblent s'tre donn rendez-vous l'Acadmie, car M. de Humboldt lui a communiqu une notice trs-intressante sur une ppite d'or vraiment monstrueuse, trouve le 7 novembre dernier sur la pointe asiatique de la partie mridionale de l'Oural. Cette ppite pse plus de trente-six kilogrammes; c'est aujourd'hui la plus grande qui soit connue. Celle qui fut dcouverte en 1721 aux tats-Unis dans le comt d'Anson, monts Allganys, Caroline du Nord, pse vingt-un kilogrammes sept cents grammes.. Recherches sur le diluvium.--On sait quelle importance les travaux de M. Agassiz et de Charpentier ont donne aux glaciers, depuis quelques annes, pour l'explication de certains phnomnes gologiques. C'est leur action que ces savants attribuent le poli et les stries que l'on observe sur certaines roches des Alpes et d'autres chanes de montagnes, aussi bien que le transport des blues erratiques, souvent normes, que l'on trouve parfois une grande hauteur sur le versant du Jura qui regarde les Alpes. Les gologues sont encore trs-diviss sur ces questions, et en France comme en Allemagne, la thorie des glaciers a rencontr d'ardents adversaires. Dans ce nombre il faut ranger MM. de Collegne et Fournet, qui ont adress l'Acadmie des mmoires, l'un sur les terrains diluviens des Pyrnes, l'autre sur le diluvium de la France. Nous ne prtendons en aucune faon nier les conclusions auxquelles ces messieurs sont parvenus, en refusant aux glaciers toute influence sur la production du phnomne diluvien dans les localits qu'ils ont dcrites; nous ferons seulement observer qu'ils donneraient leurs rfutations de l'hypothse glaciale beaucoup plus de force, s'il les appliquaient aux Alpes elles-mmes, et notamment aux nombreux exemples sur lesquels MM, Agassiz et de Charpentier ont bas leur thorie. Les savants suisses mritent bien qu'on leur fasse l'honneur d'aller les attaquer et les battre sur leur propre terrain. Jusqu' ce que quelque habile gologue franais se soit dvou une expdition de ce genre, les glaciers pourraient bien gagner encore bon nombre de proslytes. Dans une note sur le phnomne erratique du nord de l'Europe, M. Daubre, ingnieur des mines, comme M. Fournet, et comme lui professeur une facult des sciences s'est montr beaucoup plus rserv en ce qui concerne les causes. Il a constat que, dans les Alpes Scandinaves, les traces de transport et de frottement divergent, partir des rgions culminantes, en se rapprochant des lignes des plus grandes pentes du massif. MM. Keilhau et Siljestroem avaient fait la mme observation en d'autres points du massif, M. Daubre a aussi t conduit signaler plusieurs exhaussements et abaissements alternatifs du sol de la presqu'le Scandinave. Palontologie.--M. Brougniart a lu un rapport trs-favorable sur un mmoire de M. Alcide d'Orbigny, intitul; Coquilles fossiles de Colombie, recueillies par M. Boussigneault. M. d'Origny est arriv reconnatre l'existence du terrain crtac dans cette partie de l'Amrique mridionale, conformment aux conclusions de M. de Buch. Nouvelle carte gologique.--Nous avons vu avec lui vif intrt la nouvelle carte gognostique du plateau tertiaire parisien que M. Paulin, secrtaire de la Socit de Gologie, a prsent l'Acadmie. La perfection du coloriage fait honneur M Kaeppelin, imprimeur-lithographe, comme l'exactitude des dtails et la beaut du dessin l'auteur de cette carte. VII.--MCANIQUE APPLIQUE. Machines vapeur.--La thorie de la machine vapeur n'avait jamais t prsente que d'une manire inexacte jusque vers 1837; aussi les rsultats des calculs ne concordaient-ils jamais avec ceux de l'exprience, qu' condition d'tre multiplis par un certain coefficient numrique, variant de 0,5 0,6 suivant l'tat d'entretien, et le systme de construction de la machine. La thorie nouvelle, propose il y a quelques annes par M. de Paudour, n'est nullement sujette cet inconvnient, et ses consquences sont parfaitement d'accord avec celles de l'exprience. Il vi ......Buy Now (To Read More)

Product details

Ebook Number: 37319
Author: Various
Release Date: Sep 5, 2011
Format: eBook
Language: French

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