L'Illustration, No. 0020, 15 Juillet 1843

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L'Illustration, No. 0020, 15 Juillet 1843 N 20. Vol. I.--SAMEDI 15 JUILLET 1843. Bureaux, rue de Seine,...
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L'Illustration, No. 0020, 15 Juillet 1843

N 20. Vol. I.--SAMEDI 15 JUILLET 1843. Bureaux, rue de Seine, 33.--Rimprim. Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Ab. pour les Dp.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr. Un an, 32 fr. pour l'tranger. - 10 - 20 - 40 SOMMAIRE. Samuel Hahnemann. Portrait.--Courrier de Paris. Saint-Cyr. A-propos rtrospectif.--Concours aux coles spciales. Sances solennelles d'ouverture l'Htel-de-Ville--La chapelle Saint-Ferdinand. Portrait du Duc d'Orlans, par Raffet; mort du duc d'Orlans; Char funbre; Vue extrieure et intrieure de Notre-Dame; glise de Dreux; Chapelle de Sablonville.--Revue Algrienne. Plan de la Zmala d'Abd-el-Kader; Drapeaux pris avec la Zmala; Portrait du Marabout Sidi-el-Aradj.--Martin Zurbano. Vue de Barcelone et de la forteresse de Montjouich; Insurrection Barcelone.--Mdaille Lesseps. Mdaille.--Promenade sur les Fortifications de Paris. (Suite et fin.) Le Fort du Mont-Valrien, une Teaville; Plan de Vincennes. Fte des Environs de Paris. (Suite.) Le Bal de Sceaux, Entre du Bal de Sceaux, Bal de Sceaux.--Fte communale de Douai. Promenade de Gayan. --Bulletin bibliographique.--Annonces, Modes. Une gravure.--Amusements des sciences.--Correspondance. --Rbus. Samuel Hahnemann. Le fondateur de la mdecine homaeopathique, Samuel Hahnemann, est mort Paris le 2 juillet 1843, dans sa quatre vingt-huitime anne. La doctrine mdicale qu'il a propage et mise en pratique depuis plus de cinquante ans, a pris assez d'importance dans ces derniers temps, pour qu'une notice sur le systme et son auteur ne paraisse pas dnue de tout intrt. N en 1735 Meissen, petite ville de Saxe, Samuel Hahnemann, distingu ds son enfance par son aptitude au travail, tudia la mdecine Leipsick, Vienne, et prit le grade de docteur l'universit d'Erlangen. Ses principaux travaux eurent d'abord pour objet la chimie et la minralogie, sciences dans lesquelles il sut dj se faire un nom. On peut, en effet, rappeler encore aujourd'hui ses recherches sur l'empoisonnement par l'arsenic, et les preuves judiciaires pour le constater, de mme que le mode de prparation trouv par lui, du mercure soluble, qui a conserv son nom. Il publia aussi des traductions de l'anglais, du franais et de l'italien, ainsi que beaucoup d'articles dans les journaux scientifiques de l'Allemagne. En traduisant, en 1790, la matire mdicale de l'Anglais Cullen, il fut si peu satisfait des hypothses l'aide desquelles on tentait d'expliquer la puissance fbrifuge du quinquina, qu'il rsolut, pour s'clairer, de faire avec ce mdicament de essais sur lui-mme. Le rsultat de cette exprience donna naissance la doctrine homaeopathique. Samuel Hahnemann, dcd le 2 juillet 1843. Hahnemann observa que l'action du quinquina sur l'homme sain produisait la fivre intermittente, contre laquelle ce remde est employ avec le plus de succs. Conduit par l'analogie exprimenter avec d'autres substances mdicales, il annona bientt que les proprits curatives de tous les mdicaments dsigns sous le nom de spcifiques tenaient la facult qu'ils avaient de produire sur l'homme sain des maux semblables ceux pour la gurison desquels on avait coutume de les employer. Le fait proclam par Hahnemann, qui basait sur une seule proposition toute une thorie mdicale, ne fut point admis beaucoup prs par tous les mdecins; mais les critiques cet gard, bien que manquant pour la plupart de gravit et d'urbanit, auraient paru srieuses et modres compares celles que provoqua le mode d'emploi conseill par Hahnemann pour les remdes homaeopathiques. En considrant que le premier effet d'un mdicament mis en usage d'aprs sa doctrine devait entraner une aggravation passagre de la maladie, Hahnemann crut devoir s'imposer une extrme rserve pour la quantit des doses administrer. Il songea d'abord mlanger les substances mdicinales avec une matire neutre, qui, en augmentant le volume, en rendait la division plus facile. Mais ayant reconnu que la diminution de la force active des remdes n'tait pas proportionnelle la diminution de la quantit (ce qu'il attribua une augmentation d'nergie rsultant de l'acte de broyer les substances sches ou de secouer les substances liquides pour oprer le mlange des unes ou des autres), il arriva par des rductions successives aux doses vritablement infinitsimales que les mdecins homaeopathes prescrivent aujourd'hui. Cette exigut des remdes homaeopathiques a donn lieu des discussions o l'une des parties invoquait en sa faveur le raisonnement et la science, tandis que l'autre prtendait s'appuyer sur des faits. Sans pouvoir exprimer un avis sur cette question, qui n'est point de notre ressort, nous remarquons seulement que le nombre des disciple d'Hahnemann s'est beaucoup augment; en Allemagne, le savant Hufeland, adversaire dclar des petites doses d'Hahnemann, recommandait dans son dernier ouvrage le principe [demi ligne illisible](1) de mdicaments spcifiques: en France, une partie des professeurs de l'cole de Mdecine de Montpellier se sont dclars sans rserve pour la doctrine homaeopathique; enfin, dans toute l'Europe et dans l'Amrique du Nord, nombre de mdecins la pratiquent exclusivement. [Note 1: La mdecine ordinaire a gnralement pour devise: Contraria contrariis sanantur; celle de l'homaeopathie: Similia similibus curantur.] Sans admettre aveuglment tout ce que les partisans de l'homaeopathie en racontent de merveilleux, on pourrait s'tonner aussi que tant d'hommes instruits se fussent pris d'un systme o tout serait erreur et illusion. Le temps et l'exprience dcideront sur tout cela. Une longue vie exempte d'infirmits, en donnant Hahnemann la facult de travailler avec persvrance au dveloppement de sa doctrine, lui a procur l'avantage de pouvoir en contempler les progrs. Ayant pous en secondes noces, en 1835, l'ge de quatre-vingts ans, mademoiselle d'Hervily, qui n'en avait que vingt-huit, il se dcida venir habiter le pays de sa femme; et depuis huit ans il exerait la mdecine Paris, quand la mort, qu'il a vue s'approcher avec le calme que donne toujours une haute raison jointe une grande piet, a sonn pour lui l'heure du repos. Courrier de Paris. Dcidment l't nous en veut et se plat nous jouer de mauvais tours. Vous savez de quel mois de mai et de quel mois de juin il nous a gratifi; pluie, vent, nuages sombres, voila ses amnits et ses douceurs. Juillet, enfin, tait venu chassant devant lui les froides ondes et illuminant le ciel d'or, de pourpre et d'azur; juillet s'tait montre, pendant quatre ou cinq jours, vtu la lgre et environn de lumire et de soleil. Dj Paris s'panouissait, et, sortant de ses rues et de ses barrires, courait se mettre l'ombre dans les bois de Saint-Germain et de Meudon: mais juillet se moquait de nous comme ses deux frres ans. Ce rayon de soleil n'tait qu'un sourire ironique qu'il nous jetait tratreusement pour mieux nous attirer dans le pige, un faux espoir, une vaine apparence; peine, en effet, Paris avait-il pris ses habits coquets et ses airs de fte, que juillet, riant sous cape, l'claboussait des pieds la tte: le matin Paris tait sorti verni et pimpant, le soir il rentrait mouill jusqu'aux os ou crott, comme le pote Colletet, jusqu' l'chine. Il faut en prendre son parti; la vie bucolique sur les prs fleuris, l'ombre des haies d'aubpine et des tilleuls, est videmment supprime pour l'an de grce 1843. Le parapluie sera notre platane et notre charmille. Avouons cependant que nous mritons un peu d'tre ainsi mens par le ciel, de bourrasque en bourrasque, du chaud au froid, du soleil la pluie. Savons-nous bien, en effet, nous-mmes ce que nous voulons? Nous arrive-t-il jamais d'tre contents des prsents que le baromtre nous envoie? Si l'air est vif et piquant, nous soufflons dans nos doigts, et, d'une mine maussade et transie, nous rptons en choeur: Quel maudit temps! quel horrible temps! je gle! L'astre du jour, comme disaient les potes de l'Empire, brille-t-il au firmament, ce n'est qu'un cri de toutes parts: Ah! mon Dieu! je n'en puis plus! je suis en nage! j'touffe! Pendant ces premires ardeurs de juillet, qui ont peine dur huit jours si vous aviez vu Paris! semblable un homme harass, il ne faisait ni un geste ni un pas sans se plaindre, sans gmir, sans s'essuyer le front, implorant un peu d'air, de vent et de pluie, lui qui la veille grommelait entre ses dents: Peste soit de la pluie et du vent! En vrit, le ciel a-t-il si grand tort de s'amuser de cette ville fantasque, qui veut et ne veut plus, et de brouiller tellement, suivant ses caprices, les couleurs et les mois, qu'elle ne puisse s'y reconnatre? Cette inconstance du ciel, ce mlange de pluie et de soleil n'empchent pas nos honorables de la Chambre de faire leurs bagages et de regagner le chef-lieu ou la maison des champs; comment s'effraieraient-ils en effet de ces variations de l'atmosphre et de ces volte-face? La politique est faite l'image de la saison, tantt riante tantt sombre; et les mmes bouches y soufflent, du jour au lendemain, le oui et le non, le froid et le chaud! Ainsi la session est close, ou peu s'en faut; si la Chambre haute bataille encore sur quelques chiffres du budget, la Chambre des Dputs s'parpille sur les grandes routes; on peut dire qu'elle est en ce moment tire quatre chevaux et cartele de l'est l'ouest et du nord au midi. Chacun regagne son canton et son clocher; c'est du vin du cru, comme dit M. Dupin, qui retourne au tonneau. La malle-poste et les Messageries Royales sont occupes, depuis huit jours, voiturer, vers les quatre points cardinaux, le gouvernement reprsentatif. La droite lgitimiste voyage dans le coup, pour mieux regarder l'horizon si soeur Anne ne voit rien venir; la gauche radicale se campe dans les rgions plbiennes de l'impriale et de la rotonde; le centre se blottit et ronfle dans l'intrieur, avec la satisfaction d'un gastronome bien repu. Pendant la nuit, tandis que tout est tnbres et silence, le postillon, au milieu des claquements de son fouet, entend rsonner son oreille ces mots confus: Espagne, Thiers, Guizot, sucres, vins, bestiaux, conseil d'tat, croix, pensions, prsidence, chemins de fer, aux voix, l'ordre, la clture, primes, recettes, profits, indpendance, corruption, ministre; c'est la Chambre des Dputs qui s'est endormie et qui a le cauchemar, chemin faisant; cependant les aubergistes et les servantes assistent un cours de politique l'heure des repas, tandis que les chevaux s'tonnent d'tre plus chargs que de coutume et plient sous le poids des consciences et des estomacs budgtaires. De leur ct, les ministres se prparent rentrer leur bannire au fourreau et fermer leur arsenal. L'arme ministrielle a pris son cong de semestre, et l'arme ennemie se retire dans ses foyers; pendant ce temps d'armistice, les soldats se reposeront, pour la plupart, sous le pommier natal; mais les chefs, les gnraux, les Achilles et les Ajax vont courir le monde pour se rafrachir le sang et se purger de toute humeur politique. Celui-l, retir dans son chteau de Normandie, mditera sur la misre du peuple et l'galit des conditions; celui-ci ira prendre les eaux du Mont-d'Or ou de Vichy, et se laver des ennuis et des douleurs du pouvoir. Le ministre taillera sa vigne et arrosera ses fleurs; l'opposition pchera innocemment la ligne. Juillet est le mois o les partis dsarment; aot invite les plus guerroyants au repos; septembre les trouve tous endormis sous la tonnelle, jusqu'au jour o dcembre, mois maussade et sombre, embouchant la trompette parlementaire, les rveille en sursaut et leur met de nouveau la passion au coeur et le verre d'eau sucre la main. Le temps est venu, comme on voit, o tous les grands comdiens voyagent: Duprez chante Toulouse; mademoiselle Djazet fredonne et frtille Bordeaux; Bouffe est dans le Nord; mademoiselle Rachel attelle le Midi son char; l'entrechat de mademoiselle Maria, aprs avoir saut par dessus les Alpes, fait le bonheur de Milan; il n'est pas jusqu' M. Alcide Tousez, du thtre du Palais-Royal, qui ne soit impatiemment attendu quelque part. O ira M. Alcide Tousez? C'est encore un mystre; j'ai frapp toutes les chancelleries, et pas un ambassadeur n'a voulu me dire son secret; on croit cependant que M. Alcide Tousez voudra bien honorer de sa prsence plusieurs grandes nations de l'Europe. Dans un temps o le royaume des Pays-Bas s'agenouille aux pieds de mademoiselle Eissler et lui sert de trottoir, tandis que Marseille enivre cire le brodequin de mademoiselle Rachel, Alcide Tousez ne croit pas devoir se drober plus longtemps l'enthousiasme de l'univers. Dj les arcs de triomphe se dressent pour son passage, et les populations empresses, hommes, femmes, enfants, vieillards, bivouaquent sur toutes les routes par o l'on croit qu'il pourrait bien passer. Puisque nous voici dans le monde des comdiens, n'en sortons pas sans payer une dette de regrets une excellente et honnte actrice que le Gymnase vient de perdre subitement. Nous voulons parler de Julienne, la dernire des dugnes, sans contredit, et la meilleure des tantes et des grand'mres. Julienne est morte d'une attaque d'apoplexie; d'abord on a cru la sauver: au bout de quelques heures tout tait dit; cette pauvre grand'maman si simple, si aime du parterre, si ronde et si nave, avait chant son dernier couplet! Le Gymnase est en deuil, et, avec le Gymnase, les nices, les neveux, les pupilles, qui ne retrouveront jamais tant de naturel, de franchise et de bonhomie. Il ne faut pas croire que Julienne a toujours t la Julienne que vous avez vue affuble du bonnet rond de la vieille gouvernante, de la robe ramages de la grand'maman et des falbalas de la douairire. Pourquoi Julienne n'aurait-elle pas eu ses vingt ans tout comme une autre? Elle les a eu ses vingt ans, en effet, et c'tait alors, dit-on, une vive Dorine, une Lisette veille, une agaante Marlon. Le premier chapitre de la vie dramatique de Julienne commence ainsi, l'emploi de soubrette: Julienne porte le jupon court, le tablier et la cornette mutine; elle a le pied leste, l'oreille au guet et l'oeil merillonn; ses poches sont pleines de billets au musc et l'ambre crits par Valre Isabelle, ou changs entre Araminte et Dorante. Que de bons tours elle joue au vieil Orgon! Voyez-vous ce petit chevalier qui lui jette une bourse et un baiser pour se frayer passage dans le boudoir de Dorimne? Mais, gare! voici Frontin et Masearille, et L'Olive, et la Branche, qui se mirent dans ses yeux et lui content fleurette. Lisette leur tient tte, Marton n'est pas embarrasse de la rplique. Allons, soubrette et valet, aux armes! Escrimez-vous d'estoc et de taille, intrpides l'attaque et fermes sur la riposte. Julienne avait des dispositions si particulires, un got si dtermin pour ces duels avec Frontin, pour ces tendresses de Valre, pour ces amours d'Isabelle, qu'elle y a dpens toute sa jeunesse. Soubrette de comdie, d'opra-comique et de vaudeville, elle est reste soubrette vive et accorte, aussi longtemps qu'on peut l'tre. On n'accusera pas cette bonne Julienne d'avoir t inconstante; avant son entre au Gymnase, elle avait beaucoup parcouru le monde, mais comme Joconde elle n'avait pas chang: soubrette sans cesse et soubrette toujours, de Nantes Strasbourg, de Marseille Lille, dans tous les coins de la France. Un jour, au Havre, Julienne rcitait, suivant sa coutume, quelque scne de Lisette ou de Dorine; peut-tre se trouvait-elle aux prises avec Tartufe: Il a l'oreille rouge et le teint bien fleuri! Vous serez trop heureuse avec un tel mari! peut-tre chantait-elle tout simplement le duo de Grtry: Dis! m'aimes-tu?--Ah! je t'adore. --Et toi, Marton?--Je te dvore. A ce moment, Gontier vint passer; Gontier, l'toile, le soleil du Gymnase; il vit Julienne, l'couta, l'applaudit et en crivit deux mots M. Scribe... Deux mots de Gontier, quel certificat! Sur une parole de Napolon, l'Europe prenait les armes; sur ces deux mots de Gontier, le Gymnase marcha la conqute de Julienne, attaqua le Havre et lui enleva sa soubrette; le rgiment de comdies-vaudevilles, dont Gontier tait le colonel, venait de se recruter d'une actrice pleine de verve et de naturel; seulement les vingt ans taient dj loin, et la vive Marton, jetant l le jupon court, devint tout coup la grosse et bonne maman Julienne que nous regrettons. Un jour, quand le Gymnase, retir sous sa tente, contera ses exploits ses petits-enfants et parlera de ses belles annes, il citera, moins d'ingratitude, le nom de Julienne parmi les noms de ses serviteurs et de ses compagnons les plus aims, les plus fidles et les plus applaudis. On annonce aussi la mort de M. C..., dont les excentricits et l'avarice sont devenues fameuses. C... tait le rival et le frre jumeau d'Harpagon. Possesseur d'une fortune immense, accumulant million sur million, il poussait la ladrerie sa perfection. Un de ses parents m'a racont de lui des traits qui mritent d'tre prcieusement conservs; ce sont des matriaux qui pourront servir plus tard quelque pote comique pour complter le portrait de l'Harpagon de Molire et de l'Euclien de Plaute. C... avait un fils. Tant que ce fils fut au maillot, C... supporta avec une sorte de rsignation les charges et les frais de sa paternit; une fois cependant il eut une querelle terrible avec la nourrice, prtendant qu'elle ne gagnait pas l'argent qu'on lui donnait et mettait la moiti d'eau dans son lait. C... voulut un instant lui intenter un procs en dommages et intrts; il alla mme chez le juge, qui lui dit: Depuis quand prenez-vous la mamelle des nourrices pour une cruche de laitire?--Ah! monsieur, rpliqua C... d'un air dsespr, vous avez beau dire, mon fils ne tette pas pour trois sous de lait par jour et j'en paie cinq! Je suis vol. Jusqu' dix ans, l'enfant marcha pieds nus et peu prs vtu du costume de la nature. C... disait ses amis, qui se plaignaient de voir le pauvre diable tantt brl par le soleil et tantt grelottant de froid: Laissez donc! a forme le caractre. Au fait, le systme d'ducation de C... n'avait pour but que d'conomiser les frais de cordonnier et de tailleur. A quinze ans il fallut le voir tant bien que mal. Ajoutez que notre adolescent ne se contentait plus de sucre d'orge, de pain d'pices et de croquets; son apptit se manifesta d'une faon dvorante. C... s'en alarma; pendant quelque temps il lui rogna les vivres et lui disputa les morceaux. Mais C... perdait toujours quelque chose cette bataille; aussi regrettait-il de n'avoir pas mis au monde un fils qui put vivre sans manger. Puisque enfin le mal tait fait, il songea du moins le rparer de son mieux, et imagina le moyen que voici de ne plus nourrir ce fils affam. Un matin, C... se prsenta chez le procureur du roi, gmissant, la larme l'oeil, et demandant, au nom de la loi, aide et protection contre son garnement. Notez que c'tait le jeune homme le plus doux et le plus innocent du monde. Que lui reprochez-vous donc? lui dit le magistrat. C.... se mit alors dfiler un chapelet interminable de griefs et de mfaits. Jamais pre, l'entendre, n'avait t plus mal partag et plus malheureux. Il fit si bien, qu'il obtint la dtention de son fils dans une maison de surveillance; satisfaction, comme on sait, que le code accorde aux parents prvoyants. Je vous laisse juger de la joie de C...! Harpagon avait enfin trouv le moyen qu'il cherchait d'avoir gratis un fils, le gouvernement payant son loyer et sa nourriture. C... mditait de placer sa femme dans la mme pension, lorsque l'autorit fut avertie du tour que C... lui avait jou, et remit le fils la charge du pre. Diable, s'cria le millionnaire en apprenant la nouvelle, a va me gner; je comptais encore pour deux ou trois ans sur cette conomie! Le domestique de C... avait servi dans le 32e rgiment de ligne. Un jour entrant dans la chambre de son matre, il lui trouve un air de mditation profonde. Jean, dit tout coup notre homme en s'veillant comme d'un songe; Jean, tu as t dix ans soldat?--Oui, monsieur.--Eh bien! combien avais-tu de pave?--Cinq sous par jour, monsieur, et un sou de retenue.--Et ta nourriture?--Un pain de munition.--Comment te trouvais-tu de ce rgime?--Mais, monsieur, pas trop mal.--Ta sant tait-elle bonne?--Trs bonne, monsieur.--Eh bien! Jean, mon ami, puisque tu as vcu pendant dix ans avec du pain de munition, quatre sous d'appointements, et que tu t'en es bien trouv, dater d'aujourd'hui je te donnerai la mme nourriture et le mme salaire. J'avais eu tort de changer tes habitudes; pardonne-moi! a aurait pu te faire mal. Une autre fois, C... sonne Jean pour le charger d'une commission. Jean arrive clopin-clopant; dans son empressement, il s'tait heurt l'escalier et avait fait une horrible chute: Tu vas aller au faubourg du Roule, lui dit C..... --Ah! monsieur, vous voyez, je suis clop et ne puis faire un pas.--Soit; j'irai ta place, mais tu me prteras tes souliers.--Pourquoi cela, monsieur?--Pourquoi cela, drle? Puisque je vais o tu devais aller, il est juste que j'use tes semelles et non les miennes. Et C..., tant ses pantoufles, se chaussa comme il le disait, aux dpens du pauvre diable. Feu le clbre docteur Double tait son mdecin ordinaire; en sa qualit d'ancien camarade de collge de C..... et connaissant surtout ses gots conomiques, il se gardait bien de lui prsenter jamais un mmoire: aussi C.... l'avait-il choisi de prfrence tous les autres; mdecins. Il y a deux ans, C..... se sentant malade, le docteur lui prescrit les eaux d'Aix. C.... recule le plus qu'il peut devant cette grande entreprise; mais il s'agit de sa sant et peut-tre de sa vie, et mon avare se dcide quelques sacrifices. Le voici donc en route; vous dire les roueries qu'il emploie, chemin faisant, pour tromper les aubergistes et escamoter le pourboire des postillons et des servantes, je ne saurais. Le jour de son arrive Aix, il s'acheminait tristement vers l'tablissement des bains, l'oeil morne et la tte baisse, supputant avec douleur ce qu'une douche pourrait lui coter. Tout en rvant sa misre, notre homme arrive sur les bords du lac qui tale, dans la valle d'Aix, ses eaux froides et limpides; soudain une ide le saisit; il s'approche du bord, s'arrte, se dshabille et se jette dans l'eau.--Eh! monsieur, que faites-vous donc? lui crie Jean.--Double m'a dit de prendre les eaux d'Aix, rpond C... grelottant de froid; celles-ci ou celles-l, n'est-ce pas la mme chose? Il continua pendant huit jours la mme opration, et revint Paris. Tu aurais tout aussi bien fait de te baigner sous le pont d'Austerlitz, lui dit le docteur Double en riant. C.... avait une chaise de poste, comme Harpagon son carrosse, son matre Jacques et des chevaux; C... partait un jour pour sa maison de campagne, situe dans le dpartement de la Cte-d'Or. Il avait pris avec lui sa nice, qui devait passer quelques semaines Saint-A.... A peine la voiture avait-elle franchi la barrire de Charenton, que C....., se retournant du ct de la jeune femme: Ma chre enfant, il faut que nous rglions notre petit compte ensemble. --Que voulez-vous dire, mon oncle?--coute bien; si tu n'tais pas venue dans ma voiture, tu aurais pris le coup de la diligence; pour aller jusqu' Saint-A.... c'est soixante-dix francs qu'il t'en aurait cot; tu vas m'en donner trente-cinq, et tout sera dit: je te tiens quitte du reste.--Et la nice fut oblige de payer. Voici une recette que C.....avait invente pour se nourrir bon march: il entrait chez un restaurateur, s'attablait et demandait un potage; le potage servi, C.... en mangeait la moiti, puis, frappant avec violence sur la table:--Garon! s'criait-il. A ce grand clat le garon d'accourir: C'est horrible, ajoutait C....; ce potage n'est pas mangeable! Quelle gargote! Et il se levait brusquement, prenait sa canne, son chapeau et sortait d'un air furieux. Un peu plus loin, chez le restaurateur voisin, c'tait le vin qu'il trouvait dtestable, aprs en avoir bu deux ou trois gorges; puis le bifteck chez celui-ci, et le poisson chez celui-l; C... allait ainsi de cuisine en cuisine, et finissait, force de prendre un morceau ici et l une bouche, par se faire un dner complet sans avoir besoin de payer la carte. C....., au moment de rendre le dernier soupir, a trouv un reste de force pour se mettre sur son sant et teindre une bougie allume, que la garde-malade avait oublie sur la table de nuit: Ces gens-l brlent la chandelle deux bouts, murmura-t-il d'une voix affaiblie; ils finiront par me mettre sur la paille. C..... laisse un hritage de six millions. Les nouvelles de Vienne retentissent des bravos obtenus par madame Pauline Viardot-Garcia: partout des couronnes et 'partout des vivat! C'est une ovation mrite et complte. Madame Pauline Viardot a d partir pour Prague, o les mmes succs l'attendent. Saint-Cyr. A-PROPOS RTROSPECTIF. Le Thtre-Franais annonce pour la semaine prochaine une comdie nouvelle intitule: Les Demoiselles de Saint-Cyr, et le nom seul de l'auteur suffirait pour veiller l'attention publique. M. Alexandre Dumas est peut-tre celui de nos auteurs dramatiques qui, l'apparition d'une de ses oeuvres, excite le plus la curiosit, et cela, non par l'appt de nouveaux arguments littraires fournis l'une ou l'autre des deux coles, mais simplement parce que l'on est presque sr de rencontrer toujours, au moins dans quelques scnes, des passions ou des feux d'artifice d'esprit. Quoique propos de cet ouvrage, nous nous proposions de dire quelques mots sur les lieux ou doit se passer la scne et sur quelques-uns des personnages, il faut reconnatre tout d'abord que l'auteur est ncessairement forc de s'loigner de la vrit historique; s'il avait voulu la suivre dans les dtails de l'tablissement de Saint Cyr, nous n'aurions certainement pas eu un premier acte aussi gai, aussi fou que celui qu'on nous promet. Une femme qu'au thtre il faudrait bien se garder de peindre autrement que sche, froide et impassible, parce que ce n'est pas au thtre qu'on redresse les prjugs, madame de Maintenon, qui nous apparat tout autre quand on l'tudie dans sa correspondance, tait devenue le point de mire de tous les solliciteurs; c'tait chez elle que pleuvaient tous le, placets, et surtout ceux de la noblesse ruine par la guerre, le dsordre ou l'insouciance, qui avaient rclamer des secours pour de jeunes filles sans dot et sans appui A la sympathie naturelle qu'un tel malheur devait rencontrer chez la veuve de Scarron, se joignait aussi un penchant l'ducation, et sans doute le souvenir des premires fonctions auxquelles elle avait d l'avantage d'tre connue du roi et l'occasion de s'lever. Elle avait donc form dj le projet d'un tablissement en faveur des jeunes filles de condition sans fortune, lorsque le hasard lui offrit une ursuline, madame de Brinon, qui, force de quitter un couvent endett, remplissait dans le monde le voeu d'instruction qu'elle avait fait en rassemblant les domestiques, les enfants du chteau de Montchevreuil, o elle s'tait rfugie. En 1682, madame de Maintenon runit Rueil, sous la direction de madame de Brinon, une soixantaine de jeunes personnes qu'elle entretenait dans divers tablissements; bientt le nombre des pensionnaires s'accrut, et madame de Maintenon, qui prenait grand got cet oeuvre et la visitait tous les jours, voulut la rapprocher d'elle; elle obtint du roi la maison de Noisy, qui se trouvait enferme dans le parc de Versailles. L commence toute l'organisation d'un grand tablissement form avec une libralit qu'on regrette de voir disparatre plus tard. A Noisy, les filles de bourgeois taient admises comme les demoiselles et mme prs du chteau tait une maison o, sous le nom de filles bleues, taient levs les enfants des paysans habitant les domaines de la fondatrice. Noisy fut bientt le sujet de toutes les conversations la cour; on voulut y faire visite; les demandes d'admission se multiplirent; il fallut que la munificence du roi vint en aide la charit de madame de Maintenon; on rsolut d'tablir une maison qui contint 250 lves, 30 professes et 21 converses. L'architecte Mansard choisit l'emplacement de Saint-Cyr, proximit de Versailles. Le 1er mai 1685 commencrent les travaux; l'ardeur de voir raliser les projets forms tait telle que les ouvriers ordinaires ne parurent pas suffire: on y employa des troupes campes Versailles, et 2,000 travailleurs levrent les btiments avec une telle prcipitation, que plus tard, on fut oblig de faire de grandes et nombreuses rparations. L'dit d'rection fut enregistre au Parlement, le 18 juin 1686; il fut pourvu la dotation de la maison; on interdit la communaut toute facult d'acqurir; s'il y avait des pargnes, elles devaient tre employes doter les lves qui voudraient se marier; dfaut d'pargnes, le trsor royal fournirait cette dpense. Rien de plus prvoyant, de plus paternel que les rglements et constitutions des Dames de Saint-Louis, auxquels madame de Maintenon donna tous ses soins et toute son tude; mais, hlas! on ne put plus tre admis qu'en faisant preuve de quatre degrs de noblesse. Madame de Brinon fut nomme suprieure; mais la renomme de la maison, les bndictions donnes partout cette fondation, troublrent la tte de la pauvre dame, qui, par sa vanit, compromit un moment ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 38089
Author: Various
Release Date: Nov 23, 2011
Format: eBook
Language: French

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