L'Illustration, No. 3668, 14 Juin 1913

L'Illustration, No. 3668, 14 Juin 1913 M. Pierre Baudin. V.-amiral Le Bris. M. Poincar. M. tienne. C.-Amiral...
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L'Illustration, No. 3668, 14 Juin 1913

M. Pierre Baudin. V.-amiral Le Bris. M. Poincar. M. tienne. C.-Amiral Darrieus. M. Mollard. V.-Amiral Bellue. LE SALUT A L'ARME NAVALE En rade de Toulon: le Prsident de la Rpublique, les ministres de la Guerre et de la Marine, abordant en chaloupe le croiseur Jules-Michelet, rpondent aux vivats de l'quipage. L'Illustration, qui vient de donner huit pices de thtre en sept numros conscutifs, va commencer, dans le prochain fascicule de La Petite Illustration (21 juin), la publication d'un roman nouveau dont le titre seul veillera la curiosit du lecteur: UN ROMAN DE THEATRE par M. Michel Provins, de qui nous avons publi, il y a quelques annes, une srie de nouvelles d'une trs dlicate et trs pntrante observation. Puis--aprs le court intervalle ncessaire encore l'apparition de quelques pices de thtre--commencera la publication du roman auquel travaille M. Paul Bourget, de l'Acadmie franaise: LE DMON DE MIDI COURRIER DE PARIS L'ART DE L'ENFANCE C'est une erreur de croire que tout le monde ait t petit. Je connais, moi, des gens qui cette puissante faiblesse a t refuse, des malheureux qui, du premier jour, sont entrs dans la vie comme s'ils sortaient de Polytechnique, et qui, aussitt grands et tout forms, ont d certainement natre avec de la barbe, un porte-monnaie et une canne. Et dans le porte-monnaie il y avait dj quelque chose... Plaignons-les d'avoir--en tant tout de suite un homme --pass par-dessus le bonheur de l'enfance. Mais s'il vous est arriv d'tre petit, franchement petit, si vous avez eu une bonne dont vous teniez, en levant le bras, le coin du tablier, si vous tes souvent tomb de tout votre haut, moins d'un mtre, en poussant des cris d'aiglon fracass, si vous avez aim jouer, jouer par terre, en ce temps que la terre tait notre voisine, porte de nos mains, de nos yeux fureteurs et qu'elle nous faisait plaisir voir, toucher, tripoter, parce que nous ne savions pas, candides encore, que nous y serions ensevelis, et qu'en la grattant de nos petits doigts nous ne faisions que de commencer nous-mmes creuser notre tombe... si donc vous avez t le nain aux mollets nus, occup pour des heures au ras du sol, vous devez vous souvenir des inexprimables dlices que nous reprsentait et nous procurait la maisonnette... ** * La maisonnette!... c'est--dire le petit logis, baroque et ncessaire, dont la construction s'imposait si souvent notre impatience, au dsir de notre instinct. La maison familiale et paternelle, la maison de pierre o il y avait un concierge, un escalier, du gaz et des serrures, ne nous suffisait pas. Il nous en fallait, au cours de nos jeux, une autre, plus accessible, plus intime, et pour nous seuls, qui ft cependant une rduction de la grande et de la vraie, qui en ft l'image, mais notre chelle et notre ressemblance: la maisonnette. Nous la cherchions et la possdions dj dans nos joujoux, dans nos bergeries et nos arches de No. Mais c'tait surtout pour nous-mmes que nous l'exigions, afin qu'elle nous servt et que nous pussions, pendant quelques instants dont nous tirions des annes, y lire domicile. Alors nous la btissions. Rappelez-vous. Presque toujours c'tait dans un coin du jardin, dans un coin retir que nous voulions sauvage. Il fallait que l'endroit ft un peu perdu et couvert, difficile d'accs et trs ombrag, que l'on ne vt pour ainsi dire pas de ciel et qu'il y rgnt constamment cette fracheur verte et profonde qui picote et vous monte au nez dans les bois. Et des herbes assez hautes (jusqu'au mollet) taient indispensables, ainsi que d'pais fourrs, pour nous donner la pleine illusion de la fort vierge... Il n'tait pas mauvais non plus que, pour dcouvrir ce lieu de retraite, l'on ft contraint plus d'un dtour, que l'on ft semblant de s'garer, de consulter des boussoles, d'appeler, en mettant ses mains en cornet devant sa bouche, que l'on cartt des branches qui rsistaient et que l'on prt des petits sentiers biscornus comme ceux de la guerre dans les romans de Fenimore. Si par bonheur nous avions de l'eau et un rocher, c'tait le rve. ** * Il y avait deux sortes de construction: la maisonnette et la cabane. La premire comportait plus d'lgance et de solidit, la seconde rclamait moins de soins, mais distribuait peut-tre une joie plus profonde et plus mystrieuse. Pour la maisonnette, on avait recours des paravents tendus de papiers fleurs, des devants de chemine 1830 qui, vus par en dessous, faisaient les plafonds les plus gais. Des chles de cachemire et des fichus attachs par des pingles fournissaient les rideaux. Il y avait de vrais meubles, comme dans le salon de papa, et on s'asseyait, les genoux au menton, sur les tabourets de pied dont le crin piquait la peau. Installation complte et luxueuse. Dans la maisonnette, l'on jouait, garonnets et petites filles, au monde, au monsieur qui fume, la dame, la soire, la visite, au concert, la dnette, au mariage, aux domestiques renvoys. En tendant la main par la fentre, on disait une blonde de six ans, mme sous un radieux soleil: Je crois, comtesse, qu'il va pleuvoir. Et quand l'eau dgringolait seaux, en tambourinant les murs de papier, on sortait se rouler dans les flaques en criant: La ravissante journe! Mais la cabane tait une source de sensations plus fortes, plus durables, plus potiques aussi. On l'obtenait avec des vieilles caisses d'emballage, barbeles de clous tordus, des planches qui portaient les mots endroit, envers et fragile; on y joignait du papier goudronn, de la paille, des piquets de barrire. Il tait naturel qu'elle ft branlante et mal jointe, afin de laisser passer le canon des fusils, et elle et t rate si elle n'avait pas cd et craqu quand on s'y appuyait. Elle tait hospitalire au vent, aux intempries. On pouvait, de l'intrieur, n'importe quel endroit, regarder son aise au travers pour observer ce qui se passait dehors, voir s'il venait un voleur ou des loups. On y avait trs peur avec un grand courage. On s'y enfermait sans clef, on s'y barricadait contre des dangers imaginaires et certains, on y guettait tout ce qui pouvait venir. On y savourait la vigoureuse impression d'tre en un pays inconnu, loin de tout, un pays inhabit, au point de se demander quand on mangerait,... et quoi? La cabane faisait penser la chasse et au naufrage. ** * Et quelquefois aussi, je me souviens que l'on avait recours la hutte, ralise tout simplement par trois branches en fourche, runies leur extrmit et drapes--ainsi que d'un manteau trou--de la toile poussireuse qui servait dans la remise recouvrir la calche de chez Binder. Au faisceau rustique tait suspendue sans retard une marmite pleine d'eau du torrent sous laquelle, plat ventre, on essayait, avec des joues toutes rondes, d'allumer un feu qui ne voulait pas prendre et dont la fume vous perscutait. Dans la hutte on n'avait le droit d'entrer qu'en rampant, et l'on y couchait sur des feuilles, la joue contre une pierre. C'est ainsi qu'tait gote la vie purement sauvage, la vie indienne, la vie laponne, la vie dans laquelle on ne travaille pas, on n'a pas de dictes, ni de devoirs de vacances, dans laquelle on ne fait rien... rien... la vraie vie enfin. ** * Ah! maisonnettes, cabanes, huttes de mon enfance... fragiles abris de mon pass qui me paraissiez si solides, si srs, et qui n'avez pas su me protger, qui vous tes crouls si vite!... qu'tes-vous devenus? Je vous avais oublis... et, l'autre jour, il a suffi que j'aille au muse Gallira, l'Exposition de l'Art de l'Enfance, pour que je vous retrouve et que je rentre la minute dans mes motions releves. Je me suis recourb de nouveau--mais beaucoup plus--en franchissant vos portes basses. Quand j'ai vu, dans la cour du palais Brignole, se dresser--oh! pas bien haut--les toitures des constructions rustiques, aux couleurs vives de jouets, quand j'ai vu les rideaux, touchants comme des pans de petites chemises, les jardinets pas plus grands qu'une assiette peinte, les alles troites o je ne pouvais plus marcher qu'en mettant tout de bon un pied devant l'autre, il m'a sembl que, vritablement, je fondais, je diminuais pour redescendre la taille et au niveau de l'esprit naf et du coeur si pur que j'avais alors, et qui n'ont chang, grandi, que pour se ternir et dmriter. J'avais dans les yeux, dans l'oreille et dans l'odorat les visions, les bruits et les senteurs du temps de franchise o je ne faisais qu'prouver. L'odeur du sable et des toupies, de la peau rose des balles, du bois blanc des pelles et du fer des seaux me revenait aux narines comme des parfums de violettes. J'aurais voulu tre tout seul pour mettre des cailloux dans ma bouche. Et si j'avais rsolu de faire un pt, je crois que, du premier coup, je l'aurais russi. Je ne pouvais pas m'arracher de ces jardins de nourrice, de ces bosquets de Lilli put, o m'ensorcelaient tant de souvenirs, groups et disperss, tant d'vnements vcus,... que j'eusse aim revivre! Plus que tous les calendriers et que toutes les paroles fameuses sur la brivet de nos jours, ces courtes plates-bandes, ces morceaux de gazon, ces piquets de verdure frise, ces murs de paille et de planchettes minces me certifiaient, me prouvaient la fragilit des premires annes qui, plus promptes, plus lgres, s'enfuient et s'cartent aussi de nous d'un pied plus vif et plus rapide. Ces maisonnettes ont beau tre faites pour les enfants, elles ne leur disent jamais--sur le moment--rien de secret ni de mystrieux. Ils les habitent comme de petits animaux sans les apprcier. Et ce n'est que bien plus tard, quand ils sont des hommes et qu'ils ne peuvent plus entrer dans les cabanes, qu'ils les regrettent. Henri Lavedan. (Reproduction et traduction rserves.) Un hydroplane vogue vers le btiment de guerre prsidentiel. LE PRSIDENT DE LA RPUBLIQUE A TOULON Les deux journes que M. Raymond Poincar, accompagn de M. Pierre Baudin, ministre de la Marine, et de M. tienne, ministre de la Guerre, vient de passer Toulon, la revue navale qui a marqu ce voyage ont constitu, au cours des manoeuvres qui s'achvent cette semaine, un magnifique intermde. Arriv Toulon samedi dernier, 8 h. 1/2 du matin, le chef de l'tat s'embarquait presque aussitt, aprs une visite l'htel de ville, sur le croiseur cuirass Jules-Michelet. Tous les btiments de l'arme navale, ayant leur tte le Voltaire, battant pavillon de l'amiral de Lapeyrre, avaient quitt le matin la rade pour aller attendre en mer le Jules-Michelet. Le croiseur, arborant le pavillon personnel du Prsident, aux initiales R. P., dfila d'abord entre deux files de torpilleurs d'escadre et de sous-marins, faisant la haie sur son passage, puis rencontra successivement, comme dans une premire revue, les divers lments de l'arme navale. L'aprs-midi devait tre rempli par une intressante manoeuvre. Pendant le djeuner, la flotte concentre se disloquait, se divisait, en vue du combat en deux groupes sous le commandement respectif des amiraux Bou de Lapeyrre et de Marolles. A une heure, ils taient 20 milles l'un de l'autre, et l'amiral de Lapeyrre commenait faire rechercher par sa division lgre l'adversaire avec lequel il voulait engager le combat. M. tienne. M. Raymond Poincar. M. Pierre Baudin. Sur le pont du croiseur. A 2 heures, les deux forces taient en prsence. Le duel d'artillerie commenait. Il fut suivi, de la part de l'amiral de Marolles de deux attaques de torpilleurs qui enthousiasmrent les spectateurs. Un duel d'artillerie enfin termina la journe. Puis l'arme entire se trouva runie, en rade des Salins, par un crpuscule radieux. En guise de fte vnitienne, on offrit, le soir, au Prsident, la vue d'une attaque de nuit, et dans le ciel de sombre azur, o ses couchait un mince croissant, les faisceaux des projecteurs emmlrent leurs rayons. La journe du dimanche, consacre la revue navale, allait offrir un spectacle moins pittoresque, peut-tre, mais d'une impressionnante grandeur. Le temps tait dlicieux. Les hydroplanes allaient tre de la fte: deux monoplans et un biplan volurent, une partie de l'aprs-dne autour du bateau prsidentiel, se mlrent aux golands, jourent au milieu des barques, gratignrent la mer, unie comme un beau lac, de leurs sillages argents. Devant le Jules-Michelet, mouill au milieu de la baie des Vignettes, dfilrent tour tour, conduits par le Voltaire, portant l'amiral de Lapeyrre, les normes Danton, de la 1re escadre, puis la 2e escadre, avec ses cinq Patrie, puis les cuirasss moins rcents, enfin les croiseurs cuirasss de la division lgre. Et, dans l'air lumineux, les accents de la Marseillaise, les notes allgres de la Marche Lorraine tour tour, se mlaient aux vivats protocolaires des quipages, au fracas des salves, aux hourras partis des barques lourdes de foule. A BORD DU CROISEUR JULES-MICHELET (7 JUIN).--En route pour la revue navale, par un coup de mistral.--Phot. Marius Bar. LES GRANDES MANOEUVRES NAVALES.--Une concentration des trois escadres, avec leurs contre-torpilleurs. Photographie prise du Jaurguiberry, au retour de Porto-Vecchio. LA REVUE PRSIDENTIELLE AU LARGE DE TOULON (7 JUIN).Le croiseur Jules-Michelet, ayant bord M. Raymond Poincar, passe, escort par un torpilleur d'escadre, entre les lignes cuirasses qui s'avancent en sens inverse. Photographie prise du paquebot Carthage, affect au Parlement et la Presse. En rade des Vignettes, bord du croiseur Jules-Michelet: le dfil de l'arme navale devant le Prsident de la Rpublique. M. Poincar. A bord du cuirass Voltaire: prsentation des commandants des btiments aprs le dfil. LES FTES DE TOULON LA REVUE NAVALE DU 7 JUIN AU LARGE DE TOULON.--Arrive du Jules-Michelet battant pavillon prsidentiel, entre les lignes cuirasses. Dessin d'Albert Sbille, bord du rptiteur Jurien-de-la-Gravire. En contraste avec la vision de la revue navale recueillie par l'objectif que nous publions deux pages plus haut, voici, vu par un peintre de marines, un pisode de la mme imposante manifestation. Les escadres, qui avaient pris la mer le samedi matin, comme nous l'avons dit d'autre part, revenaient, un peu avant 9 heures, au-devant du Jules-Michelet. Il leur apparut bientt, empanach de fume, en tenue de combat,--n'et t le pavillon prsidentiel flottant son grand mt. Encore quelques minutes, et il s'engageait au milieu de la flotte superbe s'avanant en deux files. Le Voltaire, alors, donna le signal du salut. Ce fut, pendant prs de deux minutes, un glorieux fracas. Il soufflait un mistral assez vif qui soulevait, comme pour la mler aux mouvants flocons vomis par les canons, l'cume dont s'ourlaient les vagues, cependant qu'un blanc voilier tout dessus vent arrire traversait d'une allure souple et sre les lignes de l'arme navale, sans troubler un moment cette dmonstration guerrire. Tunnel Victoria, sur la rampe sud (ct de Brigue). Le profil du rocher rappelle celui de la feue reine d'Angleterre. LE NOUVEAU GRAND TUNNEL SOUS LES ALPES LE LOETSCHBERG: DE SON PERCEMENT A SON INAUGURATION On doit inaugurer le 20 juin le chemin de fer du Loetschberg ou chemin de fer des Alpes Bernoises. Cette nouvelle ligne d'accs au Simplon, traction lectrique, situe entirement sur territoire suisse, prsente pour notre pays un intrt commercial qui n'est pas ngligeable; en outre, elle atteste une fois de plus la supriorit des constructeurs franais. La ligne du Loetschberg, intgralement suisse, a t concde un groupe d'entrepreneurs franais, l'exclusion de tout lment tranger. Ce fait exceptionnel et quelque peu anormal constitue dj un hommage magnifique rendu, avant la lettre, au mrite de nos ingnieurs; la faon dont ces derniers ont accompli leur tche montre quel point une telle confiance tait justifie. Le percement des Alpes Bernoises a t commenc quelques mois aprs l'ouverture de la ligne du Simplon; en un si court intervalle, la technique des travaux souterrains n'avait pas fait de progrs sensibles. Or, malgr des difficults aussi grandes, parfois mme plus grandes, qu'au Simplon; en dpit de surprises aussi dsastreuses, nos compatriotes ont battu, et de trs loin, tous les records tablis par les perceurs de montagnes pour la vitesse d'avancement et pour la prcision du point de rencontre des quipes de chaque versant. En outre, c'est la premire fois qu'un travail de cette importance, comportant un tunnel de 14.600 mtres et une dpense de 100 millions, est termin et livr l'heure prvue. A diverses reprises, nous avons tenu nos lecteurs au courant de ces travaux; nous allons rappeler brivement les tapes de l'entreprise. La grande chane des Alpes Bernoises, qui s'tend de la pointe orientale du Lman au massif de la Jungfrau, suit une direction sensiblement parallle la valle du Rhne; elle isole compltement de cette dernire la rgion de Berne. De la capitale fdrale, on ne pouvait jusqu'ici gagner le Rhne et Brigue, point de dpart de la ligne du Simplon, qu'en faisant un norme dtour. Dtail de la nouvelle voie ferre et des principaux tunnels de Spiez Brigue. La petite ligne de montagne Spiez-Montreux est surtout une ligne de tourisme, elle ne raccourcit gure la distance et ne se prte point un service de trains rapides. L'ide de percer ce massif, que ne traverse mme aucune voie carrossable, remonte une trentaine d'annes. Une premire concession fut accorde un groupe suisse en 1891, puis transfre en 1897 au canton de Berne qui ne russit point trouver le concours financier dont il avait besoin. Un tournant de la ligne prs de Brigue, au-dessus du Rhne. Un banquier parisien, M. Loste, offrit alors l'appui de capitaux franais; en mme temps un consortium d'entrepreneurs franais acceptait d'excuter le projet. Ce consortium, tabli en 1906, comprenait les plus minents de nos constructeurs: MM. Allard, Chagnaud, Coiseau, Couvreux, Dolfus, Duparchy et Wiriot. MM. Duparchy et Coiseau tant dcds au dbut des travaux, le consortium s'adjoignit un nouveau participant franais, M. Prudhomme. Les associs confirent plus spcialement l'administration gnrale de l'entreprise M. Chagnaud, celui-l mme qui enfona si magistralement sous la Seine les fameux caissons du Mtropolitain; la direction gnrale des travaux chut M. Zurcher, ingnieur en chef des Ponts et Chausses. La voie tait dj amorce par un petit chemin de fer de tourisme entre Spiez (sur le lac de Thoune) et Frtigen, qu'il y avait lieu d'adapter la circulation de trains internationaux. La ligne construire commenait donc Frtigen, 806 mtres d'altitude. Le parcours total, de Frtigen Brigue, mesure 60 kil. 400 mtres; outre le grand tunnel, il comprend 52 tunnels secondaires formant un ensemble de 12 kilomtres et dont le plus important a 1.700 mtres. La ligne suit la valle de la Kander; en amont de Kandersteg (1.20 0m.), aprs avoir fait, Miltholz, une double boucle, elle entre dans le tunnel de 14 kilomtres, qui lui permet de passer sous le col du Loetschberg (2.695 mtres) et de dboucher Goppenstein (1.218 mtres) sur le versant nord de la valle du Rhne, au flanc duquel elle descend jusqu' Brigue (680 mtres). Les travaux de perforation du grand tunnel commencs la fin de 1906, marchrent d'abord rgulirement, mais l'anne 1908 fut marque par deux catastrophes. Le 29 fvrier, prs de la tte sud, Goppenstein, une avalanche ensevelit onze personnes sous les dbris de l'htel restaurant de l'entreprise, endommageant une partie des installations et montrant la ncessit de construire de nouveaux logements en casemates. Quelques mois plus tard, le 24 juillet, la galerie nord, o l'avancement atteignait dj 2.600 mtres, est en partie comble par la chute soudaine d'une masse d'alluvions provenant d'un ancien lit de la Kander au-dessous de laquelle on devait, au dire des gologues les plus autoriss, passer en toute scurit. Le dblaiement et l'achvement du tunnel, suivant le trac dfinitif, ayant t reconnus impossibles, on ferme la galerie ensable par un mur de 10 mtres d'paisseur, travers de drains pour l'coulement des eaux. On reprend les travaux plus de 1.400 mtres en arrire, en obliquant vers l'est; une courbe inverse ramnera sur l'axe du premier trac. La longueur totale du tunnel, fixe d'abord 13.735 mtres, se trouve ainsi porte 14.605 mtres, non compris les 1.400 mtres de galerie abandonne. Le percement suit ds lors son cours normal, et le 31 mars 1911 les deux galeries d'avancement se rencontrent sensiblement au milieu du tunnel, avec une prcision qui n'avait jamais t atteinte et qu'il semble difficile de surpasser. Malgr les difficults rsultant de l'adoption d'un trac sinueux, malgr les corrections de nivellement ncessites par l'allongement du souterrain, la dviation des deux quipes a t insignifiante, comme le montrent les chiffres suivants: cart latral des axes des deux galeries, suivant l'horizontale 257 millimtres. cart en hauteur 102 cart entre la longueur totale prvue (14.605 mtres) et la longueur mesure aprs le percement 410 D'autre part, le tableau ci-aprs montre que la vitesse d'avancement fut de beaucoup suprieure celle ralise dans la perforation de tous les autres grands tunnels europens. On remarquera que, dans ce relev, il n'est point fait tat des priodes d'interruption des travaux. Si, aprs avoir tenu compte des jours de chmage et des arrts imposs par les deux accidents, on dduit les 140 jours de perforation la main et l'avancement correspondant--353 mtres pour les deux ttes--l'avancement en perforation mcanique ressort 11 m. 95 par jour. La valle de la Kander. Tableau comparatif du percement des grands tunnels europens. La ligne compltement acheve et quipe fut livre quelques semaines avant le 1er mai 1913, date fixe par les contrats. Un tel rsultat honore d'autant plus les constructeurs franais qu'ils avaient assum la responsabilit d'une tche particulirement difficile. Le front d'attaque sud du grand tunnel tait 1.200 mtres d'altitude, dans une rgion parseme de quelques misrables chalets, ensevelie sous la neige durant tout l'hiver, ravage par les avalanches et relie la valle par des sentiers rudimentaires peine accessibles aux mulets. Jamais on ne s'tait trouv dans des conditions aussi dplorables pour creuser un souterrain d'une telle importance; il a fallu des prodiges d'organisation pour tablir les chantiers et assurer le transport des matriaux. Pendant la priode de travail intensif, les travaux ont occup une arme de neuf mille ouvriers. Comme couronnement cette oeuvre grandiose, le consortium des entrepreneurs a d intenter un procs la Compagnie du chemin de fer. Cette dernire refuse de considrer comme un cas de force majeure chappant au contrat forfaitaire l'boulement dsastreux de la galerie nord, bien que cette galerie ait t perce suivant le trac impos par la Compagnie, aprs le rapport de gologues qui s'taient tromps d'environ 80 mtres sur le niveau de la roche o l'on pouvait passer en toute scurit. M. Brandt, constructeur du tunnel du Simplon, eut d'ailleurs se dfendre contre des prtentions analogues. LES CONSQUENCES DE L'OUVERTURE DU LOETSCHBERG Cette voie d'accs au Simplon est considre en Suisse comme prsentant surtout un intrt rgional. Elle permettra au canton de Berne de dtourner une partie du trafic qui enrichit Ble par le Gothard, et Lausanne par le Simplon. Pour apprcier le point de vue international et surtout le point de vue franais, nous tiendrons compte de deux rectifications de ligne, en cours d'achvement: le raccourci Frasne-Vallorbe, qui vitera aux trains du P.-L.-M. le dtour par Pontarlier, et le raccourci Moutier-Grange qui, par un tunnel d'environ 8 kilomtres, diminuera le parcours sur le rseau de l'Est. Ds lors, deux faits se dgagent: 1 Pour la majeure partie de la rgion situe l'ouest de Cologne, le trafic qui gagne aujourd'hui l'Italie par Metz, Strasbourg et le Gothard, aura avantage se diriger vers le Lotschberg en empruntant le rail franais Givet, Montmdy, Pagny, etc. Une guerre de tarifs a t vite par des conventions rcentes. En mme temps, le rseau de l'Est, dsormais reli Milan par une voie sensiblement plus courte que le Gothard, se trouvera dans de meilleures conditions pour garder le trafic-voyageurs anglais qu'Ostende n'a pas russi dtourner. Le trajet Nancy-Milan, raccourci seulement de 56 kilomtres, se fera avec un gain de temps d'environ trois heures. 2 Quant la distance de Paris au Simplon, elle sera kilomtriquement plus faible par le Frasne-Vallorbe que par le Lotschberg. Mais les temps de trajet seront sensiblement les mmes. Ces situations respectives sont rsumes dans ce tableau o nous indiquons les distances relles, ngligeant les distances virtuelles toujours discutables. Du nord de la France Milan par le Saint-Gothard, le Simplon, le Loetschberg. Ajoutons que la nouvelle ligne est assez pittoresque. Entre Frtigen et Kandersteg, elle suit la valle de la Kander, frache et verdoyante. Les ponts, les viaducs, les surprises de vues au dbouch des petits tunnels; la boucle de Miltholz, o se superposent trois voies raccordes par des tunnels hlicodaux, ajouteront au charme du trajet qui mnage au del du grand tunnel une belle vue sur les Alpes du Valais. F. Honor. Le nouveau et l'ancien directeur, M. Albert Besnard et M. Carolus Duran, la villa Mdicis, le jour de la transmission de leurs pouvoirs--Phot. Ch. Abeniacar. A L'ACADMIE DE FRANCE A ROME Depuis une semaine, le nouveau directeur de l'Acadmie de France Rome, M. Albert Besnard, a pris possession de ses fonctions: une simple et touchante crmonie a consacr la transmission des pouvoirs, et group une dernire fois, pour de mlancoliques adieux, autour de M. Carolus Duran, les pensionnaires de la villa Mdicis. Certes, nulle nomination ne pouvait tre accueillie avec plus de faveur que ne l'a t celle de M. Albert Besnard; mais M. Carolus Duran tait ador des jeunes artistes auxquels, depuis huit annes, il consacrait ses soins dvous, prodiguait les conseils, donnait l'affection d'un coeur toujours gnreux. Aussi de quelles attentions on l'entourait! Avec quelles prvenances on s'efforait de lui adoucir une tche devenue, surtout depuis la mort de Mme Carolus Duran, bien lourde ses paules! On ne le laissait pas sortir en ville sans sa garde d'honneur, que formaient deux ou trois pensionnaires. Et c'tait un spectacle touchant que de voir ce beau vieillard, tout chenu, au masque si plein de caractre encore, cheminant par les rues sous la protection de ces jeunes gens empresss, dfrents, filiaux pour tout dire. Ce fut le mercredi 4 juin, que M. Albert Besnard arriva la villa pour prendre possession de sa charge. A peine dbarqu Rome, il avait reu la visite de M. Robert Vaucher, notre correspondant, venu le saluer au nom de L'Illustration, et, ds les premires minutes de l'entretien, s'tait rvl ambitieux de conqurir ce mme cordial attachement qu'avait si bien su s'attirer M. Carolus Duran. Le nouveau directeur fut prsent par son prdcesseur aux pensionnaires dans le grand salon de la villa. Mme Albert Besnard l'accompagnait. D'une voix que l'motion fit bientt dfaillir, M. Carolus Duran s'effora de dire combien les sympathies que lui avaient montres ces hommes de coeur qu'il allait quitter lui avaient t prcieuses. L'allocution se termina dans une accolade: les deux grands artistes, le directeur d'hier et celui de demain, tombrent dans les bras l'un de l'autre. L'INCIDENT DU DERBY D'EPSOM Le dramatique incident qui s'est produit, le mercredi de la semaine passe, au Derby d'Epsom, alors que se disputait la course, a caus, dans toute l'Angleterre, une vive motion: l'importance nationale de cette grande preuve hippique, l'intrt passionn qu'elle suscite chez nos voisins, l'affluence considrable qu'elle attire--la prsence, aussi, parmi les concurrents, d'un poulain franais Nimbus, sur lequel on fondait de grands espoirs, et qui et pu, sans doute, en des conditions normales, poursuivre sa chance--devaient donner au geste inattendu de cette suffragette, se jetant devant le cheval qui portait les couleurs du roi, un retentissement que n'atteignirent point les prcdents attentats des terribles militantes du vote pour les femmes. Brutalement projete sur la piste et frappe par les sabots du cheval dont elle avait provoqu la chute, tandis que son jockey, H. Jones, roulait terre, en se faisant des contusions graves, mais heureusement non mortelles, l'hrone de l'aventure, miss milie Davison, fut transporte, dans un pitoyable tat, l'hpital d'Epsom: elle y a succomb, dimanche dernier, aprs une longue agonie. Miss Davison, qui tait ge de trente-cinq ans, comptait, depuis 1906, parmi les suffragettes les plus rsolues. Et elle s'tait dj signale, plusieurs reprises, par son extrme violence. C'est elle qui imagina, un jour, de se cacher dans le calorifre de la Chambre des communes pour apostropher les dputs, et qui, il y a quelques mois, souffleta un infortun pasteur qu'elle avait pris pour M. Lloyd George. Mise en prison par neuf fois, elle y manifesta encore son ardeur combattive en faisant la grve de la faim, en se barricadant dans sa cellule et en tentant de se suicider. Miss Davison est considre aujourd'hui par les suffragettes comme une martyre de la cause. Au cours d'un tumultueux meeting tenu cette semaine Londres, Mrs Despard a exprim l'espoir que son sacrifice allumerait une flamme dans le coeur des hommes et les d ......Buy Now (To Read More)

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Shipping

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