L'Illustration, No. 0056, 23 Mars 1844

L'Illustration, No. 0056, 23 Mars 1844 Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30...
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L'Illustration, No. 0056, 23 Mars 1844

Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Ab. pour les Dp.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an, 32 fr. Ab. pour l'tranger. -- 10 -- 20 -- 40 N 0056. Vol. III.--SAMEDI 23 MARS, 1844. Rimprim.--Bureaux, rue Richelieu, 60. SOMMAIRE. Exposition des Produits de l'Industrie de 1844. Vue extrieure des btiments.--Histoire de la Semaine.--La Couronne, romance de M. E. de Lonlay, musique de madame Pauline Duchambge.--Chemins de Fer. Carte des chemins de fer de France.--Courrier de Paris.--Les Plaisirs du Malheureux, imit de Lever. Une Gravure.--Ouverture du Muse de l'htel de Cluny et du Palais des Thermes. Triptique en bois dor et sculpt; Entre de l'Htel de Cluny; Verre boire; Vue de la Cour de l'Htel de Cluny; les Thermes de Julien.--Acadmie des Sciences. Compte rendu.--Petites Industries en plein vent. Sept Gravures.--Bulletin bibliographique.--Lettre d'un Abonn de Concarneau.--Caricature. Un Bal de Chiens.--Le Ballon de cuivre. Une Gravure.--Rbus. Exposition des Produits de l'Industrie de 1844. Une grande solennit industrielle se prpare Paris, solennit laquelle doivent assister et concourir tous les dpartements de France, tout ce que l'industrie compte d'adeptes, tous ceux enfin que l'industrie a levs, enrichis, distingus. Une exposition des produits de l'industrie doit s'ouvrir le 1er mai prochain, et durera deux mois.--Nous avons applaudi sans restriction au passage d'une circulaire du ministre du commerce relative l'exposition des produits de l'industrie de 1844, o, aprs avoir donn aux prfets diverses instructions sur la formation et les travaux des jurys dpartementaux, il ajoute: Les jurys, je n'en doute pas, seront heureux de pouvoir signaler les noms des industriels, chefs d'atelier ou simples ouvriers qui, par des perfectionnements ou des procds ingnieux, auraient rendu des services l'industrie. Ce sont l des titres honorables la reconnaissance du pays, et le gouvernement, sur le rapport du jury central, saisira avec empressement l'occasion de mettre ces titres sous les yeux du roi. Voil une bonne pense dont les chefs de l'industrie s'empresseront, il faut le souhaiter, de raliser l'application. Nous avons trouv un exemple frappant de cette honorable association du matre et de l'ouvrier dans le compte rendu de l'exposition de 1806. On y remarquait un envoi de fer prpar dans la Haute-Marne. Cet envoi tait fait par trois personnes qui prenaient les dsignations suivantes: M. Robin, propritaire de la forge; Mathieu, fermier; Puichard, forgeron affineur qui a prpar le fer. Cette exposition est la dixime laquelle l'industrie ait t convie depuis 1798, poque de la premire; et l'on nous croira facilement, quand nous dirons que chaque exposition a prsent un progrs sensible sur la prcdente, et que ce progrs a surtout t remarquable depuis la dernire qui ait eu lieu sous la restauration. Nous allons prsenter rapidement l'aperu historique de ces expositions successives, nous rservant de signaler plus tard la marche gnrale de l'industrie en France, les amliorations de chacune de ses branches, les causes de ses progrs, les entraves qui s'opposent encore son dveloppement plein et entier, et les chances d'avenir qu'elle doit trouver dans un systme plus perfectionn de douanes d'une part, et de moyens de transport de l'autre. Vue des btiments construits pour l'Exposition de l'Industrie de 1844, dans le Grand-Carr des Champs-lyses. Nous ne discuterons pas ici fond l'utilit de ces expositions. Nous savons que quelques esprits se sont vivement levs contre ces exhibitions priodiques, prtendant que l ne nat pas la vritable mulation, et citant pour exemple l'industrie anglaise, qui est arrive un si haut point de prosprit sans jamais avoir eu recours au stimulant des expositions. La meilleure rponse faire en ce cas, est de raconter ce qui existe. Certes on admettra que les meilleurs juges, en cette matire, sont ceux mmes qui partent de tous les points de la France, pour venir concourir aux expositions. Eh bien! le nombre de ceux-l a toujours t en augmentant, comme on le verra par les chiffres que nous donnerons tout l'heure. Depuis que les expositions ont commenc en France, plusieurs chefs-lieu de dpartement ont suivi l'exemple de la capitale. Les trangers eux-mmes ont prouv qu'ils comprenaient les avantages de cette institution fconde. Il y a maintenant des expositions Bruxelles, Vienne, Naples, Berlin, en Sude, en Russie, en Espagne mme, et partout on en a reconnu l'heureuse ressource, de grands perfectionnements se sont introduits dans les procds de fabrication, et tout a concouru amener, en mme temps que l'amlioration des produits, des baisses de prix remarquables, qui ont fait descendre, jusque dans les classes infrieures, les bienfaits de la civilisation. Il ne faut pas se le dissimuler d'ailleurs, dans l'ordre matriel comme dans l'ordre intellectuel et politique, la publicit change et bouleverse toutes les bases conomiques. La libert d'examen et de discussion amne avec elle le progrs, quelque branche de connaissances humaines qu'elle s'applique, et tous ces propres sujets parallles. Les connaissances thoriques et pratiques se rpandent bien vite dans les masses et viennent rapidement augmenter leur bien-tre, quand on leur permet de voir, d'examiner et de juger. C'est encore l, nous devons le dire, un des immenses services de la presse. Il n'est plus, heureusement, le temps o tout homme possesseur d'un secret, d'une amlioration, tenait le plus longtemps possible la lumire sous le boisseau; et en cela il ne faisait envers les autres que ce que les autres faisaient envers lui-mme. Funestes reprsailles qui ont aujourd'hui disparu. Aujourd'hui les progrs de l'un servent tous, et le consommateur en profite; aujourd'hui, avec les expositions quinquennales, chaque industriel sort de sa fabrique et vient montrer tous les fruits de son intelligence, les produits de son travail; ses concurrents, comment et en quoi il les surpasse; aux consommateurs, par quels moyens il peut livrer bas prix de bonnes productions; car tout le progrs est dans le prix que le producteur demande de sa chose. On n'admet pas l'exposition le chef-d'uvre, la pice exceptionnelle faite pour la circonstance, et pour laquelle il n'y a pas de cours; mais une fabrication bonne et continue, qui ressort un prix constant, pendant, comme aprs l'exposition. Un dernier mot enfin sur l'utilit des expositions, au point de vue de l'instruction industrielle du consommateur. Croit-on qu'il n'y ait pas un rsultat positif d'ducation obtenu quand, pendant deux mois, chacun a pu visiter en dtail ces vastes salles o toutes les industries, sans exception, ont leurs reprsentants; o, aprs le coup d'il d'ensemble, on peut tudier les dtails, o la fabrication dvoile tous ses secrets, o tout est apparent, outils, matires premires, manipulations, produits, tout, except l'ouvrier? Le got ne doit-il pas se former quand, par exemple, pour les meubles, pour les bronzes, on voit runis, dans un petit espace, des spcimens de tous les styles, de toutes les poques, la chaise rustique et le fauteuil pompadour, l'acajou uni et le palissandre incrust, le simple pav (pendule de cabinet) et les formes les plus capricieuses, les plus manires du sicle de Louis XV? Oui, sans doute, en sortant de l, on a vu et on sait; on a appris de la manire la plus agrable et la moins fatigante. La premire exposition, nous l'avons dit plus haut, a eu lieu en 1798. La campagne d'Italie venait de finir, et, cet instant de calme o la rpublique, comme le soleil, prouvait elle-mme son existence, il semblait qu'une re de paix, de force et de richesse dt enfin se lever pour la France. Il fut dcid qu'on clbrerait par une fte splendide l'anniversaire de la rpublique, et Franois de Neufchteau eut l'heureuse ide de consacrer cet anniversaire par une exposition des produits de l'industrie; c'tait inaugurer dignement la paix; et, cependant, nous devons le dire, cette exposition imprvue, il est vrai, mais venue aprs des annes orageuses, quand les hommes de cur et d'intelligence taient sous les drapeaux, et dfendaient la patrie aux frontires avant de la servir l'intrieur, cette exposition ne fut pas brillante. On en rehaussa l'clat par les crmonies imposantes de son ouverture. Ce fut vraiment une fte nationale, laquelle le peuple s'associa avec enthousiasme: il y voyait la rhabilitation du travail et la possibilit de s'lever, dans le champ paisible de l'industrie, aux mmes honneurs, la mme importance sociale que ceux de ses frres, qui arrosaient de leur sang les champs de bataille. Cette exposition dura trois jours, et rien ne peut rendre l'aspect anim que prsenta pendant ces trois jours le temple de l'Industrie (style de l'poque). Le gouvernement avait demand que le jury lui dsignt les douze exposants des produits les plus remarquables; le choix du jury s'arrta sur les noms suivants, que nos lecteurs reconnatront, car depuis cette poque, quelques-uns ont encore grandi; c'taient MM. Brguet, horlogerie; Lenoir, instruments de mathmatiques; Didot et Herman, typographie; Clouet, acier; Dilh et Gurard, tableaux en porcelaine; Desarnon, chemines; Cont, crayons; Gremont et Barr, toiles peintes; Potter, faence; Paye fils, Deharme, tle vernie; Julien, coton fil la mcanique. Le ministre de l'intrieur, en rendant compte de cette exposition, disait; L'exposition n'a pas t trs-nombreuse; mais c'est une premire campagne, et cette campagne a t dsastreuse pour l'industrie anglaise. Nos manufactures sont les arsenaux d'o doivent sortir les armes les plus funestes la puissance britannique. Telle tait en effet la tendance de l'poque; et n'est-ce pas ce qu'on pense, ce qu'on cherche, ce qu'on dsire encore aujourd'hui? La seconde et la troisime exposition eurent lieu en 1801 et 1802, sous le ministre de Chaptal. Ou sentait dj renatre l'industrie; le nombre des exposants a doubl en 1801, et quintupl en 1802. Presque toutes les branches y sont reprsentes, et, si l'on entrevoit la possibilit de rsultats plus beaux, on peut du moins dj se rendre compte du progrs amen par trois annes de calme. A l'exposition de 1801, on dcerna douze mdailles d'or, vingt mdailles d'argent, et trente, mdailles de bronze. Ternaux, Mongolfier eurent la mdaille d'or. Mais un fait bien caractristique et qui prouve combien peu encore cette poque on savait apprcier le travail des machines et les rsultats qu'on pouvait en esprer, c'est que Jacquart, l'immortel Jacquart reut une mdaille de bronze, pour un mcanisme, dit le rapport du jury, qui supprime, dans la fabrication des toffes broches, l'ouvrier appel tireur de lacs. Tout le monde sait aujourd'hui ce qu'est le mtier de Jacquart, et a pu apprcier l'immense rvolution que son adoption a cause dans la fabrication lyonnaise principalement. L'exposition de 1806 fut beaucoup plus brillante. Ce que l'on y remarqua surtout, ce furent les chles imits de Cachemire, industrie qui a toujours t en se perfectionnant depuis, et qui est arrive aujourd'hui un degr tel qu'il faut une grande attention, et nous dirons presque des connaissances spciales, pour distinguer un tissu franais d'un tissu indien. L'exposition de 1806 fut la quatrime; elle dura dix jours, et runit 1,422 exposants. Les tissus de toute espce furent la partie vraiment importante de cette exposition. La laine, les draperies, les soieries, les colonnades y prirent un dveloppement prodigieux. On avait acclimat en France les moutons mrinos; Lyon, qui avait pu enfin, l'ombre de la paix, rparer les dsastres que lui avaient causs la rvolution, Lyon arrivait avec les produits de sa fabrication; Tarare et Saint-Quentin prsentaient des mousselines d'une beaut et d'une perfection incomparables; Mulhouse, qui est encore aujourd'hui une des premires villes industrielles du royaume, exposait ses toiles peintes et ses cotonnades. De tous cts l'industrie avanait d'un pas rapide; les encouragements ne lui manquaient pas; l'homme qui tint pendant quinze ans le sceptre de la France avait compris qu'en mme temps qu'il faisait respecter la patrie au dehors par la force des armes, il devait tablir sa suprmatie industrielle au dedans; aussi, sous son impulsion magique, les arts se perfectionnrent, les inventeurs taient distingus, la lutte avec l'Angleterre se faisait plus acharne et avec plus de succs, et quand il tomba, l'lan tait donn et ne devait plus tre arrt. La France tait dsormais assez riche pour ne pas ralentir sa fabrication, tout en payant plusieurs milliards de contributions de guerre et d'indemnits; elle pouvait racheter son pass, ce pass brillant et glorieux, dont on voulut un jour lui faire honte, et acqurir le droit de continuer son uvre pacifique et de devenir grande dans la paix comme elle l'avait t dans la guerre. Un intervalle de treize ans spare la quatrime et la cinquime exposition. Cette dernire eut lieu en 1819 sous le ministre Decazes. Le nombre des exposants s'levait 1,662. La restauration avait dcid que les expositions se succderaient des intervalles ingaux, mais qui n'excderaient pas quatre ans. Celle de 1819 dura un mois. Les produits qui attirrent plus spcialement l'attention du public furent les lainages. Les conomistes purent constater d'immenses progrs, qui tous convergeaient vers l'amlioration du sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Les bonnes toffes de drap et leur bas prix les mettaient la porte de tous, et l'un pouvait entrevoir le moment o le paysan le plus pauvre aurait toujours dans son bahut un vtement de rechange, et sa mnagre des robes solides et propres. Les chles tmoignrent aussi de la perfection des procds mcaniques employs pour les confectionner. La production et le travail de la soie, arrivs un grand dveloppement, assuraient Lyon le march gnral des tissus de soie. Les expositions de 1825 et de 1827, qui muent lieu sous le ministre Villle, furent tout ce qu'avait promis celle de 1819; les arts mtallurgiques et chimiques s'y distingurent par la varit, la solidit et le bon got de leurs produits. De 1827 1831, l'industrie eut traverser une poque de crise, qui ne lui permit pas de venir taler ses produits. Cependant il tait impossible de renoncer une institution qui avait dj amen avec elle tant d'utiles rsultats. Aussi, ds que le gouvernement nouveau, matre enfin de sa position, reconnu par les gouvernements trangers, tranquille sur l'extrieur, voulut se rendre compte de l'tal industriel de la France, il convoqua les fabricants une exposition solennelle qui devait durer deux mois; 2,447 exposants rpondirent cet appel. Le prsident du jury disait dans son discours au roi, en lui prsentant ceux sur lesquels le jury appelait les rcompenses: C'est surtout, dans les sept annes qui viennent ne s'couter, que l'industrie franaise s'est avance grands pas. Nos usines se sont multiplies et agrandies; nos machines se sont perfectionnes; notre fabrication, en s'amliorant, s'est faite plus bas prix; nos relations se sont tendues; des arts nouveaux mme ont pris naissance. Aussi l'exposition de 1834 remportera-t-elle de beaucoup sur celles qui l'ont prcde, et laissera-t-elle de profondes traces, de longs et fconds souvenirs dans les esprits. Il aurait pu ajouter: La marche de l'industrie en France depuis cinquante ans, et l'histoire des expositions qui se sont succd depuis 1798, nous donnent la conviction que la prochaine exposition prsentera encore un aspect plus remarquable. C'est en effet ce qui eut lieu. L'exposition de 1839 fut la plus brillante de toutes. Toutes les esprances qu'avaient fait natre les expositions prcdentes, celle-l les ralise. Cinquante usines construisent des machines vapeur; on voit les machines papier continu, le mtier la Jacquart perfectionn, d'excellents chronomtres; tout s'amliore, la fabrication des aiguilles, les bougies stariques, les glaces, les cristaux, la lithographie, la soudure du plomb, la galvanisation du fer, etc. Que sera donc l'exposition de 1844? Tout fait esprer qu'elle sera digue de ses devancires, en les surpassant. Voici quelques chiffres qui donnent l'histoire statistique de ces expositions. Anne Expositions. Nombre Mdailles des Exposants. accordes. 1798 1re 110 26 1801 2e 220 69 1802 3e 510 119 1806 4e 1,122 119 1819 5e 1,662 360 1823 6e 1,618 470 1827 7e 1,795 425 1834 8e 2,117 697 1839 9e 3,381 805 En 1839, le dpartement de la Seine, seul complat 2,619 exposants. Cette anne, le nombre s'en lve prs de 3,000. La premire exposition eut lieu au Champ-de-Mars, cet emplacement rvolutionnaire, qui a vu tant de ftes nationales; la seconde et la troisime, dans la cour du Louvre; la quatrime, sur la place des invalides. Celles de 1819, 1823 et 1827, dans la cour et dans la partie des btiments du Louvre qui avoisinent la colonnade. Celle de 1834 eut lieu sur la place de la Concorde, dans quatre btiments spars. Mais le nombre des exposants augmentant toujours, on sentit le besoin d'avoir un emplacement plus vaste, et on construisit un dition temporaire dans le grand carr dis Champs lyses. C'est l qu'eut lieu l'exposition de 1839. C'est encore l que cette anne l'industrie aura sa fte. Le palais de l'industrie forme un quadrilatre, compos de quatre galeries ayant ensemble 16,000 mtres carrs de superficie; la cour intrieure a elle-mme 6,000 mtres carrs, et cette anne, par une heureuse amlioration, on a dcid qu'elle serait couverte comme les galeries. Les exposants auront donc 22,000 mtres carrs couvrir de leurs produits. La construction cotera environ 600,000 francs. Ce chiffre seul rpond ceux qui demandent pourquoi ne pas lever un difice permanent pour l'industrie. Un btiment convenable et assez spacieux coterait de 4 5 millions, et ne servirait qu'une fois tous les cinq ans. Qu'en ferait-on dans l'intervalle? Avec une destination aussi spciale, il serait difficile de l'utiliser, et l'intrt du capital de construction serait bien suprieur la somme qui est ncessaire tous les cinq ans. Un mot sur la manire dont l'Illustration doit aborder l'exposition des produits de l'industrie de 1844. On n'attend pas de nous un compte rendu trs-dtaill des divers produits. C'est la tche des journaux spciaux qui sont crs pour cette solennit. Notre cadre d'ailleurs ne se prterait pas cette vaste entreprise. Mais nous donnerons nos lecteurs des aperus historiques sur chacune des branches de l'industrie et des dessins aussi nombreux que possible, accompagns d'un texte descriptif et explicatif, en ayant soin de choisir les appareils les plus ingnieux et les produits les plus remarquables. Les franais, d'ailleurs, ont un haut degr le gnie de l'art du dessin; ils brillent par le bon got, et ce point de vue, les dessinateurs de l'Illustration auront une ample moisson recueillir, et nos lecteurs verront passer sous leurs yeux les modles les plus riches et les plus perfectionns de tout ce qui constitue le comfort, de tout ce qui, sous une forme agrable, a un but utile. Histoire de la Semaine. Cette semaine a vu puiser la srie des discussions prvues qui devaient ncessairement faire poser de nouveau la question de cabinet. Le ministre a franchi ces obstacles, rsiste ces preuves avec l'aide d'une majorit qui, tout en le laissant vivre, ne s'est montre ni assez forte ni assez rsolue pour lui pouvoir donner la garantie que le bail nouveau qu'elle lui accorde sera bien long, et que dans telle circonstance, imprvue sans doute, mais prochaine peut-tre, elle ne disposera pas du banc ministriel en faveur de tel autre prtendant qui lui est au fond plus sympathique. La premire question qui s'est prsente a t celle que faisait natre la proposition de M. Combarel de Leyval sur le vote par division. Combattue ds l'abord par les organes ministriels, elle n'avait obtenu les honneurs de la lecture publique qu' la minorit stricte de trois bureaux sur neuf, et encore, dans ces trois bureaux, n'avait-elle vu ses partisans remporter qu' une ou deux voix sur ses adversaires. Samedi dernier, dveloppe en sance publique par son auteur, qui a fait preuve de modration et de convenance, elle a conquis un assez bon nombre de partisans nouveaux: deux preuves ont t dclares douteuses par les secrtaires, et le scrutin secret, auquel on a t forc de recourir, a donn pour rsultat 174 boules blanches contre 181 boules noires. Or, si l'on veut bien tenir compte de la persuasion o taient plusieurs des votants que si cette proposition n'tait pas une cousine des dernires apprciations du bureau de la Chambre, elle pouvait du moins tre interprte ainsi par le publie; si on veut remarquer qu'elle tait comprise de cette manire par un des honorables secrtaires, qui avait annonc d'avance qu'il dposerait sa dmission entre les mains du prsident de la Chambre si la proposition tait prise en considration, on reconnatra que la majorit de quatre voix a tenu peu de chose. Et cependant des membres du centre gauche qui ont personnellement le courage de leurs opinions, mais qui savent combien certaines consciences sont timides, tout en se montrant fort dsireux que le vote pt toujours tre srement constat, avaient fait ressortir les inconvnients qu' leurs yeux ce mode prsentait dans la pratique. La division, disaient-ils, est une opration d'une extrme lenteur, et dont l'exactitude, quant aux rsultats numriques, a t elle-mme plus d'une fois conteste dans le parlement anglais. Elle exerce d'ailleurs, par la solennit mme de l'preuve qu'impose l'obligation d'aller se runir de sa personne ses adversaires habituels, un effet d'intimidation qui laisserait peu de libert aux caractres faibles, et qui les contraindrait presque toujours, mme contrairement aux inspirations de leur conscience, ne pas quitter le gros du parti auquel ils appartiennent. Il faut bien moins de courage pour se lever un instant de sa place que pour passer dans un autre camp avec un grand clat. Imposer une pareille obligation chez nous, c'est ne pas mesurer les lois aux tempraments et aux murs. Malgr tout, on a vu combien peu s'en est fallu que cette proposition ne ft prise en considration. Nous devons dire aussi que si elle a pu trouver quelques censeurs, non de son esprit, mais de sa forme, parmi les amis de son auteur, elle a t appuye par quelques-uns de ses consciencieux adversaires, qui tiennent, dans un sage esprit, la dignit du parlement, et qui veulent, comme l'un d'eux, M. Denis, l'a dit avec originalit la tribune, que 2 et 2 fassent toujours 4 et ne puissent jamais faire 5 sous l'influence et la pression d'une majorit dominatrice. Il est donc bien vident pour nous, il l'est, nous le croyons, pour tout le monde, qu'il y a dans la Chambre une immense majorit qui appelle de ses vux un mode sr et irrcusable de constater les votes. Ce n'est point sur cette ncessit qu'on a vot l'autre jour, mais encore sur une question devenue ministrielle par la force des choses. Deux jours aprs, lundi dernier, la lice tait ouverte de nouveau, mais cette fois il n'y a point eu engagement. M. Lac rosse est venu dvelopper la proposition dont certains faits de corruption lectorale, certaines lacunes dans notre Code pnal, et aussi des entraves, le plus souvent insurmontables, la poursuite, l'avaient, ainsi que ses collgues MM. Gustave de Beaumont et Leyrand, dtermin saisir la Chambre. Le systme des auteurs de la proportion est celui-ci: facult pour tout lecteur inscrit de poursuivre, en se portant partie civile et sans autorisation pralable du conseil d'tat, le fonctionnaire contre lequel il croira avoir fournir des preuves de corruption, et par contre, pnalit svre, amende considrable contre tout plaignant dont la dnonciation n'aura pas t admise par le tribunal saisi. Le ministre a dit qu'il ne s'opposait nullement la prise en considration de cette proposition; mais que plus lard, et lors de la discussion dfinitive, il se rservait, tout en adoptant la dernire mesure, de combattre la premire, c'est--dire la dispense d'obtenir, pralablement toute poursuite, une autorisation du conseil d'tat. M. de Beaumont a fait observer que la proposition ainsi amende amnerait un rsultat tout contraire celui que doivent poursuivre les hommes de bonne foi, et rendrait, sans compensation aucune, les poursuites encore plus rares, puisqu'elles deviendraient plus prilleuses sans devenir plus possibles. La discussion en est demeure l; chacun a vot la prise en considration de la proposition, ses partisans dans l'espoir de la faire triompher, ses adversaires dans la pense qu'il tait moins embarrassant de la faire avorter plus lard que de la combattre ds l'abord ouvertement. Dans cette mme sance a commenc la discussion sur le crdit demand pour complment de fonds secrets. Chaque anne c'est l un vote sur le rsultat duquel les chefs de l'opposition portent toute leur attention et concentrent tous leurs efforts; cette fois aucun d'eux n'a cru mme devoir monter la tribune; MM. Odilon Barrot et Thiers sont rests leurs bancs comme M. Berryer tait demeur, Marseille. La tribune a t occupe le premier jour par M. Ferdinand Barrot, qui, avocat distingu, orateur exerc, a eu le bon got de demeurer dix-huit mois la Chambre, de la bien tudier avant de venir la tribune lui demander des applaudissements qu'un homme de talent a d'autant plus de chances de recueillir qu'il a montr moins d'impatience courir aprs. La Chambre l'a cout avec une grande attention et avec une faveur qui ne s'est pas manifeste seulement sur les bancs o sige l'orateur. Son nom lui imposait des obligations auxquelles il s'est montr en mesure de faire honneur.--Aprs lui est venu M. Ledru-Rollin, qui a reproduit une thse dveloppe dj la tribune avec plus de mnagements peut-tre par son prdcesseur la dputation du Mans, Garnier-Pags, et dans la presse par M. de Lamartine. Personne n'a oubli un remarquable article publi cet t dans le Bien public, dans lequel le dput de Macon, passant en revue les ministres qui se sont succd, faisait voir en eux des marionnettes qu'une mme main avait conduites, qu'un mme fil cach ou un mme systme avait, leur insu, malgr eux, fait mouvoir. M. Ledru-Rollin a dvelopp la tribune ce mme thme, non sans tre frquemment interrompu et sans tre rappel, par M. le prsident, dans les limites parlementaires. M. Ledru-Rollin devait s'attendre ces interruptions et ces admonestations; mais ce qui a paru le surprendre, 'a t d'entendre M. de Lamartine, lui succdant, dclarer qu'il ne le suivrait pas sur ce terrain inconstitutionnel. Du reste M. Ledru-Rollin n'a bientt eu rien envier personne: chaque fraction de la chambre et de l'opinion publique a successivement pass sous les verges de l'illustre orateur. La gauche, le centre gauche, l'opinion conservatrice, ont tour tour t l'objet de sa censure loquente, et comme il s'est exclusivement attach blmer la conduite tenue par chacun, sans toutefois laisser entrevoir celle qu'il voudrait qu'on suivit, il en est rsult que, quand il a dit en terminant: Jusqu' l'avnement de nos principes, nous resterons sur la rserve, personne au centre, personne aux extrmits n'a su se rendre bien compte, ni de l'poque vraisemblable de cet avnement, ni de la nature de ces principes, ni de la dure probable de cette rserve. Le ministre, pour la premire fois peut-tre, a pens qu'il pouvait sans inconvnient laisser un discours de M. de Lamartine sans rponse, car on ne saurait donner ce nom quelques phrases assez ddaigneuses que M. Guizot a prononces de son banc et qui n'avaient videmment pour but que d'encadrer celle-ci, sur laquelle il a particulirement pes: L'honorable prposant, au moment o le cabinet du 24 octobre s'est form, ne pensait pas qu'il ft impropre l'uvre dont il s'tait charg; car pendant deux ans l'honorable prposant lui a prt son appui.--Le lendemain, M. Isambert a appel la discussion et provoqu les explications du ministre sur certains actes, sur certaines publications dont un grand nombre de prlats se sont tout rcemment rendus auteurs. Nous avons dj parl du mmoire adress au roi par MM. les archevques et vques de la province de Paris et de la promotion postrieure de l'un des signataires, M. l'vque de Versailles, au sige archipiscopal de Rouen. Les circonstances rapproches ont t le texte ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 44095
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