L'Illustration, No. 3254, 8 Juillet 1905

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L'Illustration, No. 3254, 8 Juillet 1905 ELISE RECLUS Auteur de la "Gographie universelle" et de "l'Homme et...
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L'Illustration, No. 3254, 8 Juillet 1905

ELISE RECLUS Auteur de la "Gographie universelle" et de "l'Homme et la Terre", mort le 4 juillet. Photographie P. Kadar.--Voir l'article, page 32. A la premire nouvelle des graves vnements d'Odessa, un envoy spcial de L'Illustration, M. Gustave Babin, est parti pour cette ville o il est arriv lundi aprs soixante-douze heures conscutives de chemin de fer. Outre les photographies qu'il pourra prendre lui-mme, il nous enverra, par les voies les plus rapides et les plus sres, de nombreux documents graphiques (clichs et croquis) prpars et runis pour L'Illustration aux heures mmes o le Kniaz-Potemkine menaait la ville, mais qui n'avaient pu encore nous parvenir. Notre prochain numro contiendra les premiers envois de M. Gustave Babin, qui se rendra, en quittant Odessa, dans les autres rgions les plus troubles de la Russie. COURRIER DE PARIS JOURNAL D'UNE TRANGRE Hier, en sortant du muse de Cluny o j'tais alle faire mon plerinage hebdomadaire d'amoureuse de vieilles reliures et de vieux bijoux, j'ai gagn la rue Saint-Jacques et suis descendue de l vers la rue Dante,--incurable badaude que je suis! Au milieu de cette rue s'lve une maison neuve, qui n'est point habite encore et dont la porte d'entre, surmonte d'paisses cariatides, s'encadre de deux rideaux de tle derrire lesquels il y a deux boutiques louer. Les journaux nous ont appris qu'un des appartements de cet immeuble venait d'tre lou par M. le prsident de la Rpublique et que c'est l, entre deux talages de petits marchands, qu'au mois de fvrier prochain M. Loubet viendra goter la joie d'tre redevenu simple citoyen--de n'avoir plus ni ftes prsider, ni rois recevoir, ni ministres choisir... ou congdier. Et nous tions bien, devant cette faade blanche, une cinquantaine de curieux attroups, qui regardions. Des gens entraient, sortaient, posaient des questions un concierge visiblement exaspr. Dans la matine, une voiture de Cook, charge de touristes, tait venue s'arrter devant la maison (c'est une voisine qui m'a cont cela); et voil un immeuble qui aura eu l'exceptionnelle fortune d'tre historique avant mme qu'aucun locataire y ait mis le pied. Les vrais Parisiens (ils sont rares) sauront gr M. Loubet d'un choix o s'attestent la fois l'extrme simplicit de ses gots et un certain amour de Paris qu'on ne lui connaissait pas; car, si ce coin de notre rive gauche est tout fait dnu d'lgance, il en est aussi l'un des plus intressants et des plus pittoresques morceaux. Log prs de la Seine, quelques pas de l'antique Cit, M. Loubet pourra consacrer les loisirs de ses matines d'amusantes flneries parmi des ruelles o s'voque l'histoire d'un Paris trs dmod, trs oubli et que les habitants du quartier de l'Elyse ne connaissent gure. C'est la rue Galande; c'est la rue du Fouarre; c'est, borne par les masures lamentables de l'ancien Htel-Dieu, la rue Saint-Julien-le-Pauvre, avec sa petite glise o, depuis huit cents ans, des Parisiens ont pri; c'est la rue de la Bcherie, de la Huchette, de la Parcheminerie... Aussi, l'on s'tonne; et j'entends autour de moi des rflexions gentilles. Il est vident que l'on ne s'attendait point ce que M. Loubet fixt son domicile de demain une distance si grande des quartiers o ses amis d'aujourd'hui rsident de prfrence,--et qu'on en est flatt. C'est un homme qui n'est pas fier. Voil ce qui plat. Aussi bien cette qualit-l, chez un chef d'tat, semble-t-elle la plus rare de toutes. Et l'opinion populaire ne s'y trompe point. Il lui est tout fait indiffrent que le nomm Cincinnatus, consul et dictateur, ait--il y a vingt-trois sicles--rtabli l'ordre dans Rome, sauv l'arme, conquis des territoires et ras la maison d'un certain Spurius Malius qui se mlait d'aspirer la royaut. La seule chose qui intresse la foule et qu'elle veuille retenir de cette histoire, c'est que Cincinnatus fut un homme puissant qui, sa tche finie, ne redouta point la pauvret et laboura son champ lui-mme. Ce petit trait n'a l'air de rien; cependant, il a contribu bien plus la gloire de Cincinnatus qu'un demi-sicle de services clatants rendus l'tat. Il se pourrait que la mme fortune ft rserve M. Loubet et que, bien longtemps aprs que les coliers de France auront oubli ce que fut ce septennat, quels vnements historiques le nom de M. Loubet s'associe et quels rois firent visite ce rpublicain, ce seul souvenir demeure: M. Loubet fut un prsident de Rpublique (1899-1906) qui, son mandat tant expir, quitta l'Elyse pour aller habiter, dans une petite maison de la rue Dante possde par un ngociant en vins, un appartement dont le loyer n'excdait pas cinq mille cinq cents francs. En attendant, de toutes les parties du monde, les visiteurs de marque continuent d'affluer, souriants et cordiaux, vers l'Elyse. Ce seront, la semaine prochaine, les marins anglais; ce sont, cette semaine, les marins d'Amrique,--les compatriotes de cet amiral Jones dont on vient chez nous, trs solennellement, qurir la dpouille. Je vois qu'on a beaucoup discut sur l'authenticit de cette dpouille et qu'il n'est pas tout fait sr que ce soient les restes de l'amiral Jones qu'emportent chez eux les Amricains. Mais ils affirment, eux, qu'il n'y a point d'erreur, et je trouve infiniment noble l'empressement de ces hommes vouloir honorer un mort dont il ne semble pas que l'identit soit irrprochablement tablie. Les Franais, les Anglais, les Allemands, se fussent montrs, je crois, dans une circonstance pareille, plus difficiles satisfaire. Les Amricains sont, eux, un peuple jeune et dont l'histoire ne remonte pas trs loin dans l'infini des temps. Les Amricains n'ont ni vieux monuments ni vieux livres; les Amricains manquent d'anctres... De l un penchant trs excusable ne point examiner de trop prs les pices du mort qu'on leur prsente. Est-ce bien lui? Peut-tre... mais il n'importe. L'essentiel et l'urgent, c'est d'offrir la pit populaire des monuments saluer. Et comme cela est significatif! Nous nous tions habitus considrer ce peuple amricain comme uniquement avide de bien-tre; nous pensions qu'il n'avait d'autre orgueil que celui d'tre riche et fort; et longtemps il n'eut, en effet, que cet orgueil-l. Un autre lui vient: celui de se composer une belle histoire et d'orner son pass. Il a d'normes usines, de vastes banques et des bibliothques somptueuses; et il souffre de n'avoir pas assez de glorieuses spultures o s'inscrivent des dates un peu vieilles. Il y a un an, le pote Mistral avait fait remettre, au prsident Roosevelt, un exemplaire de sa Mireille en provenal et je me souviens d'avoir lu dans les journaux la traduction d'une jolie et trs touchante lettre qu' cette occasion le prsident fit remettre au pote. Il avouait, le prsident--un peu mlancoliquement, me sembla-t-il--que les trusts ne sont pas l'unique moyen qu'aient dcouvert les hommes d'tre forts et qu'il y a d'autres joies dans la vie que celles de bien fabriquer et de bien vendre... Ne dnigrons donc point notre idalisme; il fait des jaloux parmi ceux dont nous sommes jaloux; et saluons trs bas les braves gens qui ont fait huit jours de mer pour venir chercher Paris un vieux cercueil o il est probable que gt la dpouille d'un de leurs grands hommes. Il y a l l'indice d'un sentiment neuf que les Yankees d'il y a cinquante ans ne connaissaient pas. Mais ne mprisons pas trop non plus les joies que donne l'argent, ni surtout les dlicieux rves que suscite en nous la possibilit de conqurir la fortune tout d'un coup! Cette Loterie de la Presse a mis, autour de moi, toutes les ttes l'envers. Trois lots d'un millions! Que feriez-vous si vous gagniez un million demain? Et l'on discute, on fait ses comptes. Les moins gourmands dclarent qu'un lot de cent mille francs les contenterait. Cent mille francs? dit ma modiste; j'en demande la moiti pour tre heureuse. On se promet des cadeaux les uns aux autres; on btit mille projets purils et charmants. Et cela dj est un bonheur qui vaut bien la pice d'or dont on l'aura pay. Car, si gagner la loterie est une joie, c'en est une aussi, mme si l'on n'y gagne rien, de penser que, peut-tre, on y gagnera quelque chose; c'est une joie, en somme, et trs relle, que d'esprer; que de vivre un mois ou deux dans l'attente du coup de hasard qui vous fera riche. Certains philosophes trouvent immoral cet espoir-l. En quoi l'est-il? J'ai connu un homme de lettres trs illustre (mort aujourd'hui) qui tait joueur. Il m'avouait un jour sa passion. Et, comme elle lui avait cot trs cher, cette passion-l, je lui demandais: --Ne vous corrigerez-vous jamais? Il sourit: --Non, dit-il; car, pour celui qu'amusent vraiment les caprices du hasard, il y a, au jeu, deux motions et, par consquent, deux joies: la premire, c'est de gagner; la seconde, c'est de perdre. Je crois que, tout de mme, celui-l exagrait. Sonia. NOTES ET IMPRESSIONS Rien ne marque tant le jugement solide d'un homme que de savoir choisir entre les grands inconvnients. Cardinal de Retz. ** * Notre trange Paris, dans ses populations et ses aspects, est comme une carte d'chantillons du monde. Alphonse Daudet. ** * Un homme un peu malin devient plus facilement ministre que chef de bureau. Guy de Maupassant. ** * Les dclasss deviennent si nombreux qu'ils commencent former une classe. A. Capus. ** * Ce n'est point le vin, c'est la parole qui fait l'ivresse sobre du Midi. Etienne Lamy. ** * On voit tout coup surgir, des couches profondes de l'histoire, des problmes nouveaux, comme, de celles du globe, des volcans inconnus. ** * Dans toutes les luttes de la vie, c'est l'imprvu qu'il faudrait s'attacher prvoir. G.-M. Valtour. FIN D'EXIL La semaine dernire, M. Chaumi, garde des sceaux, a saisi le Snat d'un projet de loi d'amnistie, prcd d'un expos des motifs concluant en ces termes: La Rpublique est assez forte pour n'avoir plus redouter les entreprises qu'on voudrait diriger contre elle et qu'elle saurait djouer. Elle peut tre clmente et jeter maintenant l'oubli sur des fautes dont quelques-unes ont t payes par leurs auteurs de plusieurs annes d'exil. La Villa Alta, rsidence de M. Paul Droulde, Saint-Sbastien. Le gouvernement estime enfin que le moment est venu de raliser une ide gnreuse, depuis assez longtemps dj dans l'air, et, tenu d'en rfrer au Parlement, c'est l'assemble du Luxembourg qui, constitue en haute cour de justice pour juger un procs politique, pronona la condamnation, qu'il invite la premire dcrter la mesure de clmence. Le plus notoire des condamns de 1899, M. Paul Droulde, va bnficier de cette amnistie. Accus --et il ne s'en dfendit pas--d'avoir, le 23 fvrier, lors des funrailles du prsident Flix Faure, tent d'entraner les troupes dans un mouvement insurrectionnel afin de substituer au rgime existant une rpublique plbiscitaire, il fut frapp d'un bannissement de dix ans; voil donc la sixime anne que le chef de la Ligue des patriotes passe sur la terre trangre. Il a, on le sait, fix sa rsidence en Espagne, le moins loin possible de son pays, Saint-Sbastien, o il habite une demeure baptise d'un nom significatif, la Villa Alta. M. Droulde a men l une existence de repos forc, particulirement pnible l'ardeur active de son temprament, supportant, d'ailleurs, la pesante monotonie des jours d'preuves et les affres obsdantes de la nostalgie avec la dignit inhrente son caractre; recevant la visite de quelques amis, rompant rarement le silence de sa retraite par une lettre ou un tlgramme plus ou moins sensationnels, destins montrer son constant souci des vnements politiques. On n'a pas oubli le duel du 6 dcembre dernier, o M. Jaurs et lui changrent deux balles et comment, interdite sur le territoire espagnol, la rencontre, grce la tolrance de notre gouvernement, eut lieu sur le territoire franais, prs de la frontire. Le 17 du mme mois, M. Droulde conduisait jusqu' la mme frontire, mais sans qu'il lui ft permis de la franchir, cette fois, M. Marcel Habert, son fidle Achate, dont la peine de bannissement arrivait , expiration. Souvent le pote proscrit aimait aller mditer dans la solitude d'un site romantique, aux environs de Saint-Sbastien, la pointe d'un promontoire de Pasages, tel, sur son rocher de Guernesey, Victor Hugo, qui a dit: Oh! n'exilons personne! Oh! l'exil est impie! Le front soucieux, il contemplait l'immensit de la mer changeante; mais, certainement, toute sa pense se portait vers la France, o il aura bientt le droit de rentrer. FIN D'EXIL.--M. Paul Droulde aux rochers d'Hugo, San-Juan de Pasages. UNE ESCADRE AMRICAINE A CHERBOURG Galveston. Brooklyn, vaisseau-amiral.Tacoma. ChattanoogaDessin de Johanson. On trouvera plus loin (p. 30) des dtails sur l'amiral amricain John-Paul Jones, dont une mission extraordinaire, envoye par les tats-Unis, est venue cette semaine chercher les restes, rcemment exhums Paris. L'escadre amricaine, qui doit escorter ces glorieuses reliques et qui est commande par l'amiral Sigsbee, est arrive le 30 juin Cherbourg, o elle a chang avec la terre et les navires sur rade les saluts d'usage. UNE ESCADRE ANGLAISE A BREST Magnificent. Illustrious. King-Edward-VII.Jupiter.Majestic. Commonwealth. --Dessin de Wilkinson. C'est le 10 juillet que commenceront les ftes franco-anglaises de Brest. A 1 h. 30 de l'aprs-midi, l'escadre anglaise arrivera en rade. Aprs les rceptions, un grand dner aura lieu le soir mme bord du Massna, btiment-amiral franais. Les bals, banquets, revues se succderont pendant toute la semaine. L'Illustration sera reprsente ces ftes par plusieurs de ses dessinateurs et photographes. DEUX DOCUMENTS RTROSPECTIFS SUR LA DFAITE RUSSE DE MOUKDEN ATTENDANT L'ARRIVE DES JAPONAIS, APRS L'VACUATION DE MOUKDEN. La retraite de l'arme russe aprs la dfaite de Moukden, nous crit le Dr Van Haut, auteur de cette photographie, se fit avec tant de hte que beaucoup de morts ne purent tre enterrs. On voit ici environ 600 cadavres rassembls, en attendant les Japonais, sous la surveillance de quelques membres du personnel de la Croix-Rouge. LA RETRAITE DE L'ARME RUSSE, ABANDONNANT MOUKDEN EN FLAMMES, LE MATIN DU 10 MARS. Cette photographie, qui nous parvient tardivement est, coup sr, une des plus impressionnantes qui aient t prises en Mandchourie. Nous la publions telle que nous l'avons reue: elle fut prise l'aube naissante d'un lendemain de dfaite, dans la fume de l'incendie. A PTERHOF Ftes d'inauguration de l'glise Pierre et Paul, Pterhof, rsidence actuelle de l'empereur Nicolas II. La situation de la Russie est de jour en jour plus tragique. Comme les dsastres de Mandchourie, les dsordres intrieurs forment une srie ininterrompue et qui va s'aggravant. Peut-tre la paix est-elle maintenant prochaine en Extrme-Orient; mais quand se fera-t-elle dans le pays russe? Les vnements d'Odessa, la rvolte de l'quipage du Kniaz-Potemkine, ont caus dans le monde entier une motion profonde. Jamais, dans leur lutte contre toutes les puissances gouvernementales, les forces rvolutionnaires n'avaient obtenu un rsultat aussi retentissant; et elles l'ont obtenu la fois dans le pays de l'autocratie absolue et contre l'autorit qui paraissait la plus intangible de toutes: celle qu'exercent leur bord les officiers d'un navire de guerre. En prsence de ce dsarroi formidable, les penses vont irrsistiblement celui que tous les coups visent et frappent: le tsar. La France, qui l'a acclam et ft deux fois, le plaint, mais l'observe aussi. Que fait-il? Que va-t-il faire? Nous avons annonc la semaine dernire qu'il avait quitt Tsarsko-Slo, sa rsidence depuis le mois de janvier, pour Pterhof, au bord du golfe de Finlande. L, il a accompli aussitt un acte politique important en recevant officiellement les dlgus du Congrs des zemstvos, en coutant le discours respectueux mais ferme du prince Troubetzko, en promettant que les lus de la nation russe seraient bientt appels participer aux affaires de l'tat. Maintenant, tandis qu'en Pologne, au Caucase, sur les rivages de la mer Noire et de la mer Baltique, les grves, les pillages, les rvoltes et les massacres attestent combien seraient urgentes les rformes qui s'laborent si lentement, la vie de Cour se poursuit Pterhof, sans ftes assurment, mais avec toutes ses autres obligations monotones: parades militaires, crmonies religieuses. A l'heure mme o le Kniaz-Potemkine, avec son quipage de mutins, bravait Sbastopol et menaait Odessa, le tsar et l'impratrice, les officiers de leur palais, les chambellans et les dames d'honneur, inauguraient solennellement une nouvelle glise, ddie aux saints Pierre et Paul. Le photographe de L'Illustration n'a pas voulu laisser passer cette occasion de prendre, avec quelques pisodes de la crmonie, un nouveau portrait du souverain russe, l'heure la plus critiqu de son rgne. Il nous semble que ce portrait sera beaucoup et longuement regard. On interrogera la physionomie, la dmarche de l'empereur; on cherchera son regard; on voudra deviner l'nigme de ses penses et de sa volont. Au mme titre que les plus tragiques clichs pris sur les champs de bataille de Mandchourie, une telle photographie est un prcieux document pour les historiens futurs. Officiers et dames de la Cour. Le tsar. La tsarine. L'EMPEREUR NICOLAS II INAUGURE, A PTERHOF, UNE NOUVELLE GLISE La flotte de la mer Noire l'ancre dans le port de Sbastopol, o s'est produite la mutinerie du Kniaz-Potemkine. Le port d'Odessa: vue du mle o fut expos le corps du matelot Omeltchouk, dont la mort a caus la mutinerie du Kniaz-Potemkine. Les quais Odessa: droite, la voie ferre suspendue, dont la charpente a t incendie pendant l'meute du 28 juin. A ODESSA. --Sur les quais: les ouvriers chargeurs actuellement en grve. Les vues que nous publions ici ont t prises avant les meutes de ces jours derniers: elles permettent simplement de situer les vnements que les dpches ont raconts en dtail. Mais notre prochain numro contiendra d'importants documents photographiques d'actualit dont notre collaborateur, M. Gustave Babin, arriv lundi soir Odessa, nous annonce l'envoi par tlgramme. (Agrandissement) Le "Kniaz-Potemkine", le plus neuf des cuirasss de la mer Noire, dont l'quipage s'est rvolt le 27 juin, massacrant une partie des officiers, et qui s'est prsent le mme jour devant Odessa, surexcitant par sa prsence et son exemple les ouvriers du port, dj en grve gnrale, et provoquant de sanglants dsordres. Le "Georgi-Pobiedonostzef", qui s'tait joint au "Potemkine", Odessa, mais qui a fait sa reddition le 2 juillet. Panorama d'Odessa, vu de la mer. Stationnaire "lisabeth", qui a tir sur les mutins russes. Le port roumain de Constantza, o le "Kniaz-Potemkine" a sjourn les 2 et 3 juillet. LE CUIRASS 'ERRANT' "KNIAZ-POTEMKINE" Le Kniaz-Potemkine, cuirass d'escadre de 12.500 tonneaux, a t lanc Nicolaef en 1900 et achev en 1903; il est arm de 48 canons et de 5 tubes lance-torpilles; il peut marcher 16 noeuds: c'est une arme formidable aux mains des rvolutionnaires russes. Peint par A. Normann Phot. Braun, Clment et Cie. Sur les ctes de Norvge. EN NORVGE Fragments d'un journal de voyage, par BRIEUX Nous voici embarqus... Nous voici embarqus sur l'Ile-de-France, bateau touriste qui va emmener au cap Nord cent soixante Franais. Nous n'avons nous occuper de rien. Nous n'avons pas besoin d'initiative. On nous assurera nos repas, soit bord, soit terre, le gte dans la cabine, ou dans les htels, et l'on nous conduira devant les beauts admirer. C'est une manire de voyager. Ce n'est peut-tre pas la meilleure, mais c'en est une qui a ses avantages lorsqu'on veut faire beaucoup de chemin en peu de temps... et qu'on aime la socit. Le premier jour, on s'installe et l'on s'observe mutuellement. Nous avons bord tout un petit monde: savants, mdecins, prtres, gnraux, un amiral, des commerants, des industriels, des notaires et des avocats; des agriculteurs, gens du monde et un acteur. C'est un bateau d'chantillons, dit quelqu'un. A premire vue, il semble que tous ces passagers soient des heureux de ce monde. Pourtant il y a bien des solitaires. Comment ceux-l se sont-ils dcids ce long voyage au milieu d'inconnus? Peut-tre veulent-ils fuir des proches, et se fuir eux-mmes?... Beaucoup de mnages, cependant... Pendant qu'on embarque, nous pouvons chercher deviner comment ils se sont dcids; nous pouvons nous amuser voquer l'arrive du prospectus Une croisire en Norvge dans un foyer paisible, le soir, au moment o monsieur et madame, confortablement installs, prennent leur caf, en pensant au prochain dpart pour la mer ou la campagne. On a ouvert d'une main distraite l'enveloppe qui contenait le papier fatal, on l'a dpli avec indiffrence... Un des deux poux s'est intress aux descriptions enthousiastes... Puis, le lendemain, djeuner: Madame.--Enfin, qu'est-ce qu'on risque?... Tu verses vingt francs d'arrhes. Cela ne nous engage rien. Si, dans huit jours, aprs avoir pris des renseignements, nous ne nous dcidons pas, nous perdrons un louis et voil tout... Monsieur.--C'est vrai... Madame.--Alors, tu vas aller nous inscrire? Monsieur.--J'irai un de ces jours. Madame.--Il faudrait y aller aujourd'hui. Monsieur.--Il est trop tard. Madame.--Mais non. Monsieur.--Je suis pris, cet aprs-midi... Madame.--Ne te drange pas, je puis trs bien y passer moi-mme. Le soir, en rentrant, monsieur trouve la grande table du salon couverte par un plan immense sur lequel madame est penche: Monsieur.--Qu'est-ce que c'est que a? Madame, sans lever la tte.--C'est le plan du bateau. Monsieur.--Quel bateau? Madame.--De notre bateau... Voil notre cabine... C'est la meilleure. Je l'ai vue. Pas notre cabine, bien entendu... Une petite rduction, grande comme a... C'est gentil. On dirait une maison de poupe. Monsieur.--Ibsen, dj! Madame.--Et j'ai achet tous les rcits de voyage que j'ai pu trouver. Le lendemain soir: Madame, qui a lu depuis la veille.--Je commence tre documente. Monsieur, de mme.--Moi aussi. Madame.--J'ai fait la tourne de nos amis les plus intimes. Nous sommes les premiers de notre petit clan qui allons en Norvge. Monsieur.--C'est quelque chose. Madame.--Tout le monde nous envie, c'est un voyage admirable. Monsieur.--Peuh! Madame.--Tu n'as qu' lire... Monsieur.--Si tu t'en rapportes aux livres!... Trois jours aprs, monsieur a mis bas les armes parce qu'un soir madame a rpondu ses objections par des larmes et par cette phrase: --Maintenant que j'ai dit partout que nous allions en Norvge, si nous n'y allons pas, de quoi aurons-nous l'air? On fait les emplettes ncessaires: impermables, couvertures de voyage supplmentaires, vrascope Richard, etc.. et, un matin, on part... ... Depuis quelques jours madame a comme un remords. Elle songe que c'est, en somme, un long voyage; qu'il faut s'loigner de mille lieues de ceux qu'on aime, de ses parents, de ses amis, de son chteau tranquille, de Paris o l'on est si bien; elle pense qu'en somme un naufrage est toujours possible. Son imagination bat la campagne, il lui semble qu'elle a des pressentiments de malheur et elle se reproche son insistance; elle se dit qu'on aurait t si bien chez soi, avec toutes ses aises et ses habitudes, et elle pense qu'on est un peu fou d'aller troquer tout cela contre la cabine troite d'un bateau. Elle a envie de pleurer. Monsieur a des penses analogues. Il se rappelle le soir o, dans leur paix, est arriv ce prospectus, fatalement, sournoisement, avec l'impassibilit froce d'une lettre anonyme... entre deux rclames d'un marchand de vin et celle d'un tailleur pour dames... La tristesse grave des dparts les treint et c'est d'une voix dolente que l'employ de la gare du Nord a entendu, un matin, une phrase dfinitive: Deux premires pour Dunkerque. En route, chacun se rpte cette phrase du livre de mon aimable confrre Emile Berr: J'admire Cook de plus en plus. Cet homme a su organiser jusqu' la mlancolie des mes; il a prvu et il a trac l'itinraire triste qu'il est esthtique d'avoir suivi. Ils se demandent encore ce qu'ils vont faire l-bas, eux qui n'ont pas l'me mlancolique et qui ne sont pas des esthtes... Si l'on allait apprendre, Dunkerque, que le bateau l'Ile-de-France a eu une avarie et que la croisire n'aura pas lieu, qu'on serait content!... sans trop le laisser voir!... Dans le train, changement d'humeur. Une fois cass le petit fil qui vous retient aux choses, une fois accepte l'ide du dpart, une fois le voyage invitable, la bonne humeur rapparat. On regarde le billet dlivr par la Compagnie de navigation, et c'est avec des rires qu'on lit ces articles: La Socit n'est pas responsable des pertes ou dommages pouvant provenir d'avaries au navire ou aux machines, abordages, incendies, chouements, ruptures d'apparaux, cordages, chelles ou autres parties de la coque, des accessoires ou du grment, ni des cas de fortune de mer; elle ne rpond pas de la baraterie, des fautes ou ngligences du capitaine, du pilote, des mcaniciens, des hommes de l'quipage ou de toutes autres personnes. Elle dcline toutes responsabilits quant aux accidents pouvant survenir aux passagers, soit bord, soit dans les embarcations, ou embarquation du dbarquant, soit en quelque lieu que ce soit au cours du voyage... Dans le cas o le paquebot viendrait se perdre... Voici qui n'est pas rassurant. Mais qu'importe!... On est parti. Le march aux poissons. A BORD Mercredi, deux heures.--On voit le soleil briller travers les hublots. Navrant, dit quelqu'un.--Comment? navrant?--Certes, nous ne connatrons pas la Norvge. Regardez cette mer, elle est bleue; ce ciel, il est bleu. Nous allons rapporter en France des ides fausses. Les ctes apparaissent, bien semblables aux ntres: ici, c'est la Mditerrane; puis nous entrons dans un golfe interminable au fond duquel se trouve Bergen: c'est le lac des Quatre-Cantons. On a ouvert une malle norme contenant des cartes postales. Tout le monde se les arrache et passe son temps crire des adresses. Hlas! j'en achte aussi. Avant le dpart, combien de fois n'avons-nous pas entendu la phrase: --Vous nous adresserez des cartes postales? Ce n'est pas pour moi; mais, vous savez, ma fille en fait collection. Premire impression: que les places sont grandes Bergen! On dit la messe tous les matins, dans le salon. L'aprs-midi, une dame qui, certes, chante fort bien, fait entendre dans le mme salon des cris d'amour trs profane. Les prtres, qui ont revtu l'habit civil, fument des cigarettes au milieu d'une cour de dames ges. BERGEN Il y a eu une joie, ce soir, bord. La petite humanit que nous constituons a cru trouver, dans l'un des siens, un jouet, une tte de Turc, un naf, dont on allait s'amuser pendant tout le voyage. Nous venions d'arriver en vue de Bergen. Au fait, je vais manquer mon devoir si je ne dcris pas Bergen. Ne manquons pas notre devoir. Comme je n'aime pas plus faire des descriptions que vous n'aimez les lire, vous pouvez ne pas avoir peur. Je serai bref. Voici: A travers les fines rayures d'une pluie qui parat tre ici l'tat normal, tant elle tombe avec rgularit, on voit, au fond d'un golfe, un amas de maisons en tas, serres les unes contre les autres et coiffes de toits rouges avec de grosses enseignes en lettres blanches, des enseignes o les voyelles sont rares... (Les consonnes ne doivent pas coter cher en Norvge, dit quelqu'un.) Au-dessus de la ville, un clocher pointu, noir et rouge; au-dessus du clocher, la montagne verte; au-dessus de la montagne, des nuages gris. Et tout cela baign de pluie, mais baign de pluie de faon constante, persistante; non pas violente, mais habituelle, ncessaire, invitable, perptuelle, dfinitive... Quand il ne pleut pas ici, les gens se demandent si ce drangement de l'atmosphre ne prsage pas un cataclysme. A BERGEN.-Les rservoirs poissons vivants. Malgr cela, un grand nombre de passagers se prparent descendre terre. Ils forment un groupe compact devant la coupe. Tout coup un grand clat de rire. On ne sait d'o vient de surgir un petit homme vtu du suroit des marins du Nord, et d'un suroit dont la couleur jaune-serin clate au milieu des impermables gris. On ne voit que lui. Il resplendit. Et l'esprit franais ruisselle: Bravo! bravo!--Les Bergenois vont vous prendre pour un phoque.--Un loup-phoque.--Mais, monsieur, vous avez un parapluie, il gte votre joli costume...--Il dtonne...--Donnez votre parapluie, par grce!--Pour l'amour du beau!--Pour nous faire plaisir!--Eh! quoi, vous avez gard votre casquette de voyage?--Vous n'avez donc pas le casque? le casque en cuir, le casque en toile huile? --Mais si, rpond le hros, qui fait bonne contenance sous l'averse des quolibets, il est dans ma cabine. --Allez le chercher.--Allez chercher le capuchon. --Ca-pu-chon!... ca-pu-chon!... Un prtre se montre plus excit que les autres dans cette rclamation du capuchon. Le phoque lui rpond: --L'abb, mettez le vtre. Par ce temps-l, vous devriez marquer la pluie... vous n'tes qu'un baromtre drang. L'abb se tait, car les rires s'garent sur sa tte sacre. Et la caravane s'coule lentement par l'escalier de la coupe. Une heure aprs, ceux qui la composent reviennent, tremps, naturellement. Ils ont pris, au dbarcadre, un tramway, sont alls jusqu'au bout de sa course et ne l'ont pas quitt. Il est dix heures et demie du soir et il fait encore clair. Quand je dis qu'il fait encore clair, c'est une manire de parler. Ce n'est pas le jo ......Buy Now (To Read More)

Product details

Ebook Number: 35446
Author: Various
Release Date: Mar 1, 2011
Format: eBook
Language: French

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