L'Illustration, No. 0016, 17 Juin 1843

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L'Illustration, No. 0016, 17 Juin 1843 N 16. Vol.. I.--SAMEDI 17 JUIN 1843. Bureaux, rue de Seine,...
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L'Illustration, No. 0016, 17 Juin 1843

N 16. Vol.. I.--SAMEDI 17 JUIN 1843. Bureaux, rue de Seine, 33. Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N, 75 c.--La collection mensuelle, 2 fr. 75 c. Ab. pour les Dp.--3 mois, 9 fr.--6 mois 17 fr. Un an, 32 fr.. pour l'tranger. -- 10 -- 20 -- 40 SOMMAIRE. Acadmie de l'Industrie. Exposition de juin 1843. Vue de la salle d'Exposition l'Orangerie.--Courrier de Paris.--Mouvement religieux. Le schisme d'cosse; le docteur Pusey. Assemble gnrale des Ministres d'cosse; portraits du docteur Chalmers et du docteur Pusey.--Iles Hawaii (Sandwich). Vue de l'le d'Honoloulou; Portraits de Timoteo Haalilio et de Williams Richards.--La Cour du Grand-Duc, nouvelle par Eugne Guinot, (suite et fin), avec une gravure.--Thtres: Le Cirque Olympique; l'Assassin de Boyvin; Lucrce Poitiers; le Mtier et la Quenouille; la Perle de Morlaix; les Deux Malipieri. Vue extrieure du Cirque; l'quilibre des bouteilles et l'quilibre des chaises, par Auriol; les Clowns anglais; Vue intrieure du Cirque.--Promenade sur les Fortifications de Paris.--Huit figures. Plan gnral des fortifications.--Revue algrienne. Portrait de Changarnier; Vue de Collo; Prise de la Smalah; Mort de Mustapha; Cocher d'Abd-el-Kader.--Le recrutement en France.--Modes. Une gravure. --Bouvard. --Portrait. --Amusement des Sciences--Rbus. Acadmie de l'Industrie. EXPOSITION DE JUIN 1843. Voici une sorte de prface de la grande Exposition o, l'anne prochaine, l'industrie dploiera tout son luxe. Les objets de tout genre rassembls par les membres de l'Acadmie de l'Industrie sont d'un trs bon augure; l'impression produite par l'ensemble est favorable; l'application des arts l'industrie est videmment en progrs. Dans les oeuvres d'ameublement, la bizarrerie des formes et la pesanteur des ornements tendent faire place un systme d'un meilleur got Ce retour vers un luxe plus gracieux est surtout remarquable dans les meubles lgants exposs par M. Hoefer et dans les marqueteries de M. Vedder. Des lits en fer, d'un joli dessin, laissent beaucoup dsirer sous le rapport des dorures et des peintures qui les dcorent. Le confortable en tout genre domine dans l'Exposition; on y voit des cuisines fort bien organises, des loyers, devant l'un desquels tourne une dinde de carton, divers calorifres d'un dessin bien appropri. Toutefois, il nous semble que le jury aurait pu admettre avec un peu moins de profusion certains objets fort utiles sans doute, mais peu agrables la vue et la pense. Par exemple, pour ne point parler d'autres choses, les cirages incomparables et les articles de coiffure nous semblent occuper dans l'orangerie un peu plus d'espace qu'il ne devrait leur en revenir, eu gard leur importance relative; nous en dirons autant des fausses dents. Dans l'intrt mme de l'industrie, ne heurtons pas la dlicatesse et la pudeur publiques: mnageons-les au contraire soigneusement. Contentons nous d'indiquer, s'il est absolument ncessaire, par un seul modle, cach dans l'ombre et l'cart, ce que dans nos demeures mmes nous souffririons d'avoir constamment sous nos yeux. Les partisans exclusifs de l'utilit auraient tort de se rcrier contre cette recommandation; les objets vraiment ncessaires sont prcisment ceux qui perdent le moins cette rserve; leur vente est beaucoup plus assure que celle des objets de got; d'ailleurs une exposition annuelle dans le palais des Tuileries, ne doit point ressembler au ple-mle d'un bazar. Nous ne saurions passer sous silence les annonces et prospectus que chaque exposant fait distribuer aux visiteurs; c'est la partie littraire de l'Exposition. L'une de ces annonces nous a paru trop digne d'chapper l'oubli pour ne pas mriter une place dans nos colonnes; en voici un extrait textuel; nous ne nous permettons d'y rien changer, le public y perdrait trop. M. L..., coiffeur-posticheur (nous ne savons pas si le mot posticheur est dans le Dictionnaire de l'Acadmie; nous le maintenons comme digne de figurer au prochain article Nologisme), inventeur des demi-perruques imitant parfaitement le naturel, garantit aux dames quelles peuvent, avec ces demi-perruques, rester nu-tte, comme avec leurs cheveux naturels, sans qu'il soit possible de s'apercevoir du postiche. --Elles peuvent aussi se procurer dans l'tablissement de nouveaux Cache-Folies, au moyen desquels elles pourront se rajeunir de beaucoup d'annes, invention qui a obtenu un grand succs. Ceux de nos lecteurs qui nous accuseraient de charger la vrit dans une intention comique, peuvent se donner la satisfaction de lire le texte tout entier chez M. L..., rue Saint-Martin, etc.; ils doivent nous savoir d'autant plus de gr de cette indication, que M. L... a un salon musical pour la coiffure et la coupe des cheveux; on a chez lui de la musique par-dessus le march. Quelques objets d'art qui arrtent particulirement l'attention publique n'auraient pas t dplacs la dernire Exposition du Louvre; telles sont en particulier les diverses inventions plastiques si fort la mode aujourd'hui. Le fond de ces inventions est toujours ce que le public connat sous le nom de pltre anglais; c'est du pltre plus ou moins modifi par la glatine ou par quelqu'autre composition. Exposition de l'Acadmie de l'Industrie, l'Orangerie des Tuileries. Nous nous sommes arrt avec plaisir devant les moulures diverses de M. Solin, qui est moins un industriel qu'un artiste. Si l'on n'avait prvenu d'avance qu'on a sous les yeux de simples imitations, on croirait voir, non pas des moulures, mais les sculptures les plus dlicates en marbre, en bois, en ivoire, en pierre noircie de vtust; il est impossible de ne pas se mprendre; les statuettes pleines de vie et de vrit reprsentant les artistes clbres, tirs de la galerie de Munich, sont du marbre vritables du marbre antique, avec les teintes que les sicles ajoutent au blanc du marbre de Carrare ou de Paros; un beau Christ sur lequel la vue se porte tout d'abord est de l'ivoire; ces petites figurines de rois, si riches d'admirables dtails, semblent sorties des mains des habiles et patients artistes auxquels Dieppe doit sa clbrit. A quoi tient la perfection de ces imitations diverses? D'o vient que ces cames ont toute la dlicatesse, tout le fini des pierres antiques graves avec le plus de talent? C'est l l'invention de M. Sohn. Frapp de l'imperfection de toutes ces moulures pteuses qui ne laissent presque rien subsister du fini des dtails. M. Sohn a pens que rien n'galait la puret du simple moulage en pltre liquide, et qu'il fallait s'en tenir l. Puis il a cherch et trouv diverses compositions, galement liquides qui tant appliques l'objet moul sans lui faire subir aucun choc, aucun contact qui le dforme, lui conservent toute la fracheur de ses contours les plus dlis. M. Sohn, dj sur la voie du succs, doit la parcourir d'un pas rapide. Parmi les innovations utiles, nous avons remarqu la guide-longe de M. Maldant; c'est une application trs ingnieuse la longe des chevaux attachs au rtelier, du systme invent jadis pour les jouets d'enfants connus sous le nom d'migrs. Une attache solide, revenant sur elle-mme, suivant les mouvements du cheval, lui permet toute espce de mouvements et d'attitudes, sans qu'il lui soit possible de s'emptrer. Des systmes de pompes simples et ingnieux, et des instruments de physique d'une grande perfection, sont tout ce que l'exposition de l'Orangerie offre de digne d'attention en fait de mcanique applique. Nous avons pris un instant pour du marbre, du chne et de l'acajou, des papiers peints qui, bien que placs un peu leur dsavantage et vus sous un faux jour, font la plus complte illusion. En somme, cette Exposition justifie l'empressement du public, et il y a lieu d'esprer qu'elle prendra d'anne en anne plus d'accroissement. Courrier de Paris Les faiseurs de statistiques calculent, avec une science scrupuleuse, par francs et par centimes, la consommation de cet ogre insatiable qui s'appelle Paris: combien il dvore de moutons et de boeufs dans son festin annuel, combien il engloutit de beurre et de fromage, de fruits et de lgumes, de poisson et de gibier, dans ses immenses entrailles; on sait, une goutte prs ce qui se vide de bouteilles et de tonnes cette table monstrueuse de huit neuf cent mille couverts, o les uns mangent les gros morceaux et les autres n'ont que les miettes; mais de qu'on n'a point calcul, ce qu'on ne saura jamais, c'est le nombre des paroles inutiles qu'on y dbite et des mots vides qui s'y consomment. Si l'un voulait compter tout ce que Paris absorbe et digre de cette denre-l, les conversations des rentiers et des vieilles filles, les discours de certains honorables, les oraisons d'Acadmies, les plaidoiries d'avocats, les discussions de joueurs de dominos, les consultations de mdecins et les harangues de portire, on se perdrait dans le labyrinthe de cette effrayante addition. Pythagore, Euclide, Laplace et Legendre eux-mmes n'y suffiraient pas. Dieu nous garde donc de nous jeter dans cet Ocan de paroles sans fond! on s'y noierait.--Je fais plus: je choisis une seule phrase de ce dictionnaire banal, et je dfie le plus habile teneur de livres de dire combien de fois Paris la prononce, non pas dans une anne, non pas dans un mois, non pas dans une semaine, mais dans un jour; cette phrase, la voici; Comment vous portez-vous? Comment vous portez-vous? est le mot qui court la ville sans relche, et la possde du haut en bas; elle s'en empare au point du jour, pour ne se dsister de cette domination que pendant quelques heures de la nuit, quand tout fait silence et que toute paupire est close. Allez de la barrire de l'toile la Bastille, de la rue d'Enfer Montmartre, droite, gauche, par ici, par l, et prtez l'oreille: qu'entendez-vous de tous cots? le mot, le grand mot en question: Comment vous portez-vous? Ces jeunes gens qui se rencontrent, ces vieillards qui s'accostent, ces voisins qui se heurtent sur la porte ou sur l'escalier, ces coups de chapeau de passant passant, ces signes de la main jets au piton du seuil des maisons, du fond des omnibus ou des calches, du haut des balcons et des fentres, tout cela dit; Comment vous portez-vous? Comment vous portez-vous? a videmment la vogue par-dessus tous les autres points d'interrogation; nulle partie du discours ne peut lui disputer l'honneur du pas. Vous en demandez la raison? Eh! mon Dieu! la raison n'est pas difficile deviner. Dans un monde comme Paris, o l'on se donne si souvent l'accolade sans se connatre, o l'on s'aborde chaque instant sans savoir pourquoi, il est ncessaire d'avoir une formule toujours prte, qui vous serve de contenance et vous tire d'embarras dans ces rencontres sans cause et sans attraction.--Comment vous portez-vous? fait merveilleusement l'affaire. C'est l'exorde et la proraison des gens qui n'ont rien se dire, et voil ce qui fait sa grande popularit; il y a Paris des milliers d'hommes charmants et de femmes adorables qui se sourient de loin, s'approchent avec ardeur l'un de l'autre, l'une de l'autre, se pressent affectueusement la main, depuis vingt ans, et n'ont jamais chang entre eux d'autres penses que celle-ci; Comment vous portez-vous?--Pas mal, et vous? Puis on tourne les talons, et tout est dit. Votre sant est au fond la chose dont ces officieux questionneurs se soucient le moins; ils vous en demandent des nouvelles tous les coins de rues, chaque pas, chaque minute, dix fois par jour plutt qu'une. Mais qu'on vous enterre demain, ils n'y prendront pas garde, votre cercueil passt-il en grande pompe devant leur porte; moins peut-tre qu'ils n'aillent au-devant du mort et ne lui disent; Comment vous portez-vous? Il fait chaud! il fait froid! il pleut! avez-vous pass une' bonne nuit? Comment va l'apptit? quelle heure est-il? quoi de nouveau? mes respects monsieur votre pre; mes compliments madame, ce sont la aussi des phrases en l'air fort en crdit et d'une grande ressource; elles viennent immdiatement aprs l'autre, mais sans l'galer et sans lui faire une dangereuse concurrence. Comment vous portez-vous? conserve et conservera toujours sa supriorit; il n'engage rien, en effet, n'oblige aucun effort d'esprit et garde une complte neutralit.--Il pleut! il fait chaud! il fait froid! c'est une opinion, et toute opinion a sa fatigue. Beaucoup de gens reculent devant ce danger, et craignent d'afficher leurs sentiments politiques jusqu'au point d'affirmer qu'il gle, que le soleil est brlant ou qu'il tombe de la pluie.--Mes respects monsieur votre pre; mes compliments madame; embrassez Ernest et Caroline pour moi; Ceci est encore plus hardi; c'est un pied mis dans la famille, un intrt, une motion. Or, le vrai Parisien, le Parisien qui entend la science de la vie, tient mnager sa sensibilit, et, de peur de se troubler des affaires d'autrui, pratique cette doctrine, que la vie domestique doit rester mure.--Comment vous portez-vous? lui convient et n'altre pas l'quilibre de ses humeurs. Je connais une autre race de questionneurs qui germe un peu partout, mais que Paris produit avec surabondance; je veux parler de ceux qui vous accosteront dix fois dans une semaine, en vous demandant toujours avec le mme sang-froid: Eh bien! qu'est-ce que vous faites?--Vous tes un brave citoyen, fort honntement tabli, jouissant de la parfaite estime du maire de votre arrondissement; vous avez enseigne ou pignon sur rue; hier, votre nom se faisait voir, en pleine lumire, au bas d'un feuilleton en crdit, dans une revue populaire ou dans un journal clbre: l'affiche des thtres l'tale tous les yeux, la suite de la comdie ou du drame la mode; la Gazette des Tribunaux le proclame chaque matin, comme un des soleils du barreau; en un mot, le monde vous tient pour un crivain spirituel, pour un pote distingu, pour un avocat loquent, pour un illustre artiste, qu'importe? vos gens ne vous poursuivent pas moins de la question: Qu'est-ce que vous faites? Il semble toujours qu'ils vous prennent pour un chapp de Bictre en tat de vagabondage. C'est encore l une manire de parler sans rien dire; et, rgle peu prs infaillible, l'espce qui vous demande ainsi compte de ce que vous faites et de ce que vous tes, est prcisment celle qui n'est rien et qui ne fait rien, --Les uns vous le demandent comme ils vous demanderaient une prise de tabac, par dsoeuvrement; les autres pour cause d'aveuglement et de surdit; ce sont des paralytiques qui ne voient rien, n'entendent rien de ce qui se passe autour d'eux; ils ne savent pas s'il fait jour en plein midi, et le canon d'Austerlitz tonne leurs oreilles sans qu'ils s'en aperoivent. A propos de dsoeuvrement et de vagabondage, voici un trait original dont j'ai t tmoin l'autre jour: Il tait peu prs midi; M. B***un de nos plus riches banquiers, traversait la place Louis XV d'un pas rapide; au moment o nous tions en face l'un de l'autre, un grand gaillard de vingt-cinq trente ans, la dmarche assure, aux larges paules, vint se placer entre nous deux, et nous tendant de la main droite un vieux feutre gris dlabr: La charit, s'il vous plat, mes bons messieurs! dit-il. Quoique M. B*** n'ait pas la rputation d'tre un saint Vincent de Paul, il portait la main la poche de son gilet pour y chercher l'aumne, quand tout coup avisant le mendiant, et surpris sans doute de son allure jeune et solide: Comment, malheureux! lui cria-t-il, mendier ton ge, avec cette sant et ces bras robustes! c'est une honte! Est-ce que tu ne ferais pas mieux de travailler, drle?--Vraiment oui, monsieur, vous avez raison, rpliqua l'effront compre d'un ton dolent; mais, que voulez-vous, je suis si paresseux! M. B*** qui dj avait laiss retomber sa pice de monnaie dans sa bourse, ne put rsister cet aveu naf, ce trait de haute comdie, et jeta la pture au pauvre diable. J'imitai son exemple, non sans sourire..... Notre homme s'loigna du pas lent et tranquille d'un rentier, et nous l'apermes bientt s'tendant tout de son long sur les dalles qui recouvrent les abords de l'oblisque de Luxor, pour y profiter d'un rayon de soleil. A coup sur, dis-je M. B*** en le saluant, nous n'obtiendrons pas le prix propos par l'Acadmie pour le meilleur mmoire sur la destruction de la mendicit.--Il faut bien que tout le monde vive, me rpondit M. B***, parole que je trouvai trs-belle dans la bouche d'un millionnaire. Le conseil de guerre est appel dnouer prochainement une curieuse aventure de Mnechmes. Voici le sujet de cet imbroglio plutt voisin du drame que de la comdie, attendu la gravit du dnouement qui psera sur l'un ou sur l'autre des deux hros: Il y a un an peu prs qu'un soldat dserteur d'un rgiment en garnison Lyon fut condamn cinq ans de boulet; le condamn tait contumace. Quelques mois se passrent sans que la justice pt retrouver sa trace. Enfin, un beau jour la gendarmerie amena dans la prison militaire un homme qu'on venait d'arrter sur la grande route et de reconnatre authentiquement pour Didier le condamn et le dserteur; Didier lui-mme avouait l'identit.--En mme temps, par une concurrence inoue, on saisissait sur un autre point du royaume un autre homme, galement errant sur les grands chemins, qui dclarait tre le dserteur Didier, dclaration certifie vritable par des soldats et des officiers de son rgiment. Les deux Didier allaient subir leur peine chacun de son cot, quand le bruit de ce singulier conflit vint aux oreilles des juges, qui firent surseoir la double excution: la justice a un Didier de trop, voil l'embarras! Lequel est le faux Didier, lequel est le vritable? Devine si tu peux, et choisis si tu l'oses. Le merveilleux de l'affaire, c'est que l'un dit; C'est moi! et que l'autre dit la mme chose. On comprend le Mnechme de Rgnard; il s'agit pour lui d'une jolie femme et d'une dot; mais se faire Mnechme pour aller aux galres! mais se disputer une ressemblance dont le prix est un boulet! Ce duel passe toute imagination. Sous verrous comment l'pe du conseil de guerre tranchera ce noeud gordien.--Hier, en prsence de mademoiselle Est..., jolie actrice d'un de nos thtres de vaudeville, et trs clbre pour la varit et l'originalit de ses affections, quelqu'un parlait de cette singulire passion des deux Didier pour les galres. Que voulez-vous, dit mademoiselle Est..., tous les gots sont dans la nature! Les rois s'en vont, a dit un philosophe de notre temps; on pourrait en dire autant des comdiens. L'art dramatique s'croule de toutes parts: quelques talents survivent encore, mais ils vieillissent tous les jours, et les jeunes n'arrivent pas pour les remplacer. Pour peu que cette dcadence continue, nous aurons des acteurs, mais plus de comdiens. Comment ranimer cet art charmant qui a jet un si vif clat et donn Paris tant de nobles plaisirs? Un homme d'un esprit dlicat et d'un talent exquis, M. Auber, successeur de Chrubini la direction du Conservatoire, a t frapp de ces symptmes de dprissement. M. Auber doit au thtre ses brillants succs et sa juste renomme; il est naturel qu'il s'inquite de le sauver. C'est en quelque sorte un acte de pit filiale de la part de M. Auber. Comme directeur du Conservatoire, le charmant auteur de la Muette et du Domino Noir a le pouvoir de bien faire, et c'est de ce pouvoir qu'il commence user. M. Auber vient d'obtenir du ministre de l'Intrieur l'autorisation de faire donner publiquement des reprsentations mensuelles par les jeunes lves des coles de chant et de dclamation. Un de ces exercices a eu lieu tout rcemment; un public d'lite, un public amoureux de l'art y assistait, et parmi les plus illustres, mademoiselle Mars et M. Casimir Delavigne. Un Nron, une soubrette, un valet, se sont fait particulirement applaudir. L'Opra et l'Opra-Comique donnent aussi des esprances. Esprons donc! En attendant les rsultats, l'utilit de ces reprsentations ne saurait tre contest; les lves y trouveront une mulation qui chauffera leur zle et dj une rcompense; ils se familiariseront de bonne heure avec le public et retireront de cette frquentation une exprience et un tact que ne donnent pas la simple thorie et la solitude des coles. Accordons cette tentative de M. Auber la louange qu'elle mrite; l'art a grand besoin, en effet, qu'on vienne son aide. Camrani le vieil acteur de la Comdie-Italienne, disait dans une de ces boutades qui lui taient familires: Le thtre, il ira mal tant qu'il y aura des auteurs et des comdiens. Certes, Camrani trouverait aujourd'hui que le thtre va trop bien. La souscription pour la Guadeloupe s'lve 3 millions on peu s'en faut. Ce chiffre atteste la vive piti que la France a ressentie pour une grande infortune; mais, tout en reconnaissant cet lan de la sympathie publique, il faut avouer que l'offrande est loin encore de rpondre la puissance et la richesse du pays qui donne et l'immensit du dsastre sous lequel gmit le pays qui reoit. Courage donc! ouvrez vos cassettes et vos bourses. 3 millions! ce n'est qu'une goutte d'eau sur cet effroyable incendie! Les risibles incidents se mlent souvent aux faits les plus srieux et aux plus respectables dvouements. Voici un trait plaisant qui contraste avec la tristesse de ce douloureux pisode du malheur de la Guadeloupe, et introduit l'lment grotesque dans ce drame fatal--Un dentiste de Paris, M Lmari, a fait annoncer qu'il verserait la caisse de souscription le produit de sa semaine de dentiste: jusqu'ici il n'y a rien lire, et nous aimons croire que M. Lmari a voulu faire sincrement une bonne action et non un prospectus.--Quelques jours aprs, un agent du comit de souscription gnrale se prsenta chez M. S. de R... un des plus riches propritaires de la Chausse-d'Antin et client de M. Lmari, pour exciter son zle et son humanit. Vous saurez que M. S. de R... ressemble, en fait de philanthropie, ces chevaux qui ne marchent qu'autant qu'on les fouette. Eh bien! dit notre homme M. S. de R..., est-ce que vous ne donnerez rien pour cette pauvre Guadeloupe?--Monsieur, rpondit M. S. de R.... du ton piqu d'un aptre mconnu; monsieur, je n'ai pas eu besoin d'attendre vos ordres pour cela: hier matin, je me suis fait arracher une dent! La police vient de mettre la main, la barrire du Maine, sur un nid de contrebandiers. Ces honntes industriels avaient pratiqu, sous le mur d'enceinte, un conduit par lequel ils introduisaient dans la ville, la barbe de l'octroi, de l'huile et du vinaigre, de quoi accommoder au rabais toutes les salades du quartier. Nos gens, pris en flagrant dlit, iront s'expliquer avec M. le procureur du roi sur cette grave irrvrence commise envers sa trs-rigide majest l'impt indirect. Soit! on a raison de saisir les conduits souterrains et les denres de contrebande; mais comment arrive-t-il que tant d'autres industriels inondent effrontment Paris, en plein jour, de produits malfaisants et frauduleux, par les tuyaux les plus impurs de la littrature et de la politique? En faisant des fouilles dans l'glise de Saint-Denis, un ouvrier a dcouvert sous le matre-autel un coffre qui renfermait un coeur embaum. Aussitt on a convoqu le ban et l'arrire-ban des archologues; le premier Jour, ces illustres ont dclar que c'tait le coeur de saint Louis; le lendemain, ils ont dclar le contraire. La belle chose que la science! Aprs tout, il y a un coeur, et c'est toujours l une bonne trouvaille. Il est dsirer qu'on fasse de temps en temps une pareille dcouverte: aujourd'hui, en toutes choses, c'est en effet le coeur qui nous manque. Les marchands et revendeurs de littrature continuent pulluler et multiplier leur trafic. M. Alexandre Dumas est le chef et l'entrepreneur gnral de cette mise en boutique du style et de l'esprit; son bazar s'augmente tous les jours, et, dfaut de la qualit, se fait remarquer par la quantit de la marchandise. M. Alexandre Dumas ralise, dit-on, dans ce mtier, d'normes bnfices. Il est triste de voir des hommes dous de facults incontestables s'oublier ce point de transformer leur esprit en denre qu'ils colportent sur l'ventaire de march en march, au plus offrant et dernier enchrisseur, M. Alexandre Humas met particulirement dans ce commerce littraire un courage vritablement affligeant: le croiriez-vous? les rclames et les affiches annoncent effrontment, depuis un mois, un livre portant ce titre: Filles, Lorettes et Courtisanes, par M. Alexandre Dumas.--Il y a quinze jours. M. Alexandre Dumas reut la visite d'un honnte provincial qui lui tait adress par un de ses amis, Mademoiselle, dit poliment le Champenois la femme de chambre qui entrouvrait la porte, je dsirerais parler M. Alexandre Dumas.--Monsieur n'est pas visible, rpliqua vivement Marton; il s'occupe de ses filles. Depuis ce jour, le provincial soutient qui veut l'entendre, que M. Alexandre Dumas est le modle des pres. Mais heureusement la pudeur de l'esprit et la posie ne meurent jamais tout entires; il y a toujours, mme dans les temps les plus corrompus, des coeurs chastes, des mes d'lite, qui leur donnent refuge et leur servent de sanctuaire. A cot du livre de M. Dumas, voici un noble et lgant crit qui console de ces impurets et de ces effronteries; l'art seul l'a inspir, l'art pur, dsintress, l'art qui trouve sa rcompense en lui-mme et dans les sympathies qu'il inspire. Ce livre, remarquable par le fonde et par la forme, est un livre de posies o le talent de l'auteur touche, en vers excellents, aux plus hautes et aux plus aimables rgions de l'esprit et de la philosophie; il a pour titre: Etrusque, et pour pote, M. Philippe Busoni. Je suis heureux de pouvoir donner le premier, ces charmantes posies, ce salut d'amiti cordiale; mais l'Illustration rclame sa part et y reviendra. Locke, Fnelon, Jean-Jacques et tant d'autres minents esprits se sont occups de l'ducation de l'espce humaine. Cependant il y a plus d'une lacune dans leurs livres; en voici la preuve:--Comment va votre fils? demandait dernirement M. Baucher un des illustres cuyers du Cirque-Olympique. --Eh! pas mal; j'en suis assez content.--Qu'en faites-vous maintenant?--Je continue l'lever moi-mme; je suis en train, depuis huit jours, de lui casser les reins pour achever son ducation! Locke, Jean-Jacques, Fnelon ont compltement oubli ce dtail: voil comme les plus grands hommes ne songent jamais tout! Mouvements religieux.--Le schismed'cosse.--Le docteur Pusey. On a dit: Une socit d'athes est impossible, et, jusqu' ce jour, les faits n'ont point dmenti cette proposition. Il faudrait tout au moins pour la rfuter une exprience de plusieurs sicles, En France, depuis la mort de Louis XIV, le sentiment religieux semble bien avoir peu prs dsert les gouvernants, politiques et autres. Mais cette chane d'indiffrentisme, dj d'une assez belle longueur, est loin d'avoir t sans alliage et elle n'a gure li que les sommits. Les deux esprits d'ailleurs sont rests en prsence, et il n'y a eu entre eux que des trve bien rares. Nous voulons parler de polmiques dignes, srieuses, sincres, que nous avons tous prsentes la mmoire; car, de nos jours, par exemple, il ne faudrait pas s'y tromper, la querelle entre l'Universit et quelques membres du clerg n'est certainement point un pisode du vritable combat; ce n'est qu'une fausse alerte, o il semble que dans la confusion on ait chang d'armes et de bannires. La grande cause religieuse, si elle pouvait tre compromise, le serait par les singuliers dfenseurs qui s'imposent elle et jettent le cri d'alarme: mieux valaient quelques sages ennemis du dernier sicle. Telle page sublime de Rousseau a plus retenu ou gagn de fidles au spiritualisme que toute l'loquence de la chaire depuis Bossuet; tandis qu'aucune des immoralits de la plus mauvaise cole philosophique n'a autant prcipit de victimes dans les abjections du matrialisme, que ne tendent le faire certaines rgles de conscience enseignes aujourd'hui au nom de la thologie. En effet, celui qui commence par nier l'me n'est pas beaucoup craindre: on sait qui l'on a affaire, et si l'on met, par faiblesse, quelques passions sa merci, on se garde bien de lui abandonner la direction entire de la conscience; celui, au contraire, qui, aprs avoir admis l'me en principe, se comptait y infiltrer goutte goutte, les plus sales poisons, est le prtre du vice le plus mprisable et le plus dangereux. Un fait nous parat vident: c'est que de tous les peuples, le ntre est peut-tre celui qui, grce d'minentes et d'imprissables qualits morales, la justice, la gnrosit, l'esprit de dvouement, peut le plus longtemps poursuivre ses destines, d'une marche ingale mais soutenue, sans tre incessamment guid par une foi complte et unitaire. Voyez les autres peuples; combien ne sont-ils pas plus frquemment et plus profondment agits par les controverses? On les croirait tout instant prts recommencer les guerres de religion. Les dbats du dogme s'y mlent partout la politique. Le despotisme russe tend sa papaut avec une rigueur qui de temps autre fait frmir les fers de ses esclaves. La Prusse se remet peine de ses dissentiments avec Rome. La question des couvents d'Argovie a divis les cantons suisses pour longtemps et d'une manire alarmante. En Belgique, le parti catholique et le parti libral sont en prsence et se disputent en ce moment mme les lections. En Irlande, le plus vigoureux lment de l'agitation est assurment le catholicisme; et l, il est juste de le reconnatre, le rle du catholicisme est aussi grand qu'il l'ait jamais t: il dfend la libert et le peuple, il lutte pour l'infortun contre l'oppression; aussi a-t-il toutes les sympathies de cette France une l'on calomnie avec une animosit si aveugle, et que l'on veut si ridiculement effrayer en brandissant contre elle des foudres de sacristie. En cosse, un schisme vient de se dclarer, et il a pour chef l'un des prdicateurs les plus loquents du sicle, le docteur Chalmers. En Angleterre mme, il y a des semences de discorde: un thologien d'une science consomme, le docteur Pusey, semble y vouloir fonder une hrsie. Les vnements d'cosse et d'Angleterre sont les plus rcent et les moins connus; ce sont par consquent ceux dont nous devons particulirement entretenir nos lecteurs. L'GLISE D'COSSE; SA SPARATION DE L'TAT. On se rappelle la part active de l'glise d'cosse dans les troubles qui ont amen la premire chute de la famille des Stuarts en 1640. Organise rpublicainement sous l'influence des doctrines de Calvin, elle s'tablit indpendante de l'autorit sculire, et se maintient sur en opposition avec la couronne durant toute la restauration. A l'avnement de Guillaume d'Orange sur le trne d'Angleterre, l'cosse en reconnaissant la souverainet du prince d'Orange, stipula expressment l'existence de son glise comme glise nationale et depuis cette poque tous les souverains de la Grande-Bretagne, en montant sur le trne prtent le serment de maintenir l'glise presbytrienne dans tous ses droits, privilges et immunits. En vertu de cette stipulation formelle, l'glise tait indpendante du pouvoir temporel, et la nomination des pasteurs appartenait aux congrgations. Cependant, peu peu, le pouvoir temporel gagna du terrain, et une loi de la reine Anne rendit l'tat et aux propritaires le droit de prsenter les ministres aux charges vacantes. L'glise subit cette raction; elle conservait nanmoins de nombreuses garanties. Le ministre prsent par l'tat ou par un propritaires tait soumis un examen et une enqute touchant son instruction et ses moeurs, et n'tait admis qu'aprs cette preuve. Jusqu' ces dernires annes ce patronage fut exerc assez paisiblement. Mais l'glise presbytrienne n'avait point renonc l'espoir de ress ......Buy Now (To Read More)

Product details

Ebook Number: 37248
Author: Various
Release Date: Aug 29, 2011
Format: eBook
Language: French

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