Le salon de Madame Truphot: moeurs littéraires

Le salon de Madame Truphot: moeurs littéraires

Page 313, 15e ligne, aprs transitoire, lire cette phrase saute: Le sage des sicles venir pensera de notre Esthtique ce que le juste du temps de Galba pensait de la gladiature, de la beaut admise, et ainsi de suite travers les ges. Mdric Boutorgne sortait du caf Napolitain o il aimait frquenter. De cinq sept, ctait le confluent de toutes les salles de rdaction et lendroit de la plante o lon se giflait le plus. Mme un grant inspir avait eu, un moment, lide dy installer un appareil ambulatoire destin distribuer les calottes. Ainsi toute fatigue superflue aurait t vite MM. les gens de lettres, journalistes, marchands dhexamtres et prosifres de tout ordre, dj extnus par le colossal labeur qui consiste enfanter, chaque jour, la pense de tout un peuple, tre quelque chose comme lencphale dune race rpute pour le brio de son gnie. Mdric Boutorgne hantait le lieu avec acharnement. Malgr lhostilit des courants dair qui avaient fini par tuer le patron du lieu, lui-mme, et llvation 75 centimes du prix des absinthes, il persistait, chaque fin daprs-midi, passer avec des mines respectueuses et attendries,[4] la carafe frappe, le Temps du soir ou le pyrophore aux matres incontests, aux maharajahs du Lieu commun qui rgnaient dans les gazettes. Et il aimait ce point la littrature, qu deux ou trois reprises, il navait point hsit se prcipiter pour payer le fiacre quand laugure fbrilement attendu navait point de monnaie, ce qui arrivait souvent. Grce cela, il tait lhomme qui, avec les arbres du boulevard, les sites clbres et lhmicycle de la Chambre, avait entendu, sans broncher, le plus de sottises. Auditeur bnvole, la bouche en omga, il sirotait tous les cancans quon voulait bien lui notifier, se montrait ravi dune telle condescendance et sexclamait toujours point, en des superlatifs aussi nouveaux quavantageux, lorsquil devenait ncessaire dexpertiser lesprit de la vedette, du chroniqueur ou du tartinier occup jaculer des bons mots. Malgr cela, il ne perait point. Il savait, par exemple, que la belle Fridah, des Bouffes, tait alle faire une scne, en plein domicile conjugal, au mari de cette pauvre Madame Desroziers, un critique influent, parce que cette dernire qui concubinait encore avec elle, il ny avait pas un mois, lavait salement plaque, pour retourner lamour masculin. Il nignorait pas non plus que Flamussin, de lEscobar, stait mis en mnage avec un dmnageur de pianos, et quil avait tent la semaine prcdente de se suicider: car lhomme de chez Pleyel, aprs deux semaines seulement de parfaite flicit, tait dcd subitement Cochin, dune appendicite. Il tait inform aussi que ce gros homme sale, givr de pellicules, dge indfinissable, assis en face de lui, qui sivrognait ponctuellement, fabriquait tous les livres de Pornos qui tirait quatre-vingt mille. Cet auteur avait mme trait[5] avec le patron, moyennant une somme fixe lanne pour que son tcheron se ribott sans inquitude: car il ne travaillait jamais mieux que dans le plein dune bonne soulographie. ......Buy Now (To Read More)

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Ebook Number: 51876
Author: Kolney, Fernand
Release Date: Apr 27, 2016
Format: eBook
Language: French