L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905

L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905 LE PRINCE FERDINAND DE BULGARIEEn visite officielle Paris du 16 au...
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L'Illustration, No. 3268, 14 Octobre 1905

LE PRINCE FERDINAND DE BULGARIEEn visite officielle Paris du 16 au 19 octobre.Voir l'article, page 256. Nous publions avec ce numro: VERS L'AMOUR Comdie en 5 actes de M. Lon Gandillot, qui vient d'tre joue avec le plus grand succs au thtre Antoine. A la longue liste des oeuvres dramatiques nouvelles que nous avons dj annonces dans nos prcdents numros et qui paratront successivement dans L'Illustration thtrale, nous pouvons ajouter aujourd'hui: RAMUNTCHO, par Pierre Loti, de l'Acadmie franaise, qui sera jou l'Odon; LES OBERL, par Edmond Haraucourt, d'aprs le roman de Ren Bazin, de l'Acadmie franaise, qui sera jou la Gat. Nous offrirons ainsi nos lecteurs, au cours de la saison thtrale, une extraordinaire srie d'oeuvres toutes signes des plus grands noms de la littrature franaise contemporaine. COURRIER DE PARIS Journal d'une trangre On recommence se disputer... Preuve que les vacances sont finies et que le Palais-Bourbon nous rouvrira bientt ses portes. Une demi-douzaine d'interpellations sont annonces; et dj l'on rve de taquiner, d'injurier le gouvernement propos de toutes sortes de choses: on le sommera de s'expliquer sur les postes et tlgraphes et sur le Maroc; sur les grves et sur le Venezuela; on l'invitera aussi nous dire ce qu'il pense de cette singulire catgorie de travailleurs antimilitaristes qui avaient imagin d'organiser, la veille du dpart de la classe, une grve d'un genre nouveau et dont ce pays nous et donn pour la premire fois le spectacle: une grve de conscrits! Tout cela s'arrangera, comme dit le philosophe; et nous avons connu des motions pires. On finira mme par oublier les incidents dont fut agit, pendant huit jours, le monde du Conservatoire et des thtres. Quel tapage, juste ciel! Une rvocation la Comdie-Franaise; l'cole du faubourg Poissonnire, deux dmissions, quatre-vingts professeurs ameuts contre un rglement nouveau. Vous nous discrditez! clament les matres. --Je vous protge contre vous-mmes! rplique M. Dujardin-Beaumetz.--Vous portez atteinte la dignit du professeur!--Mais non, messieurs, je la sauvegarde. Et, sur ce feu, les journalistes rpandent, comme il sied, le plus d'huile possible. On publie les correspondances changes; les interviews se multiplient, aggraves de commentaires qui achvent de brouiller tout fait des gens disposs, peut-tre, s'entendre. Y avait-il donc, en ces affaires, de quoi tant mouvoir Paris? Nullement. Mais des comdiens s'y trouvaient mls et c'tait assez pour que beaucoup de tapage en rsultt. Nos journalistes n conoivent pas qu'un incident qui intresse le thtre puisse laisser la foule indiffrente. Qu'un fonctionnaire, mme de grade lev, refuse le service ses chefs et soit, sance tenante, chass de sa place pour cela, c'est un fait qui ne sera pas jug digne, par nos nouvellistes, d'occuper cinq minutes l'attention publique; que le rebelle soit, je ne dis pas mme un comdien clbre, mais simplement un pensionnaire, presque obscur, du Thtre-Franais, et voil de quoi mettre en mouvement tout notre reportage et fournir aux salons, pendant plusieurs jours, de quoi causer. A propos de l'incident des professeurs, un trs gros personnage de la direction des Beaux-Arts disait devant moi, l'autre jour: Tout ce bruit et t vit, s'il n'y avait pas eu, dans l'affaire, deux dmissions et une protestation de comdiens. C'est vrai. Mais est-ce la faute de M. de Fraudy et de M. Le Bargy si leurs dmissions firent peu prs autant de bruit, dans Paris, qu'une crise ministrielle? Est-ce la faute de M. Leloir si son mcontentement parut plus intressant noter, et commenter, que celui de M. Dimer, professeur de piano, par exemple, ou de M. Nadaud, professeur de violon, ou de vingt autres--matres distingus et notoires--et qui ne s'affirmaient pas moins mcontents que lui? Eh! non. Ce n'est pas leur faute; et je suis bien sre qu'ils eussent prfr nous voir moins attentifs aux dtails d'un conflit qui n'intressait qu'eux. Mais nous entendons, nous autres badauds, ne rien ignorer de ce qui touche la vie des gens de thtre, et plus d'une fois j'ai cherch, sans y russir, comprendre les raisons de cette singulire curiosit. Nous acclamons la virtuosit d'un Sarasate, d'un Capet, d'un Dimer, d'un Hollmann; mais nous n'prouvons pas le besoin--le concert fini--de suivre dans la rue l'homme que nous venons d'applaudir au concert. Passe la minute o il a charm ses oreilles, la foule l'ignore. Elle ne veut rien ignorer de ses comdiens. Sortie du thtre, elle court les guetter la petite porte par o ils en sortiront eux-mmes tout l'heure. Elle veut les revoir de prs, saluer au passage la silhouette emmitoufle de Mme Bartet, le chapeau mou de M. Mounet-Sully. Nous reprochons certains de ces artistes de manquer parfois de modestie. Injuste svrit! J'admire, au contraire, qu'en dpit d'une telle fureur d'adulation, la plupart demeurent ce qu'ils sont: trs sociables, pleins de bont, aussi sensibles la louange, chaque fois qu'on les loue, que si c'tait l, pour eux, une joie neuve... ** * ...Assist, dans l'intimit d'un five-o'clock tea, un amusant dbat sur la question de savoir s'il est juste qu'un volume de vers suffise confrer l'homme qui l'a crit les honneurs acadmiques, la gloire,--l'immortalit. Un romancier, candidat l'Acadmie, auteur d'une vingtaine de volumes que tout le monde n'a pas lus, dclare: Il avait du talent; mais pour tant d'hommages, et si pompeusement rendus, un volume de sonnets, c'est peu... Le mort dont on parle est Jos-Maria de Heredia. Je ne l'avais vu qu'une fois et il m'avait tout fait sduite par je ne sais quoi d'ais et de cordial dans l'aspect; par la noble vhmence du parler et la beaut de son sourire. Il me questionna sur les potes de mon pays; je lui parlai de ses vers, que j'avais lus et appris; je lui en rcitai quelques-uns et je lui dis que je l'aimais pour deux raisons: d'abord parce que ses sonnets taient beaux; ensuite parce qu'en bornant son ambition la joie d'crire un seul livre, il m'avait pargn l'ennui d'en feuilleter plusieurs pour apprendre l'admirer. La fcondit des auteurs, lui disais-je, est devenue le supplice des pauvres gens qui ont le souci d'tudier les littratures. On fait mtier d'crire; on crit donc le plus qu'on peut. Et ainsi l'on disperse son gnie; on en met un peu dans chacun des livres qu'on fait; on n'en met beaucoup dans aucun et l'on oblige le lecteur poursuivre travers dix, quinze, vingt volumes, la pense qu'il aime; on joue cache-cache avec lui; on l'essouffle... C'est une course reintante, monsieur, o les crivains seront de moins en moins suivis. La vie est trop courte, et nous avons tant de choses faire! Aussi ai-je souvent rv ceci: une littrature qui ne serait un mtier pour personne; o l'homme hant du besoin d'crire apporterait, vers l'ge de quarante ou cinquante ans, le trsor de ses penses,-en trois cents pages. Trois cents pages, o se condenseraient le rve et l'exprience de toute une vie... Vous avez fait cela, vous; vous vous tes donn nous en une seule fois, tout entier. Vous ne tenez pas de place; on vous sait par coeur en un mois, et vous cotez trois francs... Vous tes un bienfaiteur. M. de Heredia se mit rire. Mais c'tait le plus srieusement du monde que je lui parlais ainsi. Sonia. LE CONGRS DE LA TUBERCULOSE UNE COMMUNICATION DU DOCTEUR BEHRING.--LA SCIENCE FRANAISE ET LA SCIENCE ALLEMANDE. Un fait a domin de trs haut tous les travaux du Congrs international de la tuberculose et accapar l'attention aussi bien du monde mdical que du grand public: c'est la communication du docteur Behring, dlgu du gouvernement allemand, sur les recherches qu'il poursuit, depuis plusieurs annes dj, en vue de dcouvrir un traitement curatif de la tuberculose. Au premier moment, et sur des rumeurs recueillies hors des murs du Grand Palais des Champs-Elyses, on a affirm que le docteur Behring avait dfinitivement trouv ce remde, qu'appellent tant de voeux si ardents. Pas encore, hlas! et le savant mdecin a d calmer lui-mme l'enthousiasme qui commenait se donner carrire: s'il entrevoit le but, il ne l'a pas atteint. Il a prcis, dans son mmoire au Congrs, les rsultats obtenus. Ils sont fort beaux, mais pas encore dcisifs. Le docteur Behring est dans la science mdicale un homme considrable. Ce fut lui qui, de concert avec le Japonais Kitasato, dcouvrit en 1890 le principe de la srothrapie antidiphtrique et antittanique. Il fallut d'ailleurs quatre annes de travaux persvrants, poursuivis simultanment en France et en Allemagne, avant qu'on parvnt appliquer la diphtrie humaine le srum dont le savant allemand avait dot la mdecine. L'honneur de cette application devait revenir au docteur Roux, l'minent directeur de l'Institut Pasteur qui, en 1894, au Congrs de Budapest, put enfin annoncer qu'il tait en possession d'une mthode pratique permettant de gurir par la srothrapie la diphtrie. On se rappelle quelle motion s'empara alors du monde entier. Quant au ttanos, on n'a pu jusqu'ici arriver le vaincre par un moyen similaire, bien que les principes poss par le docteur Behring soient reconnus rigoureusement exacts. Ce double prcdent permet de se rendre compte trs nettement de l'tat actuel de la question en ce qui concerne la gurison de la tuberculose. Le docteur Behring avait dmontr, il y a trois ans, Cassel, qu'il tait en possession d'un procd de vaccination prventive des grands animaux--comme les bovids--contre la tuberculose. Il nous fait esprer aujourd'hui que ce remde gurit galement chez eux cette mme maladie. Il faut le croire, car sa parole n'est pas de celle qu'on rvoque en doute. Mais, mme alors, il restera trouver le moyen d'appliquer l'homme le mme traitement. Le professeur Behring avoue n'avoir pas essay et ne va aborder qu' prsent ce nouveau problme. Que de voeux vont l'accompagner! Que de collaborations vont lui tre offertes! Dj, trs galamment, il a promis aux chercheurs de l'Institut Pasteur de mettre leur disposition une certaine quantit de son remde, afin qu'ils puissent contrler ses propres expriences... et les continuer, souhaitons-le. Il faut attendre, avec pleine confiance: le pass de M. Behring rpond hautement de l'avenir. On se rappelle que le prix Nobel a rcompens, en 1901, ses travaux antrieurs, notamment la dcouverte du srum antidiphtrique. A ce propos, nous permettra-t-on de relever une erreur commise ces jours derniers: on a dit et rpt que M. Behring avait partag ce prix avec le docteur Roux; il y a confusion et elle vient de ce que le docteur Roux, honor lui-mme par l'Acadmie franaise du prix Louis, en offrit spontanment la moiti son confrre allemand, dont la dcouverte avait servi de base ses recherches. Le jour de la visite du prsident de la Rpublique et des congressistes au sanatorium de Montigny-En-Ostrevent, le photographe de L'Illustration a eu la bonne fortune de prendre l'excellent clich du docteur Behring que nous reproduisons dans ce numro. Le savant allemand conversait ce moment avec un savant franais, le docteur Louis Martin, directeur de l'hpital Pasteur, un des principaux collaborateurs du docteur Roux. Nous nous flicitons de voir cette photographie associer ainsi le docteur Behring et un reprsentant de l'Institut Pasteur: c'est l une collaboration qui a t assez fconde hier pour qu'on puisse l'esprer aussi heureuse demain. L'EXPLOSION DU CHATHAM DANS LE CANAL DE SUEZ Le Chatham, charg de 80 tonnes de dynamite, chou dans le canal de Suez, au kilomtre 18,8. Dans la nuit du 5 au 6 septembre, un incendie se dclarait bord du navire anglais Chatham, qui passait le canal de Suez et qui portait dans sa cargaison, entre autres marchandises, 80 tonnes de dynamite. Cette dangereuse substance tait place dans la cale fort peu loin de la chambre dans laquelle le feu avait pris. Devant la menace d'une explosion imminente, l'quipage descendit terre et la Compagnie du Canal fit couler le vapeur. Il sombra 18 kil. 800 de Port-Sad, au bord de la rive d'Asie, un endroit o le canal se droule en plein dsert. L'pave n'obstruait pas compltement la grande voie navigable; elle laissait libre, du ct de la rive d'Afrique, un chenal de 27 mtres qu'on porta rapidement 37 mtres en reculant la berge, et la navigation put ainsi continuer. Pourtant, le passage des navires n'tait pas sans danger: le bateau coul pouvait se dplacer, se rapprocher du milieu du canal; une collision et provoqu une explosion. La Compagnie de Suez dcida, pour plus de scurit, de faire sauter cette redoutable pave, en entourant l'opration, toujours dlicate, de toutes les prcautions possibles et en cherchant rduire au minimum les dgts matriels. Gerbe d'eau et de fume de 890 mtres de hauteur. L'explosion du Chatham, 9 h. 50, le 28 septembre,vue d'une distance de 10 kilomtres, limite de la zone accessible. On dvia notamment, vers l'intrieur, le canal qui, sur la rive africaine, approvisionne Port-Sad en eau douce et qu'on craignait de voir obstruer par la violence de l'explosion. L'explosion fut fixe au jeudi 28 septembre. En vue de parera tout accident de personne, on avait dispos, 10 kilomtres de l'pave, un cordon de soldats gyptiens, chargs d'empcher toute circulation; des gardiens monts sur des barques sillonnaient le lac Menzaleh, au sud, interdisant quiconque l'approche de la zone dangereuse, et des patrouilles chevauchaient en plein dsert. La veille au soir, 4 heures, la navigation avait t interrompue dans tout le canal. Des scaphandriers avaient pntr dans la cale du Chatham et avaient dispos, non loin de l'explosif qui y tait accumul, des caisses de dynamite amorces, qu'un fil lectrique reliait une cabane situe 7 kilomtres de distance. De cette cabane, un ingnieur de la Compagnie pouvait, en pressant simplement un commutateur, dterminer l'explosion. Le jeudi matin, 9 h. 50 exactement, la charge entire sautait, soulevant avec un fracas terrible une norme masse d'eau et de fume. Cette gerbe montait 890 mtres de hauteur. Sur la seconde de nos photographies, ce n'est qu'un nuage visible peine sur l'azur uni du ciel. Mais notre correspondant avait d, soumis aux mesures de police, se placer 11 kilomtres du Chatham. Si l'on y pense, on se rendra compte quel point les effets de l'explosion durent tre formidables, pour avoir t enregistrs ainsi, par l'objectif, une pareille distance. C'est d'ailleurs la plus forte explosion de dynamite qui ait jamais eu lieu, depuis que cette substance est connue. Aussitt aprs l'explosion, les agents de la Compagnie de Suez allaient en constater les effets: certains dbris avaient t projets 1.500 mtres de l'pave. Quant la berge la plus rapproche du Chatham, elle tait endommage sur une longueur de 200 mtres et une profondeur de 50 mtres. Enfin on amenait immdiatement sur place des bigues et des ouvriers pour enlever les paves. Sur le lieu de l'explosion: les bigues occupes dbarrasser le canal des dbris du Chatham.--Photographies de notre correspondant, M. Ceorgiladakis.] Comme on l'a vu plus haut, notre correspondant n'avait pu, pour oprer, se placer qu' 11 kilomtres du lieu de l'explosion. La Compagnie de Suez, de son ct, dsirait vivement avoir un clich de l'explosion, qui et constitu en effet un intressant document. Elle avait donc fait installer, 350 mtres seulement du Chatham, sur un des pieux d'amarrage de la berge, un appareil tout arm et dont un dispositif, ingnieux en son principe, devait, croyait-on, produire au bon moment le dclanchement: une planche tait suspendue, en quilibre instable, au-dessus de la poire de caoutchouc; on comptait sur le dplacement d'air produit par l'explosion pour la faire basculer et actionner l'obturateur. Il y eut malheureusement un -coup; avant que le mouvement atmosphrique et dtermin la chute de la planche, la masse d'eau et de gaz souleve par la dynamite tait retombe, et l'appareil recueillit seulement le spectacle que prsentait le canal immdiatement aprs l'explosion. On voit, par la reproduction que voici de l'preuve qui nous a obligeamment t communique par la Direction du Canal, ce qu'il fut: la nappe d'eau, si calme sur les photographies prcdentes, tait pareille une mer agite, sillonne de remous, ou mieux aux rapides imptueux d'un grand fleuve quatorial, avec des vagues cumeuses montant l'assaut de la berge sous un ciel noir et bas, voil, comme par une nue d'orage, de fumes si denses qu'elles cachaient l'autre rive. Et, dtail curieux, une boue, bien fragile pourtant, et toute voisine du lieu de l'explosion, puisqu'elle balisait l'emplacement de l'pave, flottait encore sur ces eaux tumultueuses, intacte, pargne par tout ce fracas. La destruction du Chatham, coul dans le canal de Suez. --Le remous des eaux et l'obscurcissement du ciel produits par l'explosion, d'aprs un clich photographique pris automatiquement 350 mtres par les soins de la Direction du Canal. LE MONUMENT COMMMORATIF D'ANVERS Le monument commmoratifd'Anvers. Dimanche dernier a eu lieu, Anvers, dans le cimetire de l'glise Saint-Laurent, l'inauguration d'un monument lev, comme le porte l'inscription, la mmoire des officiers, sous-officiers et soldats de l'arme du marchal Grard, tombs au sige de la citadelle en novembre 1832. Parmi les notabilits runies pour la crmonie, on remarquait: M. Carteron, consul gnral de France, et M. Ed. Borniche, le premier, prsident d'honneur, le second, prsident effectif de la Socit de bienfaisance franaise, qui revient l'initiative de cet hommage; M. Grard, notre ministre Bruxelles; le gnral Pinsonnire, commandant le gnie Lille, dlgu par notre gouvernement; le gouverneur de la province, le bourgmestre et les chevins de la ville, etc. Dans les discours prononcs, on a rappel les circonstances o l'intervention de la France assura la Belgique cette indpendance dont elle vient de clbrer le 75e anniversaire. L'application d'une circulaire de M. Berteaux, ministre de la Guerre.--Prsentation d'un bleu un ancien dans une chambre de la caserne de Neuilly. AU RGIMENT: LE BLEU ET L' ANCIEN Quelques jours avant la rcente incorporation de la classe, M. Berteaux, ministre de la Guerre, adressait aux chefs de corps une circulaire dont quelques phrases typiques prcisent suffisamment l'objet et l'esprit: On s'efforcera de rendre aussi faciles que possible au jeune soldat les dbuts de la vie militaire...--Les chefs de corps et les commandants d'units s'ingnieront tout d'abord donner la rception du nouveau contingent le caractre d'une vritable fte de famille...--Le capitaine prsentera personnellement les recrues aux anciens soldats et profitera de cette circonstance pour tracer aux uns et aux autres leurs devoirs rciproques... Les prescriptions dictes notre ministre civil de la Guerre par une sollicitude paternelle ont t assurment observes, puisque nous pouvons donner la physionomie d'une de ces prsentations entre bleu et ancien, scne prise sur le vif dans une caserne de Paris. Quant a leur efficacit, il serait peut-tre tmraire d'en juger sans le contrle pralable de l'exprience. Souvent les circulaires passent tandis que les habitudes restent. Dr Louis Martin.Dr Behring.LE CONGRS DE LA TUBERCULOSE.--Science allemande et science franaise. Dans le parc du sanatorium de Montigny: le docteur allemand Behring s'entretenant avec le docteur Louis Martin, collaborateur du docteur Roux et directeur de l'hpital Pasteur.--Voir l'article, page 242. L'Universit impriale de Tokio: la Facult de droit et la Facult des sciences. LE QUARTIER LATIN DE TOKIO Il n'est rien de ce qui se passe au Japon qui ne nous intresse en ce moment. Toutes nos curiosits sont veilles, attires vers ce pays que nous avons si longtemps ignor ou mal jug, sur lequel nous nous tions fait tant d'ides fausses. Nous voudrions, maintenant, en connatre d'un coup, en dtail, la vie, les moeurs, et quiconque nous en rvlera un trait nouveau est sr de retenir notre attention. Nous sommes donc persuads qu'on lira avec plaisir ces notes sur la vie des tudiants Tokio, que nous rapporte M. J.-C. Balet, qui nous avons dj d les intressantes correspondances du Japon qu'on se rappelle avoir lues ici pendant la guerre. Surpris par une averse, un soir d'orage, dans une rue tortueuse du quartier de Kanda, il m'advint une petite aventure qui vaut d'tre conte. Comme toujours en pareil cas, les kurumayas stationns au coin des rues, coiffs de leur chapeau-parapluie et revtus de leur kappa en toile cire, bravaient la pluie et faisaient les offres les plus pressantes aux passants en dtresse. Danna! danna! (monsieur!) s'il vous plaisait de monter? Je viendrai bas prix. N'ayant plus que 500 mtres de chemin pour arriver destination, je ddaignais leurs importunes sollicitations, lorsque l'un d'eux, plus hardi, me lana d'une voix mal assure: Sir, will you take my kuruma? (Monsieur, voulez-vous prendre ma voiture?) Ce fut moins son anglais que la mine de ce jeune homme qui me dcida. Aprs tout, il pouvait avoir besoin de dix sous. La vie d'tudiant: chez les pauvres, on cuisine entre deux leons Au moment de le quitter, aprs lui avoir pay sa course, il me regarda avec une certaine fiert: --Monsieur, je suis un lve de l'Universit. --Bah!... Et pourquoi as-tu quitt l'Universit pour le kuruma? C'est beaucoup moins intressant. --Je n'ai pas quitt l'Universit. Je fais les deux (sic). L'tat du ciel ne me permettait pas un long dialogue. J'appris en peu de mots que ce jeune homme, originaire de Fukushima, fils de modestes paysans, gagnait ainsi, par les nuits obscures, le supplment d'allocation qui lui manquait pour acheter des livres. Je triplai le menu pourboire qu'il avait si bien gagn, et je rentrai chez moi, dcid explorer ce coin de Tokio o l'on dcouvrait de si curieuses choses. Ce que j'ai nomm, par une analogie un peu force, le Quartier latin de Tokio, ce sont les deux arrondissements de Hongo et de Kanda, le premier sur une hauteur qui domine la capitale, le second ses pieds, dans la plaine. Avant la rvolution de 1867, Hongo tait en partie occup par le yashiki (domaine) du daimy maeda, seigneur de la province de Kaga. L'Universit impriale, avec les immenses tablissements affrents aux six Facults de droit, de mdecine, des lettres, des sciences, d'agriculture et polytechnique, couvre la presque totalit de ce superbe enclos. Un geshiku d'tudiants aiss. Dans les environs, une foule d'coles sont venues se grouper: lyce suprieur, coles normales suprieures des garons et des filles, arts et mtiers, etc. Kanda a l'cole des langues trangres, la haute cole de commerce et diverses institutions secondaires. D'autres coles qu'il serait trop long d'numrer, telles l'cole des beaux-arts, les coles militaires, l'cole des nobles, sont disperses un peu partout dans Tokio, mais le centre intellectuel demeure autour de L'Alma mater, dans les deux quartiers prcits. Naturellement la jeunesse studieuse du pays, comme les abeilles autour de la ruche, est venue se rfugier dans les environs et donner cette partie de Tokio un cachet un peu spcial. Qu'on ne se mprenne pas cependant sur ce soi-disant Quartier latin. Extrieurement, ses rues ne diffrent pas tellement des autres rues de la capitale qu'un ironique globe-trotter appelait un village perte de vue. A Kanda surtout, la seule note caractristique, ce sont les enfiles de boutiques de librairie classique o les tudiants qui ont fini leurs tudes vont se dfaire, bon march, de leurs vieux compagnons, les livres. A Hongo, ce sont les geshikuya, traiteurs et logeurs, qui occupent la majeure partie de la colline de Yujima. Nulle part de bal Bullier, de cafs de la Source ou du Panthon. Dans ces parages plutt calmes et graves, point de chansonniers ni de gigolettes, rien qui ressemble nos monmes d'tudiants en rvolte ou en goguette. Tout au plus, quelques beer hall, peu frquents par la gent colire; car les tudiants japonais n'ont ni la bourse pansue, ni l'estomac solide de leurs camarades allemands. Des thtres, oui, et des yos, sortes de salles de dclamation o les conteurs et les chanteurs viennent couler leur rpertoire, et que les tudiants frquentent volontiers cause du bon march. Aussi ne faut-il point venir Hongo ou Kanda pour s'amuser. Dans ces conditions, quelle peut bien tre la vie de l'tudiant japonais? Gnralement pauvre et dsirant arriver quelque chose par l'tude, le Japonais venu de la province dans une des coles spciales dont j'ai parl, commence par choisir une chambre dans un geshiku, une chambre de 4 ou de 6 nattes. Dans un si petit espace, il n'y a point de place pour un meuble; d'ailleurs l'tudiant n'en a pas. Rien n'est plus facile que de faire l'inventaire de son mobilier. Prenons-le au moment o, mcontent de son patron, qui le nourrit mal ou qu'il ne peut payer, il dmnage vers un toit plus hospitalier. Il appelle un traneur de kuruma, qui charge ses matelas rouls sur son vhicule; puis, il lui confie son kri, bote en osier, renfermant deux habits rps et un chapeau cul; enfin il installe, ct de ses futon, une table de bois noir, mesurant 25 centimtres de long sur 20 de large et sur 10 de hauteur; sa bote pinceaux et ses livres de classe; lui, il suit la voiture, portant sa lampe d'une main, son gourdin de l'autre et une couverture rouge sur les paules. Chez mon oncle: le mont-de-pit japonais. Murger, avec toute son imagination, n'avait pas rv d'une bohme si pauvre. Aussi, une chambre de 6 nattes tant encore un luxe et pouvant bien coter une dizaine de francs de location mensuelle, les tudiant, se groupent deux ou trois ensemble, pour occuper le mme logis. Le patron du geshiku se rattrape sur la nourriture qu'il sert ses pensionnaires. Elle varie de 5 7 yen (13 18 fr.) par mois. Vous pensez quels menus confortables peut servir un Thnardier japonais pour ce prix-l? En dehors du riz, le reste n'a de nom dans aucune langue. Bien qu'ils aient le ventre lastique, capable de se serrer de plusieurs crans, les tudiants japonais trouvent parfois ces procds exorbitants et le manifestent en dmolissant la cuisine et en brisant tous les ustensiles de leur traiteur. Quelques-uns prfrent louer une chambre en ville, dans une maison prive, et faire leur popote aux heures de loisir. Ceux qui ont got cette vie (l'artiste qui a dessin ces croquis en est un) en ont gard un souvenir mu. Entre deux leons, oh! le plaisir d'plucher ses lgumes, d'allumer le rchaud avec l'ventail, d'aspirer le fumet des sauces que l'on ne doit qu' soi-mme! Mais, comme ceci est une grosse perte de temps et devient trop bourgeois d'allure, on vient d'inventer les gargotes 3 sen. Quoi que l'on consomme, debout ou assis, un oeuf ou une pomme de terre, un bol de riz ou un bifteck, le prix invariable de 3 sen (8 centimes) est exig. L'tudiant (shosei) japonais est gnralement travailleur. Depuis l'poque lointaine o les Ito, les Mutsu, les Inou, tudiaient en cachette l'anglais et les livres d'Europe, en s'engageant parfois comme boys de cabine sur les vapeurs trangers, d'autres fois en louant leurs services un rsident, une fivre de savoir a gagn tout le pays. Il est vrai de dire que le gouvernement de Meiji a tout fait pour l'entretenir; l'organisation de l'instruction et sa diffusion sont tout simplement merveilleuses. Et puis, l'oppos des anciens jours o l'on dcapitait les hommes trop minents, la science peut mener tout aujourd'hui. On a vu un journaliste devenir ministre; plusieurs anciens shosei, dont les dbuts ont t rudes, ont gravi tous les degrs et occup des postes minents. L'esprit de fonctionnarisme est n avec les horizons que dcouvrait la science; il n'est plus un seul paysan pouvant pousser son fils, du lyce provincial aux coles suprieures de Tokio, qui ne le fasse, avec le secret espoir d'en faire au moins un yakunin (employ de l'tat). Amusements d'tudiants: au yos, ou salle de dclamation. Aussi ces humbles campagnards, ces pauvres villageois, sont-ils pres la besogne. Je parlais au dbut de ce jeune homme qui, la nuit, faisait le mtier de kurumaya pour complter ses frais d'cole; d'autres vont distribuer le lait ou les journaux, de porte en porte, le matin au point du jour. On les appelle kugakusei, les coliers qui peinent pour apprendre. Quelques-uns prfrent se louer comme portiers ou garons chez des avocats, des mdecins ou des dputs. On leur donne la nourriture et le logement; mais, comme ils sont pris toute la journe, ils ne peuvent frquenter que les coles du soir. Travailleur, le Japonais l'est par ambition. Il tudie moins pour savoir que pour arriver. Aussi les jeunes gens aiss sont-ils gnralement les plus paresseux. D'aucuns, qui leurs parents aveugles ne refusent rien, font comme chez nous et dissipent le prix de leur pension au yoshiwara, dans les sports ou en boissons. Ce sont eux et non pas les tudiants pauvres qui vont priodiquement engager leurs habits et leurs livres chez l'usurier du coin (les Japonais l'appellent mon oncle), puis les racheter avec perte. Cette industrie est une des plus fructueuses et des plus caractristiques du quartier des coles. Un de mes vieux amis, longtemps professeur au Japon, prtend que l'tudiant japonais fait les dlices de son professeur, non seulement par l'application, mais par l'intelligence, la docilit et la dfrence. Sur ce dernier point, je suis oblig de dire que les Japonais eux-mmes ne s ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 36596
Author: Various
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